Société Hellénique : Compte-rendu 3ème Conversation du TyA à Athènes







Activités
des Sociétés et Groupes de la NLS

Activities of the Societies and
Groups of the NLS

 

Société
Hellénique de la NLS

Compte rendu de la 3ème
Conversation du TyA à Athènes


Crise et consommation de drogues



Par Polina Agapaki et Epaminondas
Theodoridis

Le samedi 24 janvier 2015 s’est tenue, à
l’amphithéâtre de l’Hôpital Général d’Athènes « G. Gennimatas »,
la 3ème Conversation du TyA à Athènes avec la participation de
notre invitée Nadine Page, membre de l’ECF, intervenante
au Centre médical Enaden à Bruxelles et enseignante à la Section
clinique de Bruxelles. Cette journée de travail a été organisée
par le réseau TyA-Grèce en collaboration avec la Société
Hellénique de la NLS.

Devant un auditoire de 70 personnes, Anna Pigkou,
présidente de la Société Hellénique de la NLS, a introduit la
journée. Epaminondas Theodoridis, responsable du réseau
TyA-Grèce, a présidé les deux sessions de cette 3ème
Conversation. Après avoir présenté Nadine Page, il nous a
rappelé la thèse de  Jacques-Alain Miller : « Le modèle général
de la vie quotidienne au XXIe siècle, c’est l’addiction. Le “Un”
jouit tout seul avec sa drogue, et toute activité peut devenir
drogue : le sport, le sexe, le travail, le smartphone,
Facebook… »1 L’addiction généralisée est le symptôme de notre
époque qui ordonne : Jouis !

Ensuite, Nadine Page, a ouvert les travaux par son
intervention Crise et consommation des drogues. Elle a souligné
que la consommation de drogue n’est pas, en soi, synonyme de
crise pour la plupart des patients, qu’elle vient plutôt comme
une forme de réponse à quelque chose qui (a) fait crise. Et
c’est lorsque cette forme de réponse ne fonctionne plus, que le
sujet demande de l’aide. Elle nous a aussi parlé du motif de la
consultation, qui s’origine soit dans l’Autre, soit dans une
manifestation plus abrupte du réel face à laquelle l’usager ne
dispose pas des ressources symboliques lui permettant d’y
apporter une autre réponse que la consommation ; il ne peut
peut-être pas y interposer l’écran de son fantasme. Ainsi, bien
souvent, la consommation en elle-même ne conduit pas l’usager à
s’interroger et à adresser cette question à l’analyste mais,
éventuellement, ses conséquences. Le produit dévoile là son
statut de partenaire électif du sujet.

Par deux cas cliniques, Nadine Page a illustré comment l’usage
du toxique permet de se débrancher de l’Autre. Dans le premier
cas, pour une jeune femme la consommation de drogues recouvrait
deux fonctions : d’une part, se protéger de l’ennui qu’elle
ressentait dans sa vie sociale faute de pouvoir entrer dans le
discours établi et d’autre part, tenter de supporter le
surgissement d’un réel face auquel elle se trouvait sans appui
et qui la renvoyait vers la vacuité du sens de l’existence. Les
interventions de l’analyste visaient à lui rendre plus
accessible le discours commun et à ne pas dévoiler l’absence de
garantie de l’Autre.

Dans le deuxième cas, un homme essaie de « chercher la mesure »
de sa consommation d’alcool en s’imposant des impératifs
surmoïques qui l’étouffent. La fonction de l’alcool est de
l’alléger des contraintes de la vie en lui permettant des
moments de débranchement nécessaires pour supporter ces
exigences. L’intervention de l’analyste visait à lui donner la
possibilité d’introduire un peu de « jeu » dans la contrainte
qu’il voulait s’appliquer à lui-même.

Dans les deux cas le surgissement d’une occurrence du réel (sous
les espèces de la mort d’un proche) a dévoilé le défaut de
garantie qui aurait permis un réaménagement de la position du
sujet à l’égard de l’Autre à l’aide de son fantasme. Le recours
à cette jouissance de l’addiction, apparaît comme un mode de
traitement de cette impasse où le sujet s’est trouvé sans
recours.

Par la suite, trois collègues grecs ont présenté des cas
cliniques qui ont été discutés avec le public et commentés par
Nadine Page.

Thanos Xafenias, membre de la Société Hellénique et de la
NLS, a présenté le cas d’une jeune femme héroïnomane, Sissy, qui
a été admise au programme de substitution il y a trois ans. Sa
position mélancolique s’inscrivait sous le signifiant
« abandonnée » et sa question était : est-ce que je vaux quelque
chose? Sissy, qui se met en position de déchet, avec l’usage de
l’héroïne réussit à faire disparaître le regard des autres qui
l’observent et médisent d’elle. L’héroïne l’aide à passer
inaperçue. La thérapie l’a aidée à subjectiviser quelque chose
de son expérience et lui a permis de relativiser la jouissance
de l’Autre qui devient ainsi moins persécuteur. Devenue mère,
elle trouve un but dans sa vie, s’occuper de sa fille et prendre
soin des autres en tant qu’infirmière. Bien qu’elle ne s’imagine
pas encore pouvoir se passer de la drogue, il reste à voir dans
quelle mesure elle pourra passer à une dépendance de la parole.

Dossia Avdelidi, membre de la Société Hellénique et de la
NLS, a présenté le cas d’un homme qui se dit alcoolique. Pierre
est venu en analyse il y a cinq ans, anéanti après une
séparation. Il s’agit d’un sujet obsessionnel qui a recours à
l’alcool à cause des impasses de son désir. La demande et le
désir de l’Autre lui sont insupportables. L’alcool lui sert à ne
pas poser la question du désir, c’est-à-dire à ne pas poser la
question du rapport sexuel. L’alcool lui donne accès à une
jouissance sans l’Autre, à une jouissance autistique. Bref,
l’alcool renforce sa structure et supporte son symptôme
obsessionnel. L’enjeu pour Pierre est de réussir à subvertir
l’insupportable de son symptôme et de supporter la proximité de
l’Autre sexué. Le vacillement de l’identification brute «Je suis
alcoolique», a permis une première rectification subjective et
une diminution importante de la consommation d’alcool. Il reste
la modification de sa jouissance, pour ouvrir le chemin à
l’Autre et à un désir un peu moins impossible. 

Enfin, Dimitris Tserpelis a présenté le cas de Manu,
dépendant de l’héroïne et consommateur occasionnel de cannabis,
en thérapie depuis cinq ans. Manu a commencé à consommer du
cannabis à l’adolescence et de l’héroïne à l’âge de 21 ans. À 32
ans il a eu sa première décompensation psychotique par un
violent passage à l’acte, agressant violemment sa fiancée. Manu
a toujours été le « mouton noir » du village et de sa famille.
Il ne fait aucune confiance aux autres d’où sa grande colère
envers la méchanceté de L’Autre. La relation thérapeutique lui a
permis de prendre une distance avec l’Autre jouisseur et de
nouer des liens avec les collègues de son travail. Un an après
la conclusion de sa cure, il appelle son thérapeute pour lui
dire qu’il est toujours abstinent.

1  Jacques-Alain Miller, Les prophéties de Lacan, Le
Point, édition du 18/02/2011,
http://www.lepoint.fr/grands-entretiens/jacques-alain-miller-les-propheties-de-lacan-18-08-2011-1366568_326.php


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