NLS Minute – 20


 

 
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Du détail pictural « non significatif » aux phénomènes élémentaires discrets : un bref parcours

François Sauvagnat

 

France

Extrait ( Texte complet en fichier attaché)
 
 

Lacan ne voulait pas d’autre préalable à la structure que les « types cliniques » de Charcot, illustrés, entre autres, par Freud, puis par Chaslin. Et de préciser[1] qu’il existe un seul aspect du discours de l’hystérique – celui centré sur le manque, et non pas sur l’objet – qui pouvait en transmettre la logique.

Ce point a été, entre autres, remobilisé par la notion de « psychose ordinaire », qui a permis de raviver la notion, parfois oubliée, que les phénomènes élémentaires psychotiques ne sont pas des « phénomènes repérables » qui seraient « évidents », et qu’ils ont pu, dissimulés, travestis, dépister les meilleurs. Rappelons-en quelques épisodes :

1)    Le sentiment de désignation, die krankhafte Eigenbeziehung, que l’école de Breslau a établie comme phénomène élémentaire de la paranoia (C. Neisser 1892[2]) – est d’emblée présentée comme un phénomène caché, masqué par exemple par une agitation, une réticence, des phénomènes hypocondriaques voire une efflorescence de symptômes d’allure névrotique. Dans le cas de l’homme aux loups, Freud témoigne à sa façon avec quelle facilité on peut passer à côté alors que le nez est au milieu de la figure : avec le rêve des loups qu’il hésite à qualifier de cette façon, alors qu’il était tellement familier d’un autre syndrome paranoïaque qui en exhibait la structure, le délire d’observation (Beobachtungswahn) de Meynert.

2)    La non-fonction de l’objet a, que J Lacan désigne dans le séminaire X[3] comme phénomène élémentaire de la psychose maniaco-dépressive, s’inspirant, non seulement de la fuite des idées (Ideenflucht) et du déraillement (Entgleisung) des germanophones , mais également des différents aspects discrets (certains affleurent avant décompensation) du « délire des négations » de Cotard. Freud lui-même, avec le cas de Mme G, aura montré combien facilement on peut se laisser aller à minimiser ce type de phénomène, pourvu qu’il soit masqué, par exemple par des phénomènes d’allure obsessionnelle.

3)   Philippe Chaslin a bien montré comment la discordance schizophrénique pouvait être particulièrement peu repérable, dont parfois un simple geste bizarre, un décrochage verbal à peine perceptible, pouvaient fournir la preuve. On sait à quel point ses précieuses indications ont été historiquement maltraitées[4]… elles n’en ressurgissent pas moins dans des notations de Lacan : « discord au joint le plus profond de son être »[5] à propos de Schreber, ou dans le laisser-tomber (schrebérien ou joycien) – sans compter ce qu’il laissait présager de la problématique borroméenne elle-même.

4)    Le phénomène de Séglas, de la pensée à peine proférée, — base des hallucinations psychiques de Baillarger – à une profération autonomisée, xénopathique, télépathique, en écho, jusqu’à l’impulsion verbale, exige également une autre sorte de supposition de savoir, un autre type de « refus de comprendre », dont Lacan fit un temps crédit à Clérambault. Phénomènes qui ne prennent toute leur valeur qu’avec la notion, développée par Lacan, de parasitisme langagier opposée à la doctrine chomskyenne du langage comme organe.

5)    Du côté des phénomènes imaginaires, la tradition des recherches sur les différentes formes de mythomanies et de mégalomanies a bien montré (Foville) à quel point les manifestations pouvaient parfois être indépendantes d’autres vécus délirants déclarés (notamment persécutifs ou hallucinatoires), la chose devait se confirmer avec la mise en évidence du syndrome de Capgras et de celui de Frégoli, sans parler du « signe du miroir », dont Reboul-Lachaux a assuré la réputation de discrétion[6].

Il va de soi que cette première esquisse de la notion de structure – le type clinique de Charcot – a été profondément remaniée par Lacan. D’un paradigme neurologique, il fallait tirer des mathèmes qui rendent compte des choix paradoxaux, des « insondables décisions de l’être ».

 
 
 

[1] Lacan J Préface à la traduction allemande des Ecrits, in Autres Ecrits, Seuil 2005.

[2] Sauvagnat F: Traduction et commentaire d’un article du psychiatre allemand C. Neisser: “Discussions sur la paranoia”; in Psychose naissante, psychose unique, sous la direction de H. Grivois, ed. Masson, 1991

[3] Lacan J : Le séminaire X : L’angoisse, Paris Seuil, p 411.

[4] Sauvagnat F:”A propos des conceptions françaises de la schizophrénie: de la discordance à la problématique RSI”; in Synapse, Journal de Psychiatrie et Système Nerveux Central, n°169, Octobre 2000, p.49-58

[5] Lacan J. D’une question préliminaire à tout traitement de la psychose, in Ecrits Seuil 1966.

[6] Sauvagnat F:”Réflexions sur le statut de la mythomanie délirante», L’Evolution Psychiatrique, 68 (2003) p. 73-96.

 
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