Société Hellénique : Compte-rendu de la journée du 20 février “Le corps parlant”; avec Claudia Iddan






Activités
des Sociétés et Groupes de la NLS

Activities of the
Societies and Groups of the NLS

Société
Hellénique de la NLS


Compte-rendu
de la journée du 20 février 2016 avec Claudia Iddan

« Le corps parlant. Sur l’inconscient au XXIe siècle».

Journée AMP de la Société hellénique de la NLS
Amphithéâtre de l’hôpital G. Gennimatas, Athènes
 
par Eleni Koukouli,

Samedi 20 février 2016 la Société hellénique (SH) de la NLS a
organisé à Athènes, sous la responsabilité de Nassia
Linardou-Blanchet, une Journée d’étude en vue du prochain congrès de
l’AMP consacré au : « Corps parlant ». La Journée s’est tenue en
présence de Claudia Iddan.

Dans l’amphithéâtre comble de l’hôpital Gennimatas, les travaux
ont été introduits par la présidente de la SH Anna Pigkou.
Elle a mis en série le thème du prochain congrès de l’AMP et les
deux thèmes précédents et a esquissé les pistes de travail de la
Journée.

Epaminondas Theodoridis, président de la première table
(Introduction théorique) a rappelé l’analyse du jeu du fort-da par
Freud et sa relecture par Lacan. Au début de son enseignement
Lacan y voit « le moment où l’enfant naît au langage » et
l’émergence du symbole ; en 1964, le jeu illustre
l’aliénation-séparation, la bobine exprime ce qui se détache du
sujet, c’est une « automutilation à partir de quoi l’ordre de la
signifiance va se mettre en perspective ». Ainsi, entre
l’alternance répétitive du fort-da le sujet choit comme objet a.

Dans son intervention intitulée « La danse du fort-da entre le
corps et l’espace » Claudia Iddan a décrit la façon dont
la paire des signifiants de la présence/absence établit la base
des relations entre le sujet et l’Autre. Le jeu du fort-da qui
se produit entre l’opération d’aliénation et l’opération de la
séparation, de l’appartenance/et de la non appartenance, délimite
la place de l’objet a et détermine ainsi ce que le monde signifie
pour le sujet. Ce jeu permet à l’organisme de devenir un corps
privé, afin que le parlêtre puisse se déplacer dans l’espace.
S’appuyant sur des exemples issus de la pratique clinique, de
l’art et de la philosophie Claudia Iddan a montré comment le
fonctionnement du fort-da délimite le corps, mais aussi comment il
crée un espace hors corps et rythme la jouissance.
Ainsi dans le cas du petit Hans, la jouissance qui surgit à partir
de la rencontre avec sa propre érection, est rejetée et s’incarne
dans un objet extérieur qui constitue une menace pour lui. Dans le
cas de deux histoires de Franz Kafka (La métamorphose et Un
artiste de la faim), le sujet réduit l’espace au corps qui est
rejeté et anéanti, dans une tentative de fuir la présence
envahissante et exigeante du monde. Chez Merleau-Ponty, la danse
du fort-da crée les coordonnées non seulement de l’espace mais
aussi du temps qui s’inscrit dans la chair. Enfin dans la danse,
en se référant à Lucien de Samosate (IIe siècle ap. J.-C.) et à
des danseurs et chorégraphes modernes, comme Vaslav Nijinski, et
Martha Graham, a été mise en valeur la fonction de la danse par où
s’accomplit le processus d’appropriation du corps qui peut ainsi
devenir un corps vivant.

Intitulée « Le corps dans la clinique, la littérature et la
société » la table présidée par Réginald Blanchet donna
lieu à trois interventions.

Avant de présenter deux cas d’enfants, l’un autiste et le second
psychotique, Stella Stelletari souligna que souvent dans
la pratique clinique avec les enfants, la demande des parents
concerne les difficultés scolaires, ou la phénoménologie d’un
symptôme comme le déficit de l’attention ou l’hyperactivité. Or au
cours des entretiens, il apparaît que ces difficultés sont souvent
liées à une question de structure concernant les différents
statuts du corps. Ainsi dans le cas de l’enfant autiste la lettre
sert de bord au réel du corps alors que dans le deuxième cas, la
lettre est délimitée, reflétant la dialectique qui s’est installée
dans la thérapie par la parole : elle réduit sensiblement
l’angoisse du sujet.

Son intervention intitulée « La montée du corps de l’enfant sur
l’escabeau de l’écriture. Le cas de G. Vizyinos » a conduit Yannis
Grammatopoulos
à présenter la notion d’escabeau à partir de
l’étude de la vie et l’œuvre du célèbre écrivain grec Georges
Vizyinos. Né en Thrace il a vécu au cours de la deuxième moitié du
XIXe siècle. Y. Grammatopoulos a analysé l’écriture de Vizyinos
par quoi ce dernier s’est fabriqué un escabeau narcissique pour le
corps de l’enfant, et ce à partir de trois des caractéristiques de
l’escabeau : la forme progressive, la fonction d’embellissement et
la direction ascendante. L’argumentation s’est fondée sur
d’innombrables informations provenant de références
bibliographiques ainsi que sur l’activité littéraire de l’écrivain
qui fut interné dans un hôpital psychiatrique où il mourut en
1896.

Dans son exposé sur « Entre être et avoir : le corps à l’époque de
la bio-politique », Anastasia (Natacha) Katsogianni a
entendu relier la position de Lacan selon laquelle l’homme « a un
corps, il n’est pas un corps » avec les changements au niveau de
l’Autre et du lien social (bio-politique) en s’appuyant sur le
dernier ouvrage de Giorgio Agamben, L’usage des corps, où le
philosophe reformule sa théorie inspirée des travaux de M.
Foucault sur l’homo sacer et la vie nue. Elle a souligné que de
nos jours c’est l’être qui prime sur l’avoir via la réduction des
diverses expressions de la subjectivité (discours de la science) à
la biologie. Elle a souligné que la dette clinique de la
psychanalyse, en tant que clinique du parlêtre, doit consister à
réintroduire les deux dimensions, celle du signifiant et celle de
la jouissance, dont l’articulation fait le mystère propre à chaque
corps parlant.

Dans l’exposé final « Le mystère de l’araignée », Nassia
Linardou
 commenta le dit de Lacan : « le réel c’est le
mystère du corps parlant, c’est le mystère de l’inconscient ».
Elle fit vibrer le mot mystère en rappelant ses origines grecques.
Des mystères des Kabires à Samothrace aux mystères d’Eleusis, ces
cultes étaient chez les Anciens des rites d’initiation que
couvrait le secret. Μυστήριο (mystère), μύηση (initiation) et
μυστικό (secret) ont en grec la même racine étymologique. Le réel
du corps pourrait surgir comme une jouissance corporisée à savoir
comme affect du corps que heurte de façon mystérieuse le
signifiant. La corporisation, grâce aux élaborations de
Jacques-Alain Miller, peut éclairer l’événement de corps. Nassia
Linardou s’est appuyée sur les productions du body art et de la
performance pour illustrer la corporisation comme écriture qui se
fait chair s’inscrivant sur le bord entre le réel et le
symbolique. Elle rappela la référence de Lacan à la toile
d’araignée comme travail d’écriture qui montre le réel accédant au
symbolique. Elle évoqua pour finir la nouvelle de J. Tanizaki Le
tatouage afin de rendre palpable ce que veut dire « la
corporisation du fantasme comme dialectique entre le sujet et
l’Autre ». Une jeune geisha se fait inscrire une image d’araignée
sur le dos par un maître tatoueur. Dans cette séance d’initiation
la jouissance de son fantasme est reçue par le sujet de l’Autre.
L’écrivain japonais recouvre la jouissance de l’objet pulsionnel
par la barrière du beau. Ce n’est pas toujours le cas pour les
artistes d’aujourd’hui qui sont moins embarrassés par la
production du corps pulsionnel recouvert par une belle image.

Les questions et remarques des discutantes Despina Karagianni,
Dora Pertessi et Anna Pigkou, ainsi que celles du
public venu nombreux, ont permis de revenir sur les points clés de
chaque intervention, et nourri la réflexion et le passionnant
débat qui eut lieu. Claudia Iddan y contribua avec un vif
intérêt et des remarques particulièrement pertinentes.


Rédigé par Eleni Koukouli
 

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