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Puissance de l’image
Réginald Blanchet
Grèce
« Que resterait-il de l’humanité sans la psychose ? »
(Jacques-Alain Miller, Barcelone février 2005)
Il n’est plus inhabituel désormais, depuis que le clinicien d’orientation lacanienne s’en est avisé, que des sujets qui ont recours à son office fassent état d’un nouage RSI constitué autrement qu’au Nom-du-Père. Il arrive qu’un tel nouage donne la prévalence à l’imaginaire, et que le symptôme qui, au titre de quatrième rond, fait tenir le nouage des trois autres, attienne essentiellement à l’imaginaire. Il y aurait lieu de parler ici strictement d’une causalité imaginaire du sujet au sens où capturé par une image il s’en soutient effectivement. Une telle causalité fait sa psychose ordinaire.
Il arrive que le sujet qui se soutient ainsi de l’imaginaire se présente comme un sujet mimétique. C’est le sujet « comme si » dont Lacan dira qu’il est entré dans l’ordre signifiant « par une sorte d’imitation extérieure ». Le sujet ici se fait image, image d’un alter ego. Cette image ne fait pas que le capturer : elle le constitue. Le sujet ici est pur mirage : il se mire dans l’autre. De façon plus générale ce rapport en miroir avec l’autre s’étend au monde tout entier. Le sujet se donne pour spectateur, « spectateur total » aux dires d’un patient. Engagé lui-même dans le spectacle du monde comme élément du spectacle il donne l’apparence de son intégration dans le discours commun voire dans le lien social. Ceci fait sa normalité. Elle est essentiellement de semblant. Son rapport aux réalisations effectives, aux engagements personnels qui en appelleraient à son énonciation propre, le dénonce.
Il apparaît dès lors que le sujet de la mimesis est aussi un sujet en trompe-l’œil. C’est un sujet qui se camoufle, qui se fonde dans la masse et qui prend, tel le caméléon, les couleurs du monde ambiant et le pli de ses valeurs. Ici, le moi idéal mais aussi les idéaux du sujet sont d’emprunt. Le sujet ne les assume pas lui-même, il en endosse les accoutrements. L’image en quoi il se fait consister voile son vide subjectif, et son camouflage son être regardé. C’est aussi sa façon de se prémunir du regard qui le viserait, lui, tout spécialement. C’est sa manière de faire avec l’objet regard dont il n’est pas séparé. Mais de se lover sous les semblants de son autre pour s’y diluer ne suffit pas toujours : par instants tel patient se percevait comme regardé de partout.
C’est dire que l’élection d’un semblable comme alter ego avec qui se soutenir dans un tête-à-tête spéculaire vise à loger le regard omnivoyant et à le limiter. L’alter ego fonctionne de la sorte comme un dompte-regard (Lacan) qui préserve le sujet du surgissement de l’objet désarrimé du symbolique, soit donc l’objet qui équivaut à son abolition de sujet, à sa réduction à l’état d’être joui par l’Autre. Car le regard de son semblable lui renvoie une image. Elle est par construction image idéale qui le préserve de sa qualité d’objet de jouissance. L’image voile ici l’objet et préserve le sujet de l’angoisse causée par l’objet pulsionnel qui n’est plus manque mais instance du réel.
Mais si l’image captive c’est parce que la jouissance elle-même capture : sur un mode assenti ou, au contraire, défensif du sujet. La puissance de l’image tient à l’objet a qui organise le champ scopique. Lorsque le sujet se constitue comme sujet de la pulsion scopique régulée avant tout par l’image, par le symptôme imaginaire, il y a lieu d’inférer une assise symbolique défaillante et un rapport à la jouissance non phallicisé. Celui-ci s’organiserait dès lors selon l’algorithme a /Φ0 au lieu du rapport canonique a /-φ. Ce que montrent déjà la dimension persécutrice du regard et l’instabilité du nouage moyennant le symptôme imaginaire. La tendance à la mélancolisation du sujet réduit à l’état de déchet en sa qualité d’objet joui dans le regard de l’Autre est encore l’effet de son rapport à un corps qui n’est pas fait de l’incorporation du symbolique. En l’absence des phénomènes plus aisément repérables liés à P0 et qui manifestent un désordre essentiel de l’ordre symbolique, il conviendra d’établir au plus juste le rapport du sujet à l’imaginaire qui, souvent, assure à ce dernier l’apparence de la normalité, c’est-à-dire de la banalité commune – ce qui ne veut pas dire névrotique – quand il n’est que le masque d’un rapport défensif au réel de la jouissance désarrimée. C’est encore ce qui fait l’ordinaire de la psychose et son signe discret souvent.
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