Malaise et angoisse dans la civilisation : le texte d’Olena Samoïlova





Le
Président et le Comité exécutif de la NLS tiennent à renouveler leur soutien à
nos collègues ukrainiens dans la guerre, qu’ils soient sur le territoire de
leur pays ou dans l’exil.

Un
court texte posté hier sur un réseau social par notre collègue Olena
Samoïlova, qui vit et travaille à Kiev, témoigne avec rigueur et courage de
l’enjeu de cette guerre « dans notre civilisation » et dans la
subjectivité de chacun.

NLS
messager est honoré de le porter à votre connaissance, avec son autorisation.

Daniel
Roy

 

Je viens de terminer la traduction ukrainienne
de l’argument pour le Congrès de la Nouvelle École Lacanienne 2023 :  Malaise et angoisse dans la clinique et dans la civilisation.

Il y avait et il y a encore beaucoup de doutes
et de controverses sur la traduction de certains termes, les néologismes
lacaniens, le style lui-même, sur lesquels on pourrait écrire mais pas aujourd’hui…

Aujourd’hui, j’ai réfléchi au terme de « civilisation ».
Pas en termes de traduction. D. Roy cite dans ce texte une phrase de Lacan : « La
civilisation, c’est l’égout »… On peut dire beaucoup de choses sur ce « patient » qui vient de nous jeter ses immondices, mais il a touché le nœud de la
question de l’hétérogénéité « monde/immonde ». J’ai traduit immonde par le mot 
гидосвіт (que l’on peut lire littéralement en français « le monde de l’abomination »), mais ici nous parlons plutôt du non-monde. Et concernant les preuves de cette même civilisation : y a-t-il de la vie sur cette planète ? De la vie pour chaque personne et pour le monde de ces personnes ? Telles sont les questions en jeu.

Un petit garçon très sérieux, qui était sous
occupation et qui a vu beaucoup de choses… vous savez, a donné sa réponse
horrifiante, mais en même temps brillante, à cette brèche, en essayant de
calmer sa mère effrayée : « Quand je serai grand, je vais tuer beaucoup,
beaucoup de gens, et si je peux, je vais tuer tout le monde ». Un monde sans les vivants, sans les humains,
non pas en termes d’éco-activisme radical, mais en termes de possibilité d’être
une personne réellement vivante parmi les autres, avec toutes les conséquences.
C’est le défi de Das Unbehagen in der Kultur.

 

Olena Samoïlova, le 10/10/22

 

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