POP-UP : BEAUTÉ & PUDEUR / BEAUTY & MODESTY

View this email in your browser





INSCRIPTION — REGISTRATION →

« Que le voile levé ne montre rien, voilà le principe de l'initiation (aux bonnes manières de la société, tout au moins).
J'ai indiqué le lien de tout cela au mystère du langage et au fait que ce soit à proposer l'énigme que se trouve le sens du sens.
 »

Lacan, J., « Préface à L'éveil du printemps », Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 562.

"That the raised veil shows nothing—that is the principle of initiation (at least in society's good manners). 
I have indicated the link all this has to the mystery of language and the fact that it is by proposing an enigma that one finds the meaning of meaning."

Lacan, J., "Spring Awakenings," Analysis 6, 1994, p. 33.

Beauté et pudeur                           
Réflexion sur l'obscène

Laure Naveau

 
English version… 
 

« En ces temps de misères omniprésentes,
[…] parler de la beauté pourrait paraître incongru, 
inconvenant, provocateur. 
Presque un scandale. »
François Cheng, Cinq méditations sur la beauté
 

Ultime barrière, défense dernière contre le réel, la beauté, n’y touchez-pas !, enseignait Lacan dans son Éthique [1]. Et Jacques-Alain Miller en donne une lecture magistrale lorsqu’il déchiffre pour nous en ces termes, la référence faite par Lacan à Hogarth au cours du Séminaire sur Le sinthome : « L’éthique esquissée dans Le sinthome se complète d’une esthétique. […] Ce n’est pas la paisible beauté fibonaccienne rythmée par le nombre d’or, faite pour s’accorder à l’existence stable dans l’universel, c’est la beauté hasardeuse, sinueuse et variée que Hogarth eut le génie de figurer d’une simple ligne aérienne ondulante. [2] »

Lacan, s’intéressant de près à Joyce, le déchiffre ainsi : Joyce a voulu faire « de son art […] un eaube jeddard, […] jet d’art sur l’eaube scène de la logique elle-même [3] ». Puis il introduit ainsi la question du beau, en effet avec Hogarth : « L’eaubscène. Écrivez-ça eaub… pour rappeler que le beau n’est pas autre chose. [4]» « Le nommé Hogarth, qui s’était beaucoup interrogé sur la beauté, pensait que celle-ci avait toujours quelque chose à faire avec cette double inflexion. […] Cela tiendrait à rattacher la beauté à quelque chose d’autre que l’obscène, c’est-à-dire au réel. [5] »

Bien qu’obscène donc – est obscène ce qui offense la pudeur – le beau constitue une barrière contre le réel, à condition de n’y point toucher…

Mais les barrières, aujourd’hui, ne cessent d’être franchies, et le voile de la pudeur de se déchirer, nous laissant désemparés devant une certaine horreur, barbarie à visage inhumain. Ce qui ne peut ni ne doit être vu est exposé cependant dans une jouissance de la transgression jusque-là inédite. Pas d’esthétique dans la guerre.

L’éthique de la psychanalyse est alors ici convoquée comme éthique du regard, beauté et pudeur définies comme barrières à ne point franchir.

N’est-ce pas ce que Daniel Roy nous rappelle dans son bel argument de notre prochain Congrès, lorsqu’il convoque le geste inaugural de Freud proposant à ses patients le passage au divan, et installant ainsi le regard hors-champ du visuel, « objet séparé, séparé de l’échange de la relation spéculaire [6] », objet isolé naissant ainsi d’une soustraction.

Associé ici aux termes de beauté et pudeur, le regard convoque alors cette faculté de juger propre à tout sujet digne de ce nom, jugement esthétique qui conditionne pour chacun l’attribut du prédicat beau ou laid à un objet.

Que dans cette entreprise, l’analyste, dans sa dimension hors-champ [7], y mette du sien, a son importance, et son efficace. C’est ce que l’on appelle l’interprétation. Il lui suffit, par exemple, de savoir transformer, par un Witzla poubelleen la plus belle, palea en agalma… Un autre regard devient alors possible pour le sujet, un autre relief s’aperçoit… […]

 

 

Lire la suite… Read… 

 


[1] Lacan J., Le Séminaire, livre VII, L’éthique de la psychanalyse, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 1986, p. 280 : « un beau-n’y-touchez-pas ».
[2] Miller J.-A., « Notice de fil en aiguille », in Lacan J., Le Séminaire, livre XXIII, Le sinthome, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 2005, p. 244. 
[3] Lacan J., « Joyce le symptôme », Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 568.
[4] Ibid., p. 565.
[5] Lacan J., Le Séminaire, livre XXIII, Le sinthome, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 2005, p. 69.
[6] Roy D., Présentation du thème du Congrès NLS 2024. Consultable sur le site : https://www.amp-nls.org/wp-content/uploads/2023/06/ARGUMENT-FR.-CONGRES-2024.pdf
[7] Naveau L., « Sous le regard »Manifeste pour le hors-champ, Lacan Quotidien, n76, 1 nov 2011. Consultable sur le site : https://lacanquotidien.fr/blog/2011/11/lacan-quotidien-n°76-sous-le-regard-par-laure-naveau-manifeste-pour-le-hors-champ/
BLOG →
ARGUMENT →
INSCRIPTION — REGISTRATION →
Appel à contribution pour le blog
Envoyez vos contributions pour le blog avant 21 avril à Patricia Bosquin-Caroz, Els Van Compernolle et Peggy Papada: patricia.caroz@skynet.be, e.vancompernolle@gmail.com, peggy.papada@gmail.com


Plus d'information 

Call for papers for the blog
Send your contributions to the blog before the 21st of April to Patricia Bosquin-Caroz, Els Van Compernolle and Peggy Papada: patricia.caroz@skynet.be, e.vancompernolle@gmail.com, peggy.papada@gmail.com


More information
 

Twitter
Facebook
Website

view this email in your browser

Copyright © 2024 NLS.
All rights reserved.

Our mailing address is: 
accueil@amp-nls.org
Join NLS Messenger

unsubscribe from this list.


Back to list