Intercartel électronique : premier tour

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Despina Andropoulou, déléguée au Cartel, livre ici son compte rendu du premier tour de l’intercartel électronique. Une mise en forme excellente pour préparer le congrès ! A lire sans modération.

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Les cartels électroniques au travail

Compte rendu du premier tour

Vers le Congrès de la NLS à Athènes :  « Le sujet psychotique à l’époque Geek »

Par Despina ANDROPOULOU, déléguée aux cartels

Dix-sept cartels dont les membres proviennent des quatre coins du monde depuis la Russie et l’Australie jusqu’au Canada et le Portugal, de l’Irlande jusqu’à la Pologne et Israël, ont entrepris de travailler sur ce que l’on pourrait définir comme la psychose lacanienne au XXIe siècle. Le travail consiste en la présentation d’une vignette clinique par chacun des dix-sept cartels, vignette qui dans un second temps est discutée en petits groupes de deux cartels (un de trois) et élaborée par un extime.

Les cartels nous enseignent…

À l’orée de la publication du DSM-5, à savoir de la médicalisation de l’existence et des émotions, de la demande de réponses et de solutions simples, du recours immédiat au médicament, de l’extension de la clinique par le trouble, le syndrome et l’item, de la réduction du ratage entre signifiant et jouissance au gène moléculaire, du règne de l’un tout seul et du gadget en tant que « répondant parasexué »[1], les travaux présentés montrent que la clinique lacanienne du parlêtre détermine une expérience qui conduit chaque sujet à une éthique de la responsabilité de son mode singulier de jouissance. Il s’agit d’une clinique pragmatique qui se sert des modalités discursives du parlêtre pour démontrer la logique de la structure, à savoir « du réel qui se fait jour dans le langage »[2].

Ayant comme boussole la clinique orientée par le réel, nous essayerons de faire le bilan de ce premier tour des travaux des cartels électroniques, en nous référant aux axes suivants :

1) Les circonstances dans lesquelles le sujet s’adresse à un analyste, une fois ses solutions mises en échec.

2) Le statut du désordre vécu sur les trois registres : réel, symbolique et imaginaire.

3) Le maniement du transfert et son aboutissement sur les deux versants de la suppléance et du sinthome, dans certains cas la cure étant elle-même un mode de stabilisation.

1) Vacillements d’une réponse ordinaire

Si la psychose comme la névrose et la perversion sont des réponses ordinaires à la question du comment se constitue un être parlant à partir de la jouissance qui le cause, le sujet psychotique s’adresse au psychanalyste lorsque pour des raisons de contingence – qui sont à découvrir dans chaque cas –, les semblants vacillent, laissant le sujet perplexe face à l’énigme de l’existence et provoquent des phénomènes qui vont de la déstabilisation et des petits débranchements jusqu’au déclenchement de la psychose dite classique. Pourtant dans la majorité des cas, il a été possible de repérer dans l’anamnèse des sujets de discrètes déconnections de l’Autre voire des moments féconds de la psychose qui ont alors été traités de façon singulière par le sujet et qui méritent, certainement, d’être explorés au profit du traitement du réel lors de la cure.

Le sujet psychotique s’adresse à l’analyste quand le recours à un discours établi s’avère impossible.

Plus précisément, on peut constater que dans certains cas un événement marque un après et un avant, introduisant une certaine discontinuité dans la vie du sujet. Ainsi, des événements liés à la perte d’un autre, tenant lieu de moi idéal (a-a’), comme la mort d’un proche (mort du père dans le cas du cartel 2, mort du grand-père dans le cas du cartel 3, mort de la sœur dans le cas du cartel 8) ou la séparation avec son alter ego (cas du cartel 1) mettent en cause les identifications –qui jusque-là maintenaient le sujet – et leur fonction d’agrafe. La fragilité de ces identifications labiles dénote la carence de la fonction du trait unaire qui assure la stabilité de la structure grâce à la fixation de l’être sous un S1. Le sujet ne disposant pas d’un signifiant pour parer au non-sens, reste en plan devant le trou du réel et perplexe devant l’énigme de sa propre existence.

Dans la série des événements spécifiques qui amènent chez un analyste, on pourrait inclure le cas d’une patiente écrasée par les paroles de son compagnon (cas du cartel 4) car elles visent son être de comédienne. Dans ce cas, l’axe imaginaire stabilisant se brise, lorsque les paroles de l’autre obtiennent la certitude de la malveillance provoquant l’effondrement des semblants du sujet.

Dans un autre cas, c’est l’échec de la vie monastique comme suppléance à l’errance subjective qui date depuis l’enfance et le fait de vivre une vie conformiste où il est branché sur les autres (cas du cartel 13), qui amènera le sujet à l’analyste. La voix et le regard, deux bouts de réel non symbolisés, font effraction dans le symbolique et rendent le lien social choisi intolérable. 

La rencontre avec un Autre dont le sujet se croit être le complément indispensable est le moment du déclenchement d’un délire passionnel où le pousse-à-La-femme vient à la place du signifiant qui n’existe pas, alors que l’amour non dialectisable oriente le sujet jusqu’au bout du sacrifice (cas du cartel 12). La localisation de la jouissance dans l’Autre poussera un autre sujet à s’adresser à l’analyste pour acquérir un savoir-y-faire avec la certitude délirante que les abus commis au détriment des abeilles le visent personnellement (cas du cartel 17). Dans un autre cas, la jouissance qui se situe dans l’Autre en le rendant méchant (paranoïa) met le corps dans une complète dépendance par rapport à celui-ci, et le sujet réduit à l’être de son corps (dépersonnalisation)[3] devra s’adresser à un analyste pour éviter l’effondrement (cas du cartel 9). Le retour de la jouissance dans le corps réel quand le corps perd sa texture symbolique ainsi que la persécution par l’Autre conduisent à l’analyste un autre sujet craignant l’autonomisation de son corps au moment de la grossesse (cas du cartel 7). Les conséquences mortifiantes de « l’identification réelle au déchet » et de la vie désespérée qui fait vomir furent les raisons de la rencontre avec un analyste pour d’autres sujets qui se trouvent sans l’abri d’aucun discours établi (cas des cartels 14 et 15). Dans un pareil état d’indécision fondamentale de l’être se trouve également la jeune fille qui décide de choisir la parole au lieu de se jeter par la fenêtre quand l’angoisse provoquée par l’énigme du corps devient insupportable (cas du cartel 5). Dans le cas du petit Léo ce sont les effets de l’énigme que l’holophrase « mère » lui pose, en activant l’axe imaginaire sous forme d’agression, qui conduisent ses parents à solliciter l’aide d’un analyste (cas du cartel 11).

Enfin, l’aggravation de la lâcheté morale, du désordre qui arrive « au joint le plus intime du sentiment de la vie chez le sujet »[4] fut la raison qui a conduit un autre sujet dans le cabinet de l’analyste. Il s’agit d’une psychose sans phénomènes élémentaires, troubles de langage ou délire, marquée plutôt par un vide subjectif interne et une absence de boussole, une perte de sens esquissant le tableau de ce que J.-C. Maleval décrit comme une « clinique du désert » que l’on peut lire selon l’axiomatique de la clinique continuiste. C’est le cas du jeune homme qui malgré sa réussite sociale vit comme si chaque jour était le « jour de la marmotte » et comme si depuis son enfance il était « un mannequin » (cas du cartel 6).

Ce qui est tout à fait important de souligner, c’est le choix de l’analyse, choix corollaire d’une éthique, que certains sujets mettent en avant dès leur première rencontre. Leur choix relève de la volonté de traiter la cause du désordre qui les afflige par le biais de l’adresse de la parole à un autre qui respectera leur style de vie. « Je veux être heureuse […] J’espère que vous n’allez pas me transformer. Mon orientation sexuelle est lesbienne et je veux la conserver » (cas du cartel 1). « Je ne veux pas oublier ce qui m’est arrivé, ni l’effacer. Je veux comprendre » (cas du cartel 4). « Je ne veux pas trouver un refuge dans les médicaments encore une fois, les médicaments voilent la cause et la laisse intraitable » (cas du cartel 7).

 

2) Effets de la rupture du nouage des trois instances (RSI)

Procédons à présent d’une part aux conséquences de l’absence du fantasme, du petit délire, par « où se constitue pour chacun sa fenêtre sur le réel »[5] servant ainsi de rempart contre celui-ci, et d’autre part aux conséquences de l’absence ou du ratage du symptôme qui assure comme quatrième rond le nouage des nœuds, aboutissant à une désorganisation de la structure plus ou moins importante.

L’expérience de la dépression vécue comme un vide irréductible et irréparable et l’angoisse de la mort imminente, souvent sous forme d’attaque de panique (cartel 1, 2, 3, 7 et 14) s’avèrent être les formes les plus courantes du désordre quand le sujet se trouve « hilflos » et perplexe devant la perte de sens de l’existence.

Dans certains cas la déconnection des trois registres amène à l’absence de toute jouissance jadis investie à la pensée et aux objets (manque de concentration, isolement, errance, banalité de la vie quotidienne). Dans au moins un cas, l’incorporation signifiante de l’organisme s’avère défaillante (cartel 5 : le nez comme bouché, les yeux – barrière sur ma peau) et l’étrangeté du corps, son non habitation par le langage, amène jusqu’à la crainte de son autonomisation (cartel 7) ou son éparpillement (cartel 14).

On a pu aussi remarquer que la quête d’une issue au moment où ce qui est forclos du symbolique fait retour dans le réel du corps pousse souvent au passage à l’acte. Les automutilations assurent l’appropriation du corps et la constitution de son image (le sang qui coule est beau, les cicatrices enlaidissent les bras, cartel 1) mais aussi la séparation momentanée avec le réel qui leste le vivant, réalisant de cette façon un point d’arrêt à la jouissance mortifiante, voire à la culpabilité, autre nom de la douleur morale du sujet mélancolique (cas des cartels 1, 14 et 15). La consommation de drogues est aussi une pratique de séparation avec l’Autre qui apaise, voire anesthésie le corps, une tentative pourtant ratée à cause de son effet mortifiant (cas des cartels 3 et 14). La consommation d’alcool ayant la même fonction de séparation, assure dans un autre cas un lien social a minima (cas du cartel 8).

Dans un autre registre, la mort et le sacrifice comme destins s’esquissent aussi quand le pousse-à-La-femme, effet de la volonté d’un sujet féminin d’incarner l’objet qui anime l’Autre idéalisé – l’entraîneur qui aide à maigrir –, conduit le sujet à l’idée de se donner la mort en s’identifiant dans son délire érotomaniaque au grand-père qui s’est suicidé ainsi qu’à sa femme-cause de son suicide (cas du cartel 12). Dans un autre cas, la privation de la nourriture assure un corps idéal osseux, version de l’objet réel, qui se donne comme proie au regard du père « Lion » (cas du cartel 14). L’amour platonique semble être une bonne issue pour se défendre contre le ravage dû à l’identification réelle à l’objet d’un Autre méchant (cas des cartels 14 et 15).

Sur le registre imaginaire, on repère des phénomènes importants allant de l’inconsistance de l’image du corps (régression topique au stade du miroir) jusqu’à l’activation de l’axe imaginaire[6] sous forme d’agressivité et d’attaque de l’autre qui, dans le miroir, « se réduit à son tranchant mortel » (cf. cartel 2 et 16).

Citons ici le cas de la jeune femme qui se trouve confrontée à la facticité de la constitution de l’image de son corps – elle ne peut plus voir son reflet dans le miroir, elle se voit regarder la scène en dehors de son corps – au moment où l’autre qui était convoqué pour confirmer son moi idéal, ne le soutient plus (cartel 6). Un autre sujet se sent séparé de son corps après la mort de son père, faisant l’épreuve des conséquences de la déconnection de l’image du corps et du corps vivant lorsque le symbolique ne parvient pas à « mordre » sur le corps (cartel 8).

Dans le cas de l’attaque de l’autre, c’est « le kakon de son propre être que l’aliéné cherche à atteindre dans l’objet qu’il frappe »[7] (cartel 2 et 16) et qui assure une certaine revitalisation de l’ego-corps[8].

Dans des cas de psychoses plus aigües on constate que « tout le symbolique est réel »[9]. C’est le cas du sujet schizophrène qui mange les mots et pour qui chaque mot a son goût et son odeur, en nous rappelant que s’ « il n’y a pas de discours qui ne soit du semblant, il y a un délire qui est du réel et c’est celui du schizophrène (…), dans la perspective du schizophrène, le mot n’est pas le meurtre de la chose, il est la chose »[10].

Dans un autre cas, c’est la gélification des signifiants qui ne permet pas l’extraction de l’objet que le sujet aura désormais « dans sa poche ». Pour le petit Léo, le signifiant « mère » est une holophrase, qui devient un S1 insensé comme un phénomène élémentaire « manifestant l’état originaire de la relation du sujet à lalangue » et « mettant en évidence la xénopathie foncière de la parole »[11]. Preuve du défaut de « significantisation » de la jouissance qui s’ensuit, c’est-à-dire de la défense contre le réel, est l’hallucination visuelle qui est articulée par le sujet comme « la tête de la mère encadrée ». Le délire de persécution par le monstre est une tentative d’élever la jouissance non significantisée à une dimension symbolique (cas du cartel 16).

Dans d’autres cas encore, on constate que les obsessions et les délires de persécution sont des défenses contre le réel envahissant. Le sujet donne un nom à sa souffrance (« dépression », « lesbienne » cas du cartel 7), invente un Autre méchant (délire de persécution, cas des cartels 3, 7, 9 et 17), se fait l’exception pour contrer la déréliction de l’être à travers une idée mégalomaniaque (« meilleur que Picasso » cas du cartel 2) ou bien construit une théorie pour interpréter la cause de son angoisse fondamentale (cas du cartel 3). Or, toutes ses manœuvres et interprétations assurent un traitement du réel précaire étant donné qu’elles vont à l’infini.

Quand l’imaginaire et le symbolique se dénouent, ce qui prévaut c’est l’absence du « je » sous des formes diverses : le doute et la critique des actions et des pensées (cas du cartel 8), l’observation passive du monde, autre nom de « l’externalité subjective »[12], la compréhension des règles sociales et leur l’application conformiste faute de significantisation (cas des cartels 5, 6 et 8), l’expérience altérée du temps (le temps va trop vite et trop lentement, fragmentation du temps en jours isolés, cas des cartels 5 et 6), la perte du sens de la vie (cas du cartel 13), l’errance subjective (le sujet se sent perdu, non défini, cas du cartel 6), l’incapacité d’interpréter ses rêves (cas du cartel 9) ou l’autonomisation de la chaîne signifiante (cas du cartel 6). Un autre effet est celui de l’isolement et de la rupture avec le lien social. Il s’agit, en général, des traits discrets du débranchement de l’Autre que l’on rencontre chez des sujets qui mènent une vie en apparence ordinaire.

 

3)      Orientation de la cure. Suppléances et sinthomes

Le fait que le sujet psychotique ait « l’objet dans la poche » contraint l’analyste à la modestie en lui donnant la possibilité de devenir son compagnon[13]. La position du compagnon exclut celle du maître, celui qui incarne le savoir, et en même temps oriente l’analyste à devenir pour le sujet psychotique « comme un sinthome l’aide contre ce qui le pousse jusqu’à La femme dans sa rencontre avec l’Un-père, une aide contre son “ sans raison ″ qui lui serve d’appui contre le signifiant de l’Autre qui n’existe pas »[14].

À travers ces dix-sept cas, nous avons pu constater que le travail analytique consiste à soutenir et accompagner des solutions singulières du sujet, maniant le transfert de façon « à comporter un vidage destiné à rendre plus supportable l’adresse que le sujet psychotique se voit occuper au regard de l’Autre auquel il a affaire »[15].

On pourrait distinguer trois catégories de traitement du réel lors de la cure analytique : 1) la suppléance par l’identification à l’autre et la suppléance par un S1, 2) le sinthome et 3) la stabilisation à travers le rapport à l’analyste. 

Dans certains cas (cas des cartels 6 et 8), c’est l’autre qui devient la boussole, le guide, le soutien du sujet et supplée à ce qui n’existe pas pour voiler le trou. « Il faudra que le sujet porte la charge de cette dépossession du signifiant et en assume la compensation longuement dans sa vie par une série d’identifications purement conformistes à des personnages qui lui donneront le sentiment de ce qu’il faut faire pour être un homme »[16], remarque Lacan dans son Séminaire sur Les psychoses. Or, cette solution s’avère insuffisante à combler le trou, raison pour laquelle d’autres solutions devraient être élaborées. Le cas de la psychose ordinaire de versant schizophrénique est paradigmatique de la personnalité « as if » d’un sujet tout au long de sa vie (cas du cartel 6) mais à un certain moment cette suppléance ne suffit pas et c’est le corps sportif qui assure un certain raboutage de l’ego. Citons encore le cas de l’artiste (cas du cartel 8), pour qui, être le clown de l’autre ou suivre le semblable dans un conformisme absolu ne suffit pas à apaiser l’angoisse. L’automaton du travail sur ses productions, par contre, ayant une valeur plutôt sinthomatique, l’éloigne de la critique incessante de ses actions et de ses pensées et lui permet de mener une vie plus ou moins ordinaire.

La suppléance par le biais d’un S1 offre dans certains cas une identité assurant le lien social. C’est le cas de la « comédienne » (cas du cartel 4) pour qui, faute d’assises subjectives stables, le rôle devient sa façon d’être lui permettant de s’éloigner du vide et de s’assurer une place dans l’Autre social. Dans la même logique, un autre sujet féminin traite l’angoisse envahissante par des noms qui désignent un rôle social : « enseignante » comme sa mère, « mère », « épouse » (cas du cartel 7).

Sur le versant du sinthome, traiter le regard non phallicisé par le biais du métier d’opérateur de prise de vue au cinéma semble être une solution assez solide puisque que le sujet s’avère déterminé et certain de son choix. « Cadrer » l’objet devient le quatrième nœud qui vient à la place de l’objet a condensateur de jouissance (cas du cartel 16).

L’écriture comme tentative de solution sinthomatique est un choix apaisant dans plusieurs cas : l’écriture des mots (cas du cartel 1), des emails et des illustrations (cas du cartel 15) au lieu de s’automutiler devient une invention qui assure la limitation de la jouissance non plus sur le corps réel  mais sur une feuille de papier ou un blog électronique assurant ainsi une métaphorisation de la coupure. L’écriture d’arguments – qui autrement devraient être plaidés au tribunal – sur un blog permet la localisation de la jouissance, l’apaisement du délire de persécution et assure une certaine stabilisation au sujet. L’écriture d’un scénario de film pourrait être une solution heureuse pour un autre sujet si la fiction ne devient pas la façon de construire un Autre méchant consistant, à travers des nominations univoques (cas du cartel 2).

Last but not least, dans les cas où les phénomènes de laisser tomber du corps sont inquiétants et le sujet est démuni d’un abri lors de l’invasion du réel, la relation au clinicien, à l’analyste, désigne une agrafe marquant un point d’arrêt au déferlement de la jouissance. Ainsi, dans les passages à l’acte auto ou hétéro-agressifs par exemple, qui sont « une façon de donner un nom, [les cliniciens se sont servis] des éléments signifiants que leur donne le sujet. Il s’agit de ce qu’il dit mais aussi bien des éléments qui permettent de les guider dans le dialogue avec le sujet sur ce que parler veut dire. [Ils ont] visé à l’horizon l’effet de silence, de pause, de stabilisation […] [Ils se sont] mis à l’écoute de la psychose pour apprendre de lui les éléments non-standards qu’il fait fonctionner comme points d’arrêt, […] comment il réussit à introduire du silence et pouvoir eux-mêmes savoir comment ils peuvent l’aider à introduire, à manier la coupure »[17] (cas des cartels 1, 2, 5, 15 et 16).

Alors que nous arrivons à la fin de ce premier tour des cartels électroniques, je tiens à remercier les Plus-Uns pour leur fructueuse contribution à la présentation des cas et à la coordination des cartels, les extimes pour la remarquable élaboration des cas et bien évidemment les membres des cartels pour leur précieux travail.



[1] Lacan J., Intervention au 7e congrès de l’École Freudienne de Paris à Rome, « La troisième », Lettres de l’École Freudienne, n°16, Paris, 1975, p. 203.

[2] Lacan J., « L’étourdit » (1972), Autres écrits, Paris, Le Seuil, 2001, p. 476.

[3] « La psychose ordinaire », La Convention d’Antibes, Le Paon, Agalma-Le Seuil, 1999, p. 14.

[4] Lacan J., « D’une question préliminaire à tout traitement possible de la psychose », (1957-1958), Écrits, Paris, Seuil, 1966, p. 558.

[5] Lacan J., « Proposition du 9 octobre 1967 sur le psychanalyste de l’École », Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 254.

[6]  Lacan J., « D’une question préliminaire à tout traitement possible de la psychose », (1957-1958), Écrits, Paris, Seuil, 1966, p. 568.

[7] Lacan J., « Propos sur la causalité psychique » in Écrits, Paris, Seuil, 1966, p. 175.

[8] Commentaire de Geert Hoornaert.

[9] Lacan J., Écrits, « Réponse au commentaire de Jean Hyppolite », Seuil, Paris, 1966, p. 392.

[10] Miller J.-A., « Clinique ironique », Revue de la Cause freudienne no 23, février 1993, p. 5.

[11] Miller J.-A., « L’interprétation à l’envers », Revue de la Cause freudienne, no 32, 1996.

[12] Miller J.-A., « Retour sur la psychose ordinaire », Quarto no 94-95, janvier 2009.

[13] Miller J.-A., « Sur la leçon des psychoses », Actes de l’École de la Cause freudienne, no XIII, 1987, p. 144, cité dans le livre de J. Borie Le psychotique et le psychanalyste, éd. Michèle, 2012, p. 54.

[14] La Convention d’Antibes, La psychose ordinaire, Le Paon, collection publiée par J.-A. Miller, Agalma-Le Seuil, 1999.

[15] Zenoni A., « Comment s’orienter dans le transfert », L’autre pratique clinique, Point hors ligne, Erès, Paris, 2009, p. 221-244.

[16] Lacan J., Le Séminaire, livre III, Les psychoses, Paris, Seuil, 1981, p. 231.              

[17] Laurent É., « Interpréter la psychose au quotidien », Mental no 16, oct. 2005 [Dans le texte nous].

 

 

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