TRACES – Dossia Avdelidi

Au-delà de l'Autre, le corps

"L’écriture est une trace où se lit un effet de langage"
— Lacan, XX, 110



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Dossia Avdelidi
Au-delà de l'Autre, le corps

Une fois que le sujet a fini avec l’Autre, il se retrouve avec ce que Freud appelait les restes symptomatiques. Mais Jacques-Alain Miller nous explique que ces « restes » ce n’est que l’Un de la jouissance. Il s’agit de la jouissance comme événement de corps et qui constitue la véritable cause de la réalité psychique. C’est cette causalité qui se relie à la percussion du corps par le signifiant et à ce qu’il appelle le choc initial. Il s’agit de la rencontre contingente avec la jouissance, rencontre qui est toujours traumatique et qui implique le corps.

Le symptôme du parlêtre alors, c’est un événement de corps, une émergence de jouissance. Cette jouissance se maintient au-delà de la résolution du désir. Il s’agit d’un reste que le sujet s’en accommode.

Dès 1967 Lacan avait affirmé que l’Autre c’est le corps. Il dit alors dans La logique du fantasme que « le corps est fait pour inscrire quelque chose qu’on appelle la marque. Le corps est fait pour être marqué ». Et un peu plus loin il ajoute : « Quand cet Un[1] fait irruption au champ de l’Autre c’est-à-dire au niveau du corps, le corps tombe en morceaux, le corps morcelé, voilà ce que notre expérience nous démontre exister aux origines subjectives. [2] »

 Il a fallu sortir des méandres du désir de l’Autre avant que je puisse apercevoir cette dimension du corps. Pourtant, je parlais continuellement pendant les premières années de mon analyse du corps idéal que je n’avais pas, de la femme idéale que je n’étais pas, de la jalousie que j’éprouvais à l’endroit des femmes minces qui possédaient quelque chose que je n’avais pas. Tout cela était indubitablement lié au regard que l’Autre (et surtout l’Autre maternel) portait sur mon corps. Avec mon corps je provoquais le regard de l’Autre mais aussi j’y échappais. Mais, ce n’était qu’une approche par l’imaginaire. Ainsi, au début de l’analyse qui m’a conduit à la fin j’avais dit à l’analyste : « Je ne vais pas faire 3000 km pour vous parler de mon poids ». De ce fait, j’avais ignoré un rêve où l’analyste en se transformant en femme me donnait à manger.

Il a fallu la traversée du fantasme pour retrouver ce qui a constitué traumatisme pour moi, donc rencontre avec la jouissance et qui a été à la racine de mon fantasme. Ce choc initial avait marqué pour toujours mon corps et mon style de jouissance.

J’ai pris à l’envers le signifiant anorexique qui m’a été accordé par l’Autre en le transformant en appétit et surtout en appétit pour la vie. L’appétit pour tout ce qui est du côté de la vie me caractérise. Cette rencontre du signifiant et du corps a marqué pour toujours ma jouissance, une sorte de destin qui demeure même après la traversée du fantasme. C’est le reste de jouissance avec lequel le parlêtre est appelé à faire avec.

[1] Dans ce passage le Un pour Lacan « représente l’acte sexuel au niveau du corps »
[2] Lacan Jacques, Séminaire XIV, La logique du fantasme, inédit, séance du 10 mai 1967
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Dossia Avdelidi
Beyond the Other, the Body

Once the subject has finished with the Other, he finds himself with what Freud called symptomatic remainders. But Jacques-Alain Miller explains to us that these "remainders" are only the One of jouissance. It is about jouissance as a body event, and which constitutes the true cause of psychic reality. It is this causality linked to the percussion of the body by the signifier and to what he calls the initial shock. It is about the contingent encounter with jouissance, an encounter which is always traumatic, and which implicates the body.

The symptom of the parlêtre then, is an event of the body, an emergence of jouissance. This jouissance is maintained beyond the resolution of desire. It is a remainder that the subject accommodates.

As early as 1967, Lacan affirmed that the Other is the body. He says in The Logic of Fantasy that "the body is made to inscribe something called a mark. The body is made to be marked.” And a little further on he adds: "When this One [1] irrupts into the field of the Other, that is to say at the level of the body, the body falls to pieces, the body is fragmented. This is what our experience shows us to exist at subjective origins." [2]

It was necessary to get out of the meanderings of desire of the Other before I could glimpse this dimension of the body. Yet, during the first few years of my analysis, I spoke continuously of the ideal body that I did not have, of the ideal woman that I was not, of the jealousy that I felt towards thin women who possessed something that I did not have.  All of this was undoubtedly linked to the gaze that the Other (and especially the maternal Other) carried on my body. With my body I provoked the gaze of the Other but I also escaped it. But, it was only an imaginary approach. So at the start of the analysis that would lead me to the end, I said to the analyst, "I'm not going to travel 3,000 kilometres to speak to you about my weight." As a result, I had ignored a dream whereby the analyst who had transformed into a woman, was feeding me.

It took the traversal of the fantasy to find that which constituted trauma for me, so an encounter with jouissance which was at the root of my fantasy. This initial shock had forever marked my body and my style of jouissance.

I took the other side (l’envers) of the signifier anorexic that was granted to me by the Other, by turning it into appetite and especially into an appetite for life. An appetite, for all that is on the side of life characterises me. This meeting of the signifier and the body has forever marked my jouissance, a kind of destiny, that remains even after the traversal of the fantasy. It is the remainder of jouissance with which the parlêtre is called to make do with.
 
Translation: Caroline Heanue

[1] In this passage, the One for Lacan “represents the sexual act at the level of the body.“
[2] Lacan. Jacques., The Seminar Book XIV, The Logic of Fantasy, lesson of 10 May 1967. Unpublished. 

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