KRING : Compte rendu Moments de crise et sujet supposé savoir




nls-messager

Activités

des Sociétés et Groupes de la NLS

Activities of the Societies and
Groups of the NLS

 

Kring voor
Psychoanalyse van de

NLS


Compte-rendu du samedi après-midi
du Kring
avec Hélène BONNAUD

22 novembre 2014 à Gand

MOMENTS DE CRISE ET SUJET
SUPPOSÉ SAVOIR




Par Luc Vander Vennet


Les moments de crise dans les témoignages
sur la passe

Samedi le 22 novembre, le
Kring voor Psychoanalyse van de NLS
en collaboration
avec les responsables du séminaire sur l’Ecole et la
passe, avaient invité Hélène Bonnaud. Cet
après-midi était précédé d’un travail préparatoire au sein
du séminaire. Plusieurs cartels avaient minutieusement
étudié tous les témoignages sur la passe d’Hélène Bonnaud
et se sont réunis  pendant une soirée, début novembre,
pour en discuter dans un style de conversation les
résultats, les questions et les idées qui ressortaient de
cette lecture. Nous avons spécifiquement examiné ces
témoignages sur ce qu’ils pouvaient nous apprendre sur le
thème de travail de cette année : la crise. Nous avons
épinglé alors plusieurs moments de crise : les crises
subjectives, les crises des identifications et des idéaux,
les crises de la maternité, les crises du symptôme et les
crises du transfert.

Hélène
Bonnaud, ayant reçu un écho de ce travail, a tout de suite
pensé venir nous parler de la crise du transfert, sous le
titre Moments de crise et sujet supposé savoir.




Le Bureau du Kring à son tour, a proposé de relire et de
faire une conversation sur le livre Le transfert négatif
(Collection Rue Huysmans, sous la direction de
Jacques-Alain Miller, 1999) dans son atelier de lecture qui
précédait l’arrivée d’Hélène Bonnaud. Voilà donc tout un
travail bien animé et orchestré au sein de notre Kring en
route vers Genève !

La crise du transfert

« A ma surprise », disait Hélène Bonnaud,
« j’ai tout de suite pensé à la crise du transfert ».
Surprise puisque le transfert est quand-même le moteur
principal de la cure. Ce qui n’exclut pas qu’il évolue au
fur et à mesure du parcours et que la rencontre avec
l’analyste peut tout à coup dévisser et mettre en jeu la
continuation de la cure. Et ce qui n’exclut pas non plus
qu’il y ait des moments où l’inertie domine et où l’effet de
répétition prend une valeur négative.
A partir de là, Hélène Bonnaud a repris avec une très grande
finesse deux moments de crise du transfert dans son parcours
pour en tirer une conclusion sur la crise comme « moment de
cristallisation du mode de jouir propre au sujet ».

Premier moment : l’acting-out comme
réponse à une interprétation

Le premier moment de crise du transfert est
désigné comme un acting-out qui a provoqué la sortie
de l’analyse en réponse à une interprétation sauvage de
l’analyste. Sauvage puisqu’il cherchait à dire la vérité sur
la jouissance du sujet. Mais on ne peut pas dire vrai sur la
jouissance, parce qu’il n’y pas de vérité de la jouissance,
la jouissance ne s’interprète pas. (Miller, J.-A., Choses
de finesse
, cours du 18 mars 2009). D’où l’acting-out
dans sa dimension démonstrative et orientée vers l’Autre.
Montrage voilé pour le sujet de l’acting-out, mais
dont l’essentiel de ce qui est montré est ce reste, ce qui
tombe, cet objet a et sa chute. (voir les passages sur
l’acting-out et le passage à l’acte dans le Séminaire X
sur l’Angoisse
, pp. 144-151). C’est donc du côté de
cette chute de l’objet qu’il convient d’apercevoir les
conséquences de l’interprétation ayant donné lieu à la
sortie de l’analyse.

Ce moment de crise sous transfert rend
compte des effets de jouissance laissés intouchés dans
l’analyse. L’objet a qui chute n’avait pas été
touché. Ce qui est montré dans l’acting-out comme
« insurrection de a, resté absolument intouché » (Sém.
X
, pp. 151).

Cependant, il ne s’agit pas de mettre tout
le poids exclusivement sur le compte de l’analyste. Sortir
sous la forme d’une éjection, d’un ‘se jeter’, était
une modalité de jouissance qui s’est plusieurs fois répétée
dans le parcours du sujet. Ce qui ne se laissera apercevoir
qu’à la fin.

La question de la chute du sujet supposé
savoir

Dans le deuxième moment de crise qui se
situe à la fin d’une deuxième analyse il s’agit bien plus de
la problématique de la crise du transfert que dans la
première sortie. L’analysante traverse un moment de crise
qui dure et qui n’aboutit à aucune solution. Traversée d’un
désert, la décision de ne plus se brancher sur la voie du
déchiffrage de l’inconscient, l’expérience que l’Autre
n’existe pas, on touche par-là à la question de la chute de
l’illusion du sujet supposé savoir et son effet négatif, le
transfert négatif sous la forme, ni de soupçon, ni de haine,
ni de méfiance, mais d’un « peu de défiance ».

L’analyse n’arrivait pas à se terminer et
butait sur l’inertie d’un réel palpable entre parler et se
taire. Une panne, un moment de crise qui dure et n’aboutit à
aucune solution.  L’impasse d’arriver à la fin de l’analyse,
et l’impossibilité de faire la passe étaient marquées par le
sentiment d’un échec, d’un deuil, d’une perte de l’analyse.
Un rêve de fin, où le sac de l’analysante tombe dans la
trappe de l’ascenseur localisait cette perte de l’analyse
inatteignable. Cette crise de la fin de l’analyse met en jeu
à nouveau la jouissance de l’objet perdu, cette fois-ci pas
du tout du côté de l’insurrection mais du côté du laisser
tomber. Il a fallu plusieurs années et l’acte de l’analyste
dans une troisième analyse pour permettre de sortir de cette
fixité d’une perte qui constituait un mode de jouissance qui
infiltrait toute la vie.

La crise comme moment de cristallisation
d’un mode de jouir

Dans cette dernière analyse, cette fixité –
la jouissance du symptôme – a été touchée par les
interprétations de l’analyste en deux temps.

D’abord, l’interprétation « vous êtes une
toxicomane » qui montrait comment la jouissance de l’excès
du symptôme avait trouvé une satisfaction à se routiniser
dans l’analyse, dans une jouissance toxicomaniaque de la
parole dans l’analyse (Hélène Bonnaud, sur cette
différence entre jouissance de l’excès et la jouissance
satisfaction nous réfère  au cours de J.-A. Miller, Choses
de finesse, cours du 14 janvier 2009
). C’était une
façon de faire un sinthome qui satisfait le sujet à partir
du symptôme oral de l’anorexie, qui est une jouissance
destructive et un symptôme toujours mis en échec, en crise.
On y voit un moment où la crise du symptôme est résolue dans
un mode de jouir qui satisfait le sujet.

Mais si cette interprétation a mis un terme
à l’analyse, elle réduisait l’affaire à la jouissance de la
parole, laissant le corps en exclusion qui continuait à
provoquer l’angoisse.

Le deuxième temps se situe au moment où
l’analyste coupe la séance sur une phrase du père restée
toujours hors analyse : « si c’est une fille on la jettera
par la fenêtre ». La phrase fait interprétation et permet de
serrer un réel de ce qui fonctionnait comme une chute du
corps, une impression d’éjection qui obligeait toujours à se
tenir au bord pour ne pas tomber. Et l’analyste a ramassé ce
dire par son interprétation « un arrachement pour lutter
contre l’éjection et un arrachement de l’éjection ».

Ce que ce travail sur la crise a donc mis en
évidence c’est que c’est dans la mise en acte du transfert
que cette jouissance peut le mieux se lire. Les acting-out,
les moments de chute, voire de désespoir sont à mettre sur
le plan de cette jouissance de l’éjection. Dans ces moments
de crise survient cette jouissance. C’est là qu’on rejoint
la crise comme moment de cristallisation de ce mode de jouir
propre au sujet, un mode d’éjection dont l’analyse comme
procédé, comme processus, aura été un mode de traitement.

Discussion

Après cette intervention d’Hélène Bonnaud
une discussion animée a eu lieu avec les participants sur
beaucoup de points de ses témoignages : sur le corps et
cette question difficile ‘d’avoir un corps’, sur le nom de
l’indicible, sur le transfert négatif et le désir de
l’analyste dans sa différence avec le ‘vouloir’ de
l’analyste, sur la question du sexe, sur les effets d’être
nommé passeur et beaucoup d’autres choses encore.

Nous remercions beaucoup Hélène Bonnaud pour
cet après-midi de travail avec nous, travail très précis et
avec beaucoup de finesse sur un thème – les crises du
transfert – qui est au cœur de notre sujet de travail de
cette année dans notre Ecole.

Luc Vander Vennet
29-11-2014.




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