EFP – FORUM NEWS : Débat – J.-D. Matet, F. Ansermet, E. Berenguer, M. Fernández Blanco, A. Vicens (français, espagnol) – Clôture du débat/Closing the Debate

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L'EUROFÉDÉRATION DE PSYCHANALYSE

LES ÉVÉNEMENTS – THE EVENTS 

Forum Européen de Milan

Débat

Les affects au service de l’Europe

Jean-Daniel Matet

Les enjeux européens et les affects qu’ils suscitent ne sont que le symptôme du malaise qui déglingue les liens sociaux bien au-delà de l’Europe économique et géographique. Ils sont pris dans un monde où le capitalisme libéral n’a plus d’alternative comme ce fut le cas au long du XXème siècle avec les espoirs soulevés par la Révolution en Union soviétique et en Chine.

Les affects d’amour et de haine qui déchirèrent les pays d’Europe pendant des siècles accompagnaient les volonté hégémonique des uns et des autres : extension territoriale, guerre de religion, domination politique. La fin de chaque guerre a fait espérer à des hommes de bonne volonté le renoncement au conflit armé, à l’agression, aux rapports de force entre les pays d’Europe. La paix n’avait été assurée pendant longtemps que par la loi du plus fort qui imposait à l’autre une domination où le sort des populations n’entrait pas véritablement dans le calcul. N’oublions pas qu’avant la révolution française de 1789, les biens, outil de travail ou patrimoine appartenait, comme les personnes, aux membres de l’aristocratie. Les monarchies sont tombés jusqu’au début du XXème siècle et le modèle républicain s’est imposé avec des différences, et quand elles subsistent c’est sous sa version parlementaire comme en Grande Bretagne, en Espagne ou en Belgique ou dans les pays scandinaves. La stabilité des monarques ne met pas à l’abri des incertitudes politiques les pays concernés comme on le voit actuellement en Angleterre avec le bourbier du Brexit.

La crise qui affecte tout le système du suffrage direct n’est plus en mesure de traduire les nuances d’opinions qui traversent une société. Les partisans du Brexit sont parvenus à obtenir l’aval des électeurs à travers le referendum, mais le système britannique où l’ordre parlementaire était assuré par le régime des partis est complètement pris en défaut. Tony Blair a su faire revenir les travaillistes au pouvoir en 1997 en défendant son projet le plus technocratique. La défaite avait été cuisante pour Neil Kinnock, en 1992, donné gagnant sur John Major, le conservateur et successeur de Margaret Thatcher, réélu pour la 3ème fois. La pièce de théatre de David Hare « L’absence de guerre » écrite en 1993 par un auteur qui avait été associé à la campagne travailliste traduit remarquablement la crise que traverse les partis (voir la remarquable mise en scène de Aurélie Van Den Daele à l’Aquarium à Paris). En France, de Gaulle avait œuvré au profit du rassemblement contre les partis, et Macron y a trouvé le ressort de son élection. L’un comme l’autre n’ont pas trouvé, au-delà des machines électorales que sont ces mouvements, le système démocratique qui permette l’expression du plus grand nombre, malgré le pari sur le referendum.

S’exprimant dans » Le Monde » William Boyd, écrivain britannique anti-Brexit clame sa honte des manœuvres qui ont permis à des mots d’ordres hasardeux, mensongers, et non fondés en raison de trouver une majorité au référendum de 2016. Sa honte du personnel politique pro-Brexit incapable d’une négociation avec les instances européennes. Travailleurs pauvres (aile gauche du parti travailliste) et conservateurs extrêmement riches sont « au diapason », écrit-il, les qualifiant de « Englanders » – petits anglais- qui « s’accordent — vaguement, émotionnellement— sur une image fantastique de l’Angleterre et de sa place dans le monde ». Ce qu’on appelle « populisme » dans de nombreux pays d’Europe ne pourrait-il y trouver ainsi une définition : une vision fantasmé de sa nation et du rôle qu’elle peut jouer dans un environnement mondial peu contrôlé. L’émotion contagieuse des laissés pour compte du système trouve son point d’appui dans des courants politiques irresponsables en tant qu’ils proposent des solutions qui méprisent l’histoire même de leur pays, dans ses relations internationales, dans les liens sociaux patiemment construits depuis la dernière guerre mondiale. S’agit-il seulement d’une catharsis pour maintenir la paix, comme l’avancent certains commentateurs, dans nos pays où la guerre avait autrefois cette fonction ? Ce point de vue fait peu cas des questions réelles qui affleurent comme le mouvement des « gilets jaunes » en France le montre. L’Europe, comme ambition politique et économique, mérite mieux que le déchainement de nos affects. Elle exige que nous ne méconnaissions pas le réel qui l’a constitué et que l’on reconnaisse celui qui nous gouverne.

Les sciences et les techniques ont accompagné l’explosion économique des pays d’Europe au XXème siècle au prix du pire, le nazisme, quand la folie d’un homme entraine celle d’un peuple. Au XXI ème siècle la révolution numérique, l’extension généralisée de la possibilité d’échanger et de communiquer (internet, téléphonie mobile, etc.), le calcul n’épargnant aucune action humaine, ni aucun individu, modifient les liens sociaux, bouleversent la question de la représentativité et jouent un rôle déterminant dans les mouvements de protestation ou de révolte. Cela n’efface pas la misère et la paupérisation, n’efface pas ce que les conflits extérieurs à l’Europe ont provoqué comme mouvement de réfugiés et de migration humaine, renforçant les affects de colère et les sentiments négatifs de certains.

Les instances européennes, et métonymiquement le projet européen, cristallisent ces affects négatifs, mais face au réel qui surgit sans prévenir, c’est plutôt l’affect d’angoisse qui domine chez les uns et les autres, et c’est sur ce point que la psychanalyse, de l’enseignement tiré par les analysants eux-mêmes sur le traitement de l’angoisse, peut contribuer de manière renouvelée au débat.

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Adresse: Aula Magna dell’Università Statale via Festa del Perdono 7, Milano

Date: Samedi 16 février 2019

Heure: de 9 h à 18 h 30

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Retour à Babel

François Ansermet 

Pourquoi ne pas aimer l’Europe ? Pourquoi ne pas s’y inclure ? Pourquoi vouloir en sortir ? Pourquoi vouloir redevenir un étranger ? Quelle peur entre en jeu ? Je partirai d’un spectacle récemment créé en Suisse, « Les Italiens », imaginé et mis en scène par Massimo Furlan au Théâtre de Vidy à Lausanne, lequel est parti d’un groupe de retraités italiens qui, de façon inattendue, ont élu le foyer du théâtre comme le lieu où se retrouver tous les jours, pour se parler, évoquer leurs souvenirs, jouer aux cartes napolitaines. Trois d’entre eux montent sur scène, pour évoquer leur histoire, pour jouer leur propre rôle, ou presque, chacun devenant le héros de soi-même. Ils sont rejoints par trois fils d’immigrés, nés en Suisse, ajoutant ainsi la frontière des générations à celle des origines. A eux s’ajoutent deux danseuses, aux rôles multiples : parmi ceux-ci, l’une devient Helvétia qui figure au dos de certaines pièces de monnaie en Suisse, et l’autre la chanteuse italienne Mina.

Ces immigrés venaient de partout en Italie, des Pouilles, de la Sicile, de la Sardaigne. Leurs origines étaient différentes, leurs langues aussi. Leurs coutumes, leurs cuisines, leurs histoires variaient. En Suisse, ils se découvrent italiens. Les voilà devenus tous les mêmes en cette terre étrangère. Leurs histoires singulières se sont résorbées dans leur statut d’immigré : les voilà tout à coup semblables, les voilà devenus « les Italiens ». On ignore leurs différences. Au point de ne plus pouvoir se faire entendre. Et cela d’autant plus, comme le rappelle sur la scène un des fils d’immigrant, s’il s’agit d’un Sicilien, qui se fait d’abord entendre ce qu’il ne dit pas.

Pour se faire entendre, pour exister, ne faut-il pas retrouver sa différence, sans être d’abord identifié comme un étranger, un « travailleur étranger » comme on le disait, rendu semblable par le regard que l’on porte sur lui. 

Outre le travail, on attendait encore d’eux qu’ils changent de langue, qu’ils s’intègrent. Les voilà donc aussi convoqués en une sorte de retour à la Tour de Babel d’avant la séparation des langues : les voilà enfermés dans la Tour construite d’ailleurs par eux, enfermés dans une seule langue. Leurs enfants parlent d’ailleurs mieux qu’eux la langue de la Tour, ce qui les y enferme d’autant plus. 

Mais quoi qu’il advienne, la langue reste vivante. D’ailleurs, même dans la Tour de Babel, la langue se modifiait. Selon Dante, Adam lui-même avait commencé à modifier la langue reçue de Dieu1. La langue avait changé avant que la Tour ne puisse être achevée : « La langue que je parlai s’éteignit toute avant qu’à l’œuvre inachevable fût occupée la race de Nemrod »2. L’œuvre inachevable, c’est la Tour de Babel, fermée sur elle-même dans la perspective impossible d’une langue à maintenir unique, pour défier la puissance de Dieu. L’œuvre inachevable, c’est aussi la langue, que chaque locuteur transforme par la parole, par l’appropriation subjective de la langue pour reprendre la conception de la bipartition entre langue et parole de Ferdinand de Saussure. Dante anticipe ainsi Saussure : « Œuvre de la nature est que l’homme parle, mais ainsi ou ainsi, nature vous le laisse faire ensuite vous-même comme il vous plaît »3

Les murs de la Tour ne sont-ils pas aussi des frontières : les frontières entre les pays, mais aussi frontières entre les langues, entre les origines, entre les histoires. A quoi servent les frontières si ce n’est à lutter contre la peur. D’où viennent les réactions populistes, nationalistes, si ce n’est la peur de l’autre, si bien mise en évidence dans le film de Jean-Stéphane Bron4 sur Blocher, le leader populiste d’extrême droite, qui a créé un parti anti-européen, devenu le plus important de Suisse, dans un projet qui en lui-même nie la diversité constitutive de la Suisse : un nationalisme qui nie la diversité caractéristique de la Suisse elle-même, ce qui n’est pas le moindre des paradoxes ! Ce que montre le film de Jean-Stéphane Bron, c’est ce parti populiste, basé sur la peur de l’autre, trouve ses racines dans les peurs d’enfant de son leader. La peur de l’autre n’est-elle pas d’abord une peur de soi. De même pour la haine de l’autre. L’insupportable touche à cette part de soi étrangère en soi, extime: une part de soi inconnue au cœur de soi5, constitutive de soi tout en restant étrangère à soi, à la base de la peur comme de la haine, mais pourquoi pas aussi de l’amour, condition d’un accès possible à l’autre.



1 Dante, Œuvres complètes, Bibliothèque de La Pléiade, Paris, 1965, note 124, p. 1602

2 Dante, La Divine comédie, Le paradis, XXVI, 124-126, Traduction Jacqueline Risset, GF-Flammarion, Paris, 1992

3 Ibid, vers 130-132

4 « L’expérience Blocher », film de Jean-Stéphane Bron, 2013

5 Lacan J., Le Séminaire, Livre VII, L'éthique de la psychanalyse, Paris, Seuil, 1986, p.167



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Europa y sus Unos (sin H)

Enric Berenguer

Las invasiones bárbaras son el estereotipo de la caída del Imperio Romano, extrapolado a una Europa invadida desde el Sur. Rafael pintó el encuentro ficticio entre Atila y el papa Leon, como si la autoridad de la Iglesia lo hubiera detenido a las puertas de Roma. Nunca fue más allá de Verona y aspiraba a aumentar su ascendencia sobre el debilitado Imperio. Que se conceda a la religión la fuerza que había perdido el Imperio, resuena ahora, cuando gana peso en la internacional que impone su discurso contra el proyecto Europeo. 

El Imperio murió él solo, de desafección y tensiones separatistas. Poderes locales se aliaron con funcionarios imperiales. Los bárbaros sustituyeron, dentro del imperio, su autoridad, traicionada por quienes aspiraban a modos de satisfacción nuevos y prestigios locales. Ellos mismos reinventarían el Imperio, ávidos de legitimidad y trascendencia. Tras siglos de reivindicar su “barbaridad”, frente a su Otro romano, abandonaron su rasgo distintivo del arrianismo y abrazaron la fe universal… ¡Y empezaron a llamar “bárbaros” a los violentos del origen que fuese!

Caricatura de la reviviscencia de los nacionalismos europeos, es J.-M. Le Pen, en 2002 se proponía como “campeón del pueblo de Francia, nacido con el bautismo de Clovis, en 496, que ha mantenido esta llama inextinguible […] alma de un pueblo durante pronto 1500 años” .

Frente a soberanías que apelan a distinciones étnicas de una Edad Media inventada, el continente siempre estuvo atravesado por migraciones y en mutación. Los inseparables Bárbaro/Romano nunca coincidieron con fronteras: estaban dentro o en posición de exterioridad calculada y éxtima. Esos significantes amo expresaban distinciones de clase (y/o de órdenes distintos en la tripartición indoeuropea analizada por Dumezil). 

La globalización perturba espacios discursivos y distribuciones de los Unos y sus Otros. Las unidades históricas “naturales” o “históricas” ocultan la complejidad de la sociedad y el “exit” desencadena fisiones internas. Hace poco, los términos de clase predominaban. Hoy las líneas de desagregación son imprevisibles e inestables. Restos de identidades nacionales, sectores sociales con una consistencia imprevista, divisiones de género, grupos creados a partir de significantes arrojados a la “redesfera”, cuyo poder de arrastre viene de la rabia movilizada. No se trata de la ex-Yugoslavia, eran tiempos en los que el Otro existía más. Pero las “soluciones exit” conducen a sociedades binariamente divididas, presagiando problemas si el proyecto culmina. 

¿Odio? En España hay desamor por un significante antes idealizado. Europa empezaba en los Pirineos. El acceso a la UE fue factor de cohesión y su debilidad aumenta tensiones centrífugas.

La impasividad de la Troika en 2008 fue decisiva. Se creía que la UE se salvaría del tsunami de Wall Street. El mito del superestado protector cayó. Algunos movimientos actuales se originaron entonces.

No hay retorno: el Uno ya no es lo que era. La historia es engañosa si pesa en el debate político. El goce perdido (doloroso si el plus de gozar está en cenit) se busca en un pasado convertido en futuro alucinado.

Los movimientos de rabia e indignación son manifestaciones del malestar en la cultura, ligados a la perturbación en el universal que son la globalización y la referencia niveladora a la ciencia. Frente a esto, la burocracia europea, con sus déficits democráticos, está perdida. Su insistencia en aliarse con las peores versiones de la “ciencia” al servicio de poderes oligárquicos es un síntoma grave.

¿Qué hace Europa para hacerse amar en la época de los Unos solos y del Otro que no existe?

Si sobrevive, será política, el mercado no cohesiona una sociedad – ficción ordoliberal alemana presente en el origen de la UE. Respétense todas las formas de malestar, sin seguir sus dictados. Ningún síntoma debe ser despreciado, aunque revista las formas menos agradables. Todas las protestas, incluso antieuropeas, deben ser leídas. Son manifestaciones de goces que se resisten a la asimilación en un falso universal.

Roma vivió de su capacidad para asimilar diferencias. Al universal caído del imperio se sustituyó el de la religión. Pero la burocracia y la “ciencia” son en realidad aliados de la máquina volatilizadora del capital. Su fuego frío no apaga incendios: los alimenta.

No hay solución en la historia para los problemas con los que se enfrenta –y al mismo tiempo suscita– el nuevo sujeto político de nuestra época. 

Europa, siempre desgarrada, es nuestro síntoma. Para saber hacer con ella, mejor amarla al menos un poco. Hagamos como los bárbaros y ¡dejémonos de barbaridades!


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Europa entre la burocracia y el totalitarismo

Manuel Fernández Blanco


Hace unos días pudimos leer, en este mismo espacio de debate hacia el Forum Europeo de Milán, el excelente texto de Joaquin Caretti Ríos1 en el que analizaba el ascenso de Vox. España vio desaparecer la representación política de la ultraderecha heredera del franquismo muy pronto y por varias décadas. Su único diputado en el Congreso, Blas Piñar, fue elegido en las elecciones generales de 1979, tras la aprobación de la Constitución, y perdió su escaño en las siguientes (1982). Ahora España ve renacer con fuerza, como en la mayoría de los países europeos, una fuerza política que se suma al nacionalismo identitario anti Unión Europea. El líder de Vox, Santiago Abascal, afirma que a España no le viene bien esta Unión Europea. Su partido, que en las anteriores elecciones andaluzas (2015) había obtenido 18.017 votos, ahora ha obtenido 395.978 y 12 diputados en el parlamento regional. Marine Le Pen, por supuesto, se apresuró a felicitar a los líderes de Vox. Iñigo Errejón, analizando ese resultado electoral, expresaba: “No hay 400.000 andaluces fascistas”. Es posible que Iñigo Errejón tenga razón, lo que nos obliga a un esfuerzo para entender el ascenso de la ultraderecha en Europa y en el mundo.

Cuando se le critica a Santiago Abascal su ideología de extrema derecha siempre responde que su partido político no es de extrema derecha, sino de extrema necesidad. Frente a la que denomina dictadura de la corrección política, presenta su discurso como el de las verdades que muchos piensan y no se atreven a decir. Es una verdad que se pretende toda y transmitida en un lenguaje reducido e insistente, en ocasiones chabacano. Este estilo chabacano, con el que se pretende igualar al “ciudadano de la calle”, no se dirige a despertar la verdad (siempre no-toda) sino a despertar el odio visceral (visceral porque toma el cuerpo), que habita en el sujeto y al que Freud denominó pulsión de muerte.

El odio antieuropeo de la ultraderecha se alimenta de malestares reales. La Europa del Tratado de Maastricht es también la Europa de la evaluación generalizada, la de la homogeneización, la de los protocolos y la de las normas burocráticas asfixiantes.

Aprovechando este malestar, los líderes de la ultraderecha se posicionan rechazando la homogeneización, y encarnando una supuesta excepción necesaria. Santiago Abascal, al oponer al calificativo de extrema derecha el de extrema necesidad, se coloca en el lugar de quien parece no estar afectado por la división subjetiva y tiene todas las respuestas. 

Jacques-Alain Miller, cuando analiza la dialéctica entre homogeneización y excepción, opone al normativismo que representaría Hans Kelsen el decisionismo representado por Carl Schmitt. Kelsen consideraba que es conveniente que el estado administre y no gobierne. Para Carl Schmitt, por el contrario, la excepción responde al agotamiento de las normas. Miller señala que el punto de vista de Carl Schmitt “[…] es que la excepción es mucho más interesante que la norma y que en este algo inconmensurable, según sus palabras, reside la llave del orden político. Sin duda extrajo de esto las peores consecuencias: cierta simpatía por un tipo de bigotes que se presentó como diferente -por supuesto lo era- y puso en la calle la república de Weimar […]”.2

No parece ofrecer muchas dudas que la Unión Europea se fundó en una orientación mas próxima a Kelsen. Miller, ya en el año 1991, lo expresaba así: “No sin cierto número de dificultades están fabricándonos una Europa con la administración en el puesto de mando. Y es que se cree que ya no hay motivos para gobernar […]”.3 Y advertía de que “se observará que si se cree poder absorber la soberanía en la administración, uno se expone a cierto número de riesgos. […] Una Europa administrativa prometería el retorno del amo, de uno de verdad”.4 Porque, “[…] cuanto más se apunte a la norma, más se pagará el precio del retorno del amo”.5

Miller señala “[…] la solidaridad entre la homogeneidad, la completa homogeneización, y el surgimiento de lo heterogéneo bajo la forma, si me permiten, de una excepción compacta. A este binario se opone, del lado que Lacan llamo lo femenino, la serie, la enumeración, lo múltiple, que no forma un todo […]”.6

Vemos como las “excepciones compactas”, en la peor de las versiones posibles, proliferan en los países de la Unión Europea. Por eso parece inevitable unir a la lucha contra la ultraderecha, la crítica a la Europa de las burocracias que aspiran a una regulación totalizadora y asfixiante. La homogeneización que promueve la Europa de las normas es el caldo de cultivo para la tentación totalitaria encarnada en esos líderes que, hipnóticamente, conducen al abismo. Frente a esto sería una esperanza que lo femenino pasara a ser un factor de la política.

1 Caretti Ríos, J.: “Vox, España y la deriva de Europa”, disponible en: http://v7kn.mjt.lu/nl/v7kn/l91x3.html?m=AMUAACubXRgAAcXgl0wAAABy10EAAAAAHDIAAChfAAb1kwBcTqip4Io0o2caTYmqg9dL7Al1dQAGplw&b=74cc14cb&e=f3fac381&x=xmx-poaygytLp0fCuEdCTzTtXb8STyiLnSqt4jmIdp0

2 Miller, J.-A.: De la naturaleza de los semblantes (lección del 11 de diciembre de 1991: “Homogeneización y excepción”). Buenos Aires, Paidós, 2001, p. 62.

3 Ibid., pp. 58-59.

4 Ibid., pp. 59-60.

5 Ibid., p. 62.

6 Ibid., p. 65.

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El mapa de Hao

Antoni Vicens

Bismarck decía que, tratándose de una noción geográfica, todo aquél que hablara de Europa estaba equivocado. En general la tomamos como una unión política, geográficamente cambiante, desde los seis Estados de los Tratados de París y Roma hasta los 28 actuales. Pero no hay unas fronteras naturales que acojan una única nación. ¿Es Europa siquiera un continente?

Tras la Gran Guerra, ahora hace cien años, Paul Valéry escribía: “Nosotras, las civilizaciones, sabemos ahora que somos mortales.” Se atribuye a Napoleón la idea de que la geografía es el destino. La cuestión es si la realidad geográfica es suficiente para determinar el destino de una civilización. En tiempos de Valéry, a diferencia de los actuales, la realidad geográfica de Europa era colonial; su configuración física como extremo occidental de Asia no definía lo suficiente su destino. Valéry describía Europa contrastando su ser — un pequeño cabo del continente asiático — y su apariencia, “la parte preciosa del universo terrestre, la perla de la esfera, el cerebro de un vasto cuerpo”. Estas hipérboles apuntaban irónicamente a un destino aciago que no tardaría en realizarse.

Ese era el espíritu europeo, “autor de prodigios” — y de horrores, hay que decirlo. El cabo Europa “mira naturalmente hacia el oeste”. A decir de Valéry, sus habitantes, o sus ciudadanos, parecían tributarios de tres tradiciones: Jerusalén, Grecia y Roma: moral subjetiva, constante referencia a la perfección del cuerpo y al espíritu humanos y política de Imperio. Todo ello sometido a una disciplina de la que surgiría la ciencia. Esa era Europa.

Jacques Derrida, comentando estas expresiones de Paul Valéry, añadía algo que al poeta se le escapaba: justamente el valor de esa punta continental extrema, ese finis terrae, como “punto de partida para el descubrimiento, la invención y la colonización”. Con lo que Derrida nos hace pasar del cabo a la capital. Europa habría fallado siempre a la hora del acontecimiento capital: su aparición frente a sí misma. El espejo se ha roto en el momento de asumirse a sí misma. O sea: Europa no tiene capital; Europa no es la capital del mundo. Capitalistas, las capitales lo han sido como metrópoli de sus colonias.

A eso respondía el mapa usual que, aún hoy, sigue el sistema de proyección del flamenco Mercator (el nombre no hace la cosa, pero casi). Aunque el mapa original tenía el centro en el océano Atlántico (en la longitud de Fuerteventura), las versiones posteriores lo trasladaron al meridiano de París, Madrid, Lisboa, etc., hasta fijarlo en Greenwich. En el centro del mapa está entonces Europa, y en su periferia las tierras colonizables. Desde su posición de amo, Occidente quiere contemplar las otras civilizaciones como integrables en un vasto proyecto universalizante (cf. Lévi-Strauss, Raza e historia). Nuestro “modo de goce” se impone, con el respeto debido al Otro, tratándolo de “subdesarrollado”. Sin reconocer lo precario de nuestro modo, que “sólo se sitúa por el plus-de-gozar”, disfrazábamos nuestras exacciones con una fingida y cortés humanitariería. (Cf. Lacan, Televisión. El término de “exacción” se aclara en Kant con Sade). Les agradecemos el chocolate y la sangre con besitos y museos.

Eso fue así durante siglos. Hasta que el cartógrafo chino Hao Xiaoguang ha pintado las cosas de otro modo. En 2004, Hao diseñó su mapamundi vertical (http://english.whigg.cas.cn/ns/es/201312/t20131211_114311.html). Al principio sirvió para planificar los viajes de la marina china, una fuerza militar en ascenso; en 2006 se convirtió en el mapa oficial del ejército; desde 2014 es público.

Como comenta Anne-Marie Brady, una politóloga australiana del Wilson Center, en su libro China as polar great power, “la carta vertical reajusta completamente el mapamundi para destacar la significación de los océanos y de las regiones polares, con lo que crea una nueva perspectiva geográfica.” El resultado es una gran isla formada por Europa, Asia y África, rodeada por vastos océanos. China ocupa un lugar central, los EEUU quedan a un lado, África es un gran patio y Europa se agazapa en una esquina. Con este mapa, “toma forma una nueva geopolítica que refleja el nivel sin precedentes de la interconectividad del comercio, de la comunicación y de las migraciones; los acuciantes intereses del futuro, que incluyen los suministros de alimento y la seguridad de las fuentes de energía; las consecuencias del cambio climático en la geopolítica; y, finalmente, el ascenso de un nuevo poder global. China aspira a estar en el corazón de este nuevo orden.”i

Para leer el mapa de Hao hay que acostumbrar la mirada a la pintura tradicional china, como por ejemplo las obras de Shi Tao, con su arte de los espacios vacíos. Más que en China, el centro está en el océano Índico. Los polos no soy ya una terra incognita. La Antártida, en el centro de la mitad inferior, queda reducida a unas dimensiones más “naturales” que en el mapa de Mercator. El polo norte es la vía marítima entre Asia y América del Norte. Australia, Asia y África aparecen como un inmenso continente; Europa queda allá arriba a la izquierda, finis terrae en otro sentido. La base del mapa es el mar, como la vía más económica de comunicación.

Ahí ya no hay más Oriente ni Occidente; los surcos trazados por la lluvia en la superficie siberiana que llamaron la atención de Lacan se convierten en las amplias avenidas de los oceános, donde las rutas se trazan líquidas como los ideogramas sobre el papel, donde se instalan los grandes cables de la interconexión planetaria, donde se desplazan las mercaderías condensadoras del plus-de-gozar y donde se anudan las nuevas relaciones de poder. Y donde silenciosamente desaparecen los cuerpos, de uno en uno.

i Cf. también Limes. Rivista italiana di geopolitica, 11/2018. Mapa 8 y pág. 34. Más que trazar un universo sinocéntrico, parece privilegiar las vías líquidas de la comunicación. 



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Clôture du débat

Chers collègues, 

Lundi 11 février, le débat sur les listes pour le Forum sera clos. Nous vous attendons tous le samedi 16. 

A bientôt,

Marco Focchi


Closing the debate

Dear colleagues, 

Monday 11 February the debate on the lists for the Forum closes. We are waiting for you all on Saturday 16. 

See you soon

Marco Focchi


Para información e inscripción

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Dirección: Aula Magna dell’Università Statale via Festa del Perdono 7, Milano

Fecha: Sábado 16 de febrero de 2019

Hora: de 9:00 a 18:30

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