Merci Laurette


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Projet de loi sur les professions de Santé
mentale

 

Sur le dernier débat à la chambre du
mercredi 29 juin 2016

 

On veut nous envoyer la police

 

Par Gil Caroz






 

 

Merci chère Laurette Onkelinx. Quel courage d’évoquer Siegi Hirsch,
prix du Mensch de l’année 2002, pour démontrer l’aberrance du projet de
loi qui va être voté cet après-midi. Une fois que ce sera fait, des dinosaures
de ce genre ne pourront plus pratiquer. Juif allemand, Siegi Hirsch est arrivé
en Belgique après la nuit de Cristal. Il a été déporté à Auschwitz à 17 ans, et
c’est au cœur de cette expérience qu’il a ancré l’éthique qui l’a conduit ensuite
à être très influent dans le champ de la psychothérapie des groupes et de la
famille. Ces coordonnées biographiques rappellent aux psychanalystes celles
d’un autre praticien de la talking cure,
Bruno Bettelheim. Ce psychanalyste qu’on aime haïr aujourd’hui dans certains
milieux a su lui aussi transformer la rencontre avec les camps nazis en un savoir-faire
avec l’existence, transmis à une foule de praticiens. Ce n’est donc pas à
l’université que ces monuments de la pratique de parole ont fait leur école,
mais dans leur expérience de vie, ou plutôt dans la rencontre avec des
dispositifs mis en place par les ennemis du genre humain.

 

Oui, merci chère Laurette d’avoir évoqué Siegi Hirsch, car ceci a de
nombreuses résonnances pour nous dans le moment actuel. Vous avez porté la voix
du singulier contre un universalisme simpliste qui écrase les nuances de l’humain.
Vous voyez où je veux en venir : d’une part votre discours et celui de vos
proches qui défendent l’expérience singulière, hors-norme, et d’autre part l’immuabilité
d’un discours sourd, qui prétend guérir la nation de ses maladies, à savoir de
ses charlatans.

 

Merci chère Laurette. Jeanne d’Arc de la vérité, vous avez dénoncé hier
vos collègues qui, il y a deux ans, ont soutenu la loi que vous avez promue et
qui retournent leur veste aujourd’hui. D’ailleurs, leur porte-parole, Damien
Thiéry n’a pas raté l’occasion de montrer le camp dans lequel il se situe. Une
chose est de voter cette loi destructrice par obéissance à son parti ; c’est
de la politique et on peut le comprendre dans certains cas. Autre chose est de
faire usage de démagogie : « Vous dites vous-même que votre loi n’est
pas parfaite, vous a-t-il lancé. Eh bien, ce nouveau projet de loi est une
façon de l’améliorer. » Voilà qu’en une phrase, un projet de loi qui
détruit la précédente est devenu une loi qui « l’améliore ». Cette
manœuvre est populiste.

 

Mais bien pire fut le ton de menace dont Monsieur Thiéry a fait preuve.
« On trouvera les personnes qui sont à l’origine de la désinformation ! »
a-t-il proféré. La désinformation dont il s’agirait, c’est d’avoir dit qu’un
grand nombre de praticiens perdraient leur emploi. Mais juger qu’il y aurait des
pertes d’emploi, est-ce une désinformation ? Monsieur Thiéry devrait revoir
ses cours sur la démocratie et la liberté d’expression. Et que va-t-il faire quand
il trouvera ceux qui sont à l’origine de cette « désinformation » ?
Il va venir les arrêter la nuit, devant leurs conjoint(e) et enfants ?

 

Nous pouvons constater en effet, qu’en cette matière de Santé mentale,
certains passent vite à la menace policière. Un article de La Libre Belgique du 28 juin 2016 se termine en mentionnant que ceux
qui s’obstinent à porter le titre de « psychothérapeute » sans être
passés par des formations « scientifiques », « risquent d’être
poursuivis pour exercice illégal de l’art de guérir ». C’est là que nous pouvons
constater la pertinence de la référence à l’expérience de Siegi Hirsch. La
psychanalyse, mère de toutes les psychothérapies par la parole, a déjà souvent été
attaquée sur le plan épistémique par des adversaires beaucoup plus doués que
les promoteurs du présent projet de loi. Mais on n’a pas encore envoyé la
police au cabinet d’un psychanalyste ou d’un psychothérapeute pour des raisons
bureaucratiques.

 

Dans le débat actuel, les menaces contre les praticiens de la parole fusent.
C’est le dernier recours contre ces pratiques « suspectes ».
Excusez-moi l’association libre : il y a quelques années, en Syrie, une
psychanalyste a été incarcérée parce qu’elle organisait des groupes de parole. Il
y a un certain genre de maîtres qui se sent menacé par les pratiques de parole
libre. « Qu’est-ce qui se dit de si intime dans ces cabinets, derrière une
porte fermée ? », se demande-t-il. « Qu’est-ce qui se dit, sur
lequel le Maître n’aurait pas un droit de regard ? » Voilà ce qu’il y
a sous la barre de cette nouvelle forme d’acharnement contre les pratiques de
parole. Voilà la vérité qui motive ce projet de loi sur les professions de
Santé mentale.

 

Pour notre part, il est évident que nous ne comptons pas rester les
bras croisés à attendre que la police débarque dans notre cabinet. Nous nous
ferons le grain de sable qui bloquera les rouages de la machine écrasante qui
avance vers nous. Notre combat continuera via tous les ressorts que permet un
Etat de droit, dans notre pays et en Europe, afin que soient préservées la
diversité du paysage du champ psy et la liberté de choix du patient concernant
la modalité de soin psychique qui lui convient. Car cette loi sera peut-être
votée, mais elle ne passera pas.

 

 

 

 


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