Compte-rendu du séminaire ICLO-NLS avec Laure Naveau






Compte
rendu de la conversation clinique de l’ICLO-NLS avec
Laure Naveau


Rapport
de
Rik
Loose
(ICLO-NLS)


La
troisième conversation clinique de la série 2012-2013
intitulée
« Les noms du réel au 21
e
siècle » a eu lieu le 1
er
décembre 2012 à l’Hôpital St-Vincent à Dublin. Le matin,
Laure
Naveau (ECF, AMP, AE 2004-2007) a fait une allocution à
partir du
thème « L’angoisse, signe du réel ».


Tout
d’abord, la conférencière a attiré notre attention sur
cette
expression de J.-A. Miller : « un grand désordre dans le
réel ». Laure souhaitait d’emblée mettre en lumière les
mots à l’origine de ce désordre, générant le contexte de
l’angoisse. Soulignant la dimension politique du désordre
qui
intéresse la psychanalyse, elle a voulu nous rappeler les
changements opérés au cœur du réel par la domination des
discours
de la science et du capitalisme. Ceux-ci ont effectivement
détruit
la structure traditionnelle de l’expérience humaine. Face
à un
« réel sans loi », Laure nous invite ainsi à mieux
cibler la figure de ce Maître moderne pour lequel le
désordre
constitue une légitimation, un moyen de soumission des
masses. La
psychanalyse s’inscrit dans une toute autre voie.

La
psychanalyse accompagne aujourd’hui le sujet dans
l’expérience
radicalement singulière du « 
chaqueUn
tout seul », dans laquelle s’enracine le symptôme. Dans cet
esprit, il se révèle crucial de déranger les défenses qui
s’opposent au réel. Nous trouvons ici la connexion avec
l’angoisse. Comme nous l’expliquait Laure, celle-ci pointe
quelque chose du réel. Ainsi la tâche essentielle en analyse
demeure de faire face à cet état, de ne pas l’éviter ou
vouloir
l’effacer. De cette manière, l’éveil produit permet au sujet
de
vaincre la barrière de l’angoisse. Le dépassement qui
s’opère
se symptômatise en ce que Lacan appelle une « angoisse
productive ». D’ailleurs, celle-ci peut se traduire par un
meilleur investissement de l’analyse en tant que force
matérielle
et politique.


Vers
la
fin de son séminaire, Laure est revenue à cette souffrance
anxieuse sous l’angle de la différence entre ce que vivent
les
hommes et les femmes. Elle a soutenu qu’en un sens, la femme
aux
yeux de Lacan, se trouve à la fois davantage libre et en
adéquation
avec le réel parce qu’elle « ne manque de rien ». Quant à
l’homme, il a toujours quelque chose à perdre, à savoir
l’objet phallique alors qu’une tension anxieuse risque
constamment
d’être “mise hors-jeu” dans le rapport sexuel. Laure
précise qu’il peut prendre un certain temps dans une analyse
pour
consentir à ce lâché-prise de l’objet, de manière à ce qu’un
nouveau mode de désir plus libérateur soit atteint.


Le
séminaire a pris fin sur la question de la différence
entre l’objet
du désir et l’objet cause du désir ;
et
c’est bien quand on peut consentir à la chute de ce
dernier objet
que le désir peut devenir plus productif. Si nous devons
être à
l’affût d’un dépassement, il importe aussi de se
représenter
notre angoisse comme un signe du réel. Elle peut devenir
notre
boussole, nous orienter dans la clinique analytique. Cette
boussole
se révèle d’ailleurs peut-être plus pertinente que jamais
dans
un univers clinique contemporain qui tend souvent à des
solutions
ayant pour effet d’éteindre le sujet.


En
après-midi, nous avons entendu les présentations cliniques
extrêmement intéressantes de
Lorna
Kernan

et
Florencia
Shanahan
.
Celles-ci se rejoignaient en ce sens que l’angoisse jouait
un rôle
majeur dans les deux cas. Il y avait aussi de cruciales
différences,
et cela a fait naître une conversation entre Laure, les
deux
présentatrices et l’audience, sur des questions de
diagnostic, de
psychose ordinaire, d’éléments et de structure de la
mélancolie
en lien avec l’acte psychanalytique.


Cette
journée s’est donc distinguée comme particulièrement
importante
pour les membres et participants de l’ICLO. En plus de
l’ICLO-NLS,
nous aimerions remercier Laure Naveau pour son généreux
partage.


Traduit
par Alexis Lapointe





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