UN MOMENT UNIQUE À NE PAS MANQUER
LORS DU CONGRÈS DE LA NLS À GAND (17-18 MAI 2014)
ÉRIC LAURENT
RENCONTRE
TOM LANOYE
lien pour l'inscription au congrès de la nls à Gand
Tom Lanoye (1958) est l’écrivain le plus renommé, le
plus fameux et le plus hétérogène de Flandre (la partie néerlandophone de la Belgique).
Il vit en alternance entre la Belgique (Anvers) et l’Afrique du Sud (au Cap).
Il est poète, chroniqueur, auteur
dramatique, romancier, interprète, polémiste. Il maîtrise tous les aspects
du métier d’auteur avec une virtuosité inouïe et s’avère être depuis des
décennies une voix très écoutée en Flandre, aux Pays-Bas et ailleurs dans le
monde. Cela lui a valu de nombreux prix littéraires, tel ce prestigieux prix Constantijn
Huygens qui couronna l’ensemble de son œuvre en 2013.
La Flandre découvre cet auteur tous azimuts en 1983 lorsqu’il publie son
premier roman Slagerszoon
met een brilletje (Un
fils de boucher binoclard),
suivi de Alles moet weg (Tout doit
partir) et Kartonnen dozen (Les boîtes en carton*). D’une façon inimitable Het
goddelijke monster, Zwarte
tranen et Boze tongen (Le monstre divin, Larmes
noires et Méchantes langues)
décortiquent le déclin de la Belgique des affairistes et des puissants qui ne
respectent rien au sein d’une Europe en voie de changement. Cette trilogie a
été filmée pour la télévision flamande officielle. Het derde huwelijk (Troisièmes noces) s’en prend durement à la Flandre multiculturelle et Forteresse Europe* à la politique de migration,
tandis que Gelukkige slaven (Les
esclaves heureux)
s’attaque, entre autres, à la récente crise bancaire. Dans Sprakeloos (La langue de
ma mère*), cette œuvre magistrale et
éminemment personnelle, Tom Lanoye décrit la mort de sa mère qui, frappée d’un
AVC, souffre d’aphasie, horreur indicible pour un écrivain. Entretemps paraît Heldere hemel (Tombé du ciel*), tiré à 833 000 exemplaires et
distribué comme cadeau par les libraires lors de la Semaine du livre aux
Pays-Bas. Il est le quatrième Flamand à qui échoit cet honneur.
Il s’inscrit dans l’histoire comme auteur dramatique avec Ten Oorlog
(En guerre), une pièce épique de onze heures inspirée des drames royaux
de Shakespeare. Suivent alors d’autres
pièces telles que ‘Risjaar Modderfokker den Derden’, Mamma Medea, Méfisto
for ever*, Atropa, la vengeance de la paix*, De Russen (Les Russes) … qui
donnent sa propre interprétation de Shakespeare,
Mann, Euripide, Tchékhov et autres. Entretemps Tom Lanoye est devenu un
hôte fort apprécié et aimé au festival
d’Avignon. Sa pièce sur Jeanne D’arc et Gilles De Rais, Sang
et roses, a été
représentée en 2011 dans la Cour d’honneur ! En mars 2014 eut lieu la première de son Hamlet vs Hamlet, en une collaboration des deux plus grandes
maisons de théâtre de la Belgique et des Pays-Bas.
Tom Lanoye n‘aime rien tant qu’être lui-même sur scène. Avec La langue de ma mère sur scène
il a été en tournée aux Pays-Bas, en Flandre, à Bruxelles, en Wallonie et même
à Paris. Un an ou deux auparavant il se démenait dans une représentation dont
le titre est très évocateur : Sauvage. Comme premier poète de la
ville d’Anvers il donna ainsi le ton. Sa forte présence se manifesta jusqu’à la
Boerentoren (Tour des paysans) qu’il drapa d’un poème d’amour dédié à la
cathédrale.
En 1996, Tom Lanoye et son compagnon René Los signent comme premier couple homosexuel un contrat de vie commune en Belgique,
dont la presse fit écho avec un vif intérêt. Il signifia ainsi à la Belgique,
et à la Flandre en particulier, qu’il était grand temps de permettre le mariage
aux personnes du même sexe. Une preuve de plus de ses engagements
anticipateurs. Ses chroniques, pamphlets et présence dans des programmes TV
témoignent de son combat passionnel et éloquent contre tout ce que le monde
compte de préjugés. Pour le mariage gay
ou une loi en faveur de l’avortement, contre le nationalisme militant, contre
le racisme… Une seule fois, en 2000, il s’est trouvé comme indépendant en
queue de liste sur l’affiche électorale d’Agalev (devenu le Parti écolo) pour
contrer le Vlaams Blok (Parti d’extrême droite, nationaliste flamand) et
transformer ainsi ses convictions en action.
Quelques textes en traduction anglaise et française: http://www.lanoye.be/tom/translations
Un extrait de la représentation de La langue de ma mère: http://vimeo.com/69072986
(*) : publié en Français
Texte par Bart Duron
Traduction par Monique de Buck