Congrès de la NLS – ORIENTATION 2

ORIENTATION – 2

 
 

 

 
 
 

Dans le cas Schreber, nous voyons au départ une période de trouble (…). Elle présente tout un ensemble symptomatique qui, à la vérité, pour être en général passé à l’as, ou plus exactement pour nous avoir glissé entre les doigts, n’a pu être élucidé analytiquement (…) Nous pouvons y trouver, à très peu de choses près, toute l’apparence des significations et des mécanismes dont nous suivons le jeu dans la névrose. Rien ne ressemble autant à une symptomatologie névrotique qu’une symptomatologie prépsychotique. (…)

p. 216

Katan rapporte un cas (…) Il s’agit d’un jeune homme à l’époque de la puberté, dont l’auteur analyse fort bien toute la période prépsychotique, en nous donnant la notion que chez ce sujet, rien n’est là de l’ordre de l’accession à quelque chose qui peut le réaliser dans le type viril. Tout a manqué. Et s’il essaie de conquérir la typification de l’attitude virile, c’est par l’intermédiaire d’une imitation, d’un accrochage, à la suite d’un de ses camarades. Comme lui et à sa suite, il se livre aux premières manœuvres sexuelles de la puberté, la masturbation nommément, il y renonce ensuite sur l’injonction dudit camarade, et il se met à s’identifier à lui pour toute une série d’exercices qui sont appelés de conquête sur soi-même. Il se comporte comme s’il était en proie à un père sévère, ce qui est le cas de son camarade. Comme lui, il s’intéresse à une fille, laquelle, comme par hasard, est la même que celle à laquelle son camarade s’intéresse. Et quand il sera assez loin dans cette identification à son camarade, la jeune fille lui tombera toute préparée dans les bras.

(…) C’est un mécanisme de compensation imaginaire – vous vérifiez l’utilité de la distinction des trois registres. (…)

Quand la psychose éclate, le sujet va se comporter comme auparavant (…). Il n’émerge aucune signification qui soit foncièrement différente de la période prépsychotique. Tout son comportement par rapport à l’ami qui est l’élément pilote de sa tentative de structuration au moment de la puberté, se retrouve dans son délire. (…) Tous les contenus impliqués dans les significations névrotiques sont là. Mais le point essentiel, qu’on ne met pas en relief, c’est que le délire commence à partir du moment où l’initiative vient d’un Autre, avec un A majuscule, où l’initiative est fondée sur une activité subjective. L’Autre veut cela (…)

pp. 217-218

 

Rappelez-vous ce petit sujet qui évidemment nous paraissait, à nous, très lucide. Vu la façon dont il avait crû et prospéré dans l’existence, au milieu de l’anarchie, rien qu’un peu plus patente que chez les autres, de sa situation familiale, il s’était attaché à un ami, qui était devenu son point d’enracinement dans l’existence, et tout d’un coup il était arrivé quelque chose, il n’était pas capable d’expliquer quoi. Nous avons très bien saisi que cela tenait à l’apparition de la fille de son partenaire (…).

Nous ne sommes pas très exigeants sur la rigueur de nos articulations (…). Ce petit bonhomme (…) butait là devant quelque chose, et toute clé lui manquant, il était allé se mettre pendant trois mois sur son lit, pour s’y retrouver. Il était dans la perplexité.

Un minimum de sensibilité que notre métier nous donne, nous fait toucher du doigt quelque chose qui se retrouve toujours dans ce qui s’appelle pré-psychose, à savoir que le sujet est arrivé au bord du trou. C’est à prendre au pied de la lettre.

p. 228

 


Jacques- Lacan, Séminaire III, Les psychoses
 
Extrait par Yves Vanderveken
 
 
 

 
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