des Sociétés et Groupes de la NLS
Groups of the NLS
NLS
CRÈTE
Le séminaire de Daniel Roy en Crète
Les
journées du séminaire de la Société hellénique, animées par
Daniel Roy en Crète se sont achevées le 10 juin au soir. Et
pourtant, vingt-quatre heures plus tard, je ne suis pas encore
« sortie » de ce monde où il nous a fait pénétrer.
L’un cherche l’autre, par SMS, par téléphone,
comme si l’on cherchait à se rassurer que l’on n’est pas
seul, que l’on n’est pas le seul à se trouver en proie à un
tel enthousiasme.
Daniel Roy nous a pris par la main et nous a
conduits fermement sur les chemins de la lalangue, du
langage habitat et organe. Corps parlant, parlêtre,
accent de singularité, jouissance singulière, l’Étourdit, sinthome,
psychose ordinaire… Et pour terminer ce séminaire, il a fait
les « tours du dit » des cas cliniques.
Et ça glissait comme l’eau de source du mont
Ida. Des concepts ardus devenaient simples, tout
naturellement. C’étaient l’art et le savoir.
En fin de compte, ce dont aucune crise n’est
capable de nous priver, c’est du monde du savoir. Et quand
cela devient l’art du savoir, c’est magique !
Georgia
Fountoulaki
des journées
des 10 & 11 Juin en Crète
par Ioanna Vérigaki, déléguée de la
Société hellénique en Crète
Les
10 et 11 Juin, dans le cadre de ses activités, la Société
hellénique de la nouvelle École Lacanienne en Crète a reçu
à Héraklion le psychanalyste
Daniel Roy.
Ainsi, le vendredi 10
Juin, au Musée d’Histoire Naturelle de la ville, Daniel Roy
a donné une conférence dont le sujet «Un enfant
d’aujourd’hui» a suscité un vif intérêt auprès d’un public varié, où l’on observait de nombreux
médecins, psychiatres et psychologues.
La conférence a
commencé par une référence aux mythes de l’antiquité grecque
et, plus précisément, par une comparaison entre le Minotaure
crétois, issu de la jouissance d’une femme à laquelle un
père a donné un nom, et nous-mêmes, qui provenons d’un corps
de jouissance et d’un corps de langage, donc de deux corps
qui manifestent une disjonction.
De la légende du Minotaure, Daniel Roy est
passé à l’histoire d’«Isidore», cas clinique d’«un enfant
d’aujourd’hui». Avec une grande finesse, tout en restant
très accessible aux auditeurs, il a développé le travail
fait avec «Isidore» dans le cadre d’une cure analytique.
Ce très jeune enfant
présente des symptômes très habituels de nos jours : il est
très agité, il a des cauchemars pendant la nuit qui le
poussent à aller dans le lit de sa mère. «Isidore» nous
montre qu’un enfant «peut être pour l’Autre objet toujours
disponible, d’un accès direct et illimité, et que sa
symptomatologie est la condensation de cette condition
appliquée désormais à l’Autre et de la tentative toujours
ratée d’échapper a la prise de cet Autre».
Par le chemin
parcouru dans le cadre du transfert, «Isidore» a traversé
plusieurs phases pour arriver à trouver «un principe de
limitation, à savoir quelque chose qui lui a permis d’avoir
un rapport au monde un peu plus réglé». «Isidore» est
parvenu, d’un corps de jouissance en trop, à une dépense de
ce qui était en trop dans le corps. Ce déplacement s’est
effectué par divers moyens : jouissance de la parole,
jouissance de l’image, jouissance phallique ou jouissance
sublimatoire.
Daniel Roy a bien
démontré que le travail analytique ne consiste pas à
appliquer des méthodes pour gérer ou éduquer un enfant, mais
à offrir à l’enfant la possibilité de traiter ses symptômes
comme des signifiants, comme des créatures utiles pour
explorer des territoires où les parents ne peuvent pas
répondre. «Isidore» nous a appris que «la partie la plus
précieuse qui constitue l’être du sujet, c’est un reste qui
n’est pas éducable». S’éduquer pour un enfant, c’est donc
« confronter son corps de jouissance aux attentes de l’Autre
qui forment le cadre de cette confrontation». Et cette
confrontation fait principe de limitation pour l’enfant.
Le samedi 11 juin a
constitué la journée de travail traditionnelle pour tous
ceux qui, durant l’année, suivent notre séminaire.
Psychiatres en cours de spécialisation, médecins,
psychologues, étudiants en psychologie, soit cinquante-cinq
personnes, ont ainsi travaillé dans la matinée avec Daniel
Roy autour du sujet «Troubles du langage et usages de la
langue».
Pour aborder la
question « que recouvrent les troubles de la parole et du
langage » Daniel Roy a développé la distinction effectuée
par Saussure entre parole, langage et langue, pour évoquer
ensuite Roland Barthes qui, dans son ouvrage «Système de la
mode», tente d’appliquer à cette dernière la structure
saussurienne.
Le fait de parler et
la façon de s’habiller sont immédiatement liés a la
condition humaine. Ils ne sont pas des attributs. Être vêtu
est constitutif du corps et la parole est constitutive du
corps parlant. Le dispositif analytique isole uniquement la
dimension du corps parlant. Ainsi, l’analyste comme «grand
couturier» fait attention au lien entre les mots, à la
syntaxe et à l’usage particulier qu’en fait le sujet. Ainsi,
l’analyste prête attention aux événements, aux accidents de
l’ordre de la parole, aux événements de corps produits dans
l’usage particulier de la parole qui existe uniquement dans
une cure analytique.
Nous rencontrons ici
la version du parlêtre que propose Lacan, «qui ne nie
pas l’inconscient freudien, mais ne l’isole pas par
l’événement de la parole». Les troubles, alors, de la parole
permettent de signaler les éléments du code linguistique qui
soudain émergent comme signifiants, mais aussi la présence
toxique du signifiant : à savoir les moments où le
signifiant sans médiation vient percuter le corps, en tant
que «accents de singularité», ainsi que le signale
Jacques-Alain Miller
Daniel Roy a ensuite
abordé la thèse lacanienne selon laquelle «la parole sert le
réel». Il a exploré les deux formes canoniques de la
dimension du langage chez Lacan, le langage organe et le
langage habitat, en faisant référence aux influences et aux
objections de Lacan, face aux théories de Heidegger et de
Noam Chomsky.
Pour Lacan, le
langage fait trou dans le réel, le langage comme ordre de
dire ne trouve aucun répondant dans le réel. «Il est
susceptible de devenir à tout moment un organe de
commandement au service de n’importe quel signifiant». Et
pour désigner ce qui arrive au corps et qui fait un sujet
corps parlant, Lacan a inventé le néologisme lalangue. D’une part, il y a le langage
comme élucubration de savoir sur lalangue et, d’autre part, l’inconscient
comme savoir-faire avec lalangue. L’inconscient est un accrochage
particulier, mais il y en a d’autres, que nous rencontrons
dans des cas cliniques. Plus précisément, la clinique de la
psychose ordinaire témoigne qu’il y a le sinthome, autre savoir faire avec lalangue. Enfin, «la langue porte le coup d’un réel
pour le parlêtre» et crée le sinthome, «lien singulier qui noue ensemble
le langage dans sa structure symbolique, le corps comme
image et le réel de la jouissance».
Dans l’après-midi,
Daniel Roy a commenté avec une grande perspicacité deux cas
de malades de l’hôpital psychiatrique de la Canée et de la
clinique psychiatrique Haghios Charalambos à Héraklion,
présentés sur dossier par les psychiatres. Les auditeurs ont
participé à la conversation clinique qui a suivi, posé
plusieurs questions et fait divers commentaires.
La participation
observée pendant ces Journées vérifie un vif intérêt et un
désir permanent pour la psychanalyse. La capacité de Daniel
Roy à transmettre avec clarté et avec aisance des notions et
des termes analytiques difficiles nous a entraînés dans un
travail efficace et créatif.
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