Autisme et Psychanalyse : l’enjeu des Journées de l’ECF

 
Autisme et Psychanalyse : l’enjeu des Journées de l’ECF
par Dominique Holvoet
 

Images intégrées 1

 

Les prochaines Journées de l’Ecole de la Cause freudienne mettent en tension Autisme et Psychanalyse. Leur directrice, Agnès Aflalo les a préparées de façon à ce que la dimension politique qui ressort de cette tension soit partout présente dans l’orientation des débats. 

Que l’autisme soit utilisé comme cheval de Troie pour attaquer la psychanalyse est devenu une triste évidence, moins pour la psychanalyse qui depuis un siècle se renforce des attaques à son égard, que pour l’autisme et celui qui en souffre. L’autisme désigne un état natif du parlêtre dont certains petits d’hommes ne trouvent pas l’issue. Que l’on cherche à empêcher les avancées psychanalytiques de faire accueil à la singularité autistique participe de ce mouvement du monde qui veut ignorer la nature du parlêtre.  Nous savons, spécialement à partir du dernier enseignement de Lacan,  combien cette nature tient à l’impact du langage sur le corps qui engendre notre humanité autant que notre intranquillité.

L’époque elle-même, celle de l’Autre qui n’existe pas, voit apparaître une normalisation de l’autisme comme style de vie revendiqué. Cet autisme-là prend toute sorte de forme que nous aurons à étudier et à repérer dans notre clinique et  qui témoigne de l’état  et des modes de traitement du malaise dans la civilisation.

Que l’on parle seul n’est pas la vérité de l’autiste mais l’autisme généralisé du parlêtre. Une psychanalyse est une opération qui permet d’approcher ce point du « je dis toujours la même chose ». Et en effet chacun tend son discours au joint le plus intime du sentiment de sa vie et le déploie dans une géométrie fractale où à l’instar d’un hologramme, on  y rencontre  le tout en chacune des parties[1].  En ce point fractal nous rejoignons l’autiste qui peut nous apprendre quelque chose des conséquences pour le parlêtre de la percussion du signifiant sur le corps, de ce radical de l’existence autour de quoi ça tourne et ça jouit.

Cet effort que l’autiste déploie pour tenir le langage à distance, pour ne se régler que sur l’immuabilité des choses, pour échapper au traumatisme radical de l’équivoque se retrouve dans le mouvement de l’époque où chacun s’enferme dans l’isolat de son plus de jouir.  La conséquence en est la déferlante des règlements autoritaires, de l’hygiénisme délirant, de l’évaluation implémentée en auto-contrôle, de la rectification machinée des comportements inadéquats : autant de tentative de l’époque pour cadenasser les jouissances éparses.

C’est cet enjeu politique autant qu’éthique que ces journées vont déployer.  Les membres de la NLS – Nouvelle Ecole Lacanienne, viendront de toute l’Europe et au-delà pour soutenir ce débat.

 

 

Dominique Holvoet

Président de la New Lacanian School

Back to list