TRACES – Luc Vander Vennet

"L’écriture est une trace où se lit un effet de langage"
— Lacan, XX, 110



INSCRIPTION / REGISTER HERE →

NLS Congrès présente

Luc Vander Vennet
Lorsque l’imaginaire fout le camp

“Le corps s’introduit dans l’économie de la jouissance par l’image du corps. C’est de là que je suis parti. Le rapport de l’homme, de ce qu’on appelle de ce nom, avec son corps, s’il y a quelque chose qui souligne bien qu’il est imaginaire, c’est la portée qu’y prend l’image."[1]

Si l’équivalence du corps et de l’imaginaire reste constante chez Lacan, le statut de cet imaginaire change fondamentalement entre l’enseignement classique et le dernier enseignement.
 
Dans l’enseignement classique l’image du miroir donne au corps une unité qui est le support du Moi. Cet imaginaire et la jouissance jubilatoire de la bonne forme, est subordonné au primat du Symbolique. Le dérèglement imaginaire est voué à être élevé dans le symbolique qui y met un ordre et résorbe la jouissance.
 
Dans la perspective borroméenne il y a un trou dans le Symbolique qui n’apparaît que comme une gravitation des signifiants autour d’une jouissance, impossible à dire[2]. Dès lors, ce qui fait tenir ensemble n’est plus le système symbolique mais la consistance imaginaire. [3] L’adoration du corps propre – principe de l’imagination[4] – procure au parlêtre l’idée d’avoir un corps. Cette idée de soi comme corps, ce que l’on appelle Ego[5], n’est qu’une pure consistance mentale qui voile que le corps nous est étranger et fout le camp à tout instant. [6]
 
C’est de cela que nous témoignent ceux chez qui la rupture de l’Ego, par défaut de la croyance à une ment-alité, libère le rapport imaginaire. [7] Comme ce sujet qui se promène dans le couloir et voit, au fur et à mesure qu’il avance, son corps s’éloigner de lui de plus en plus dans un couloir qui se prolonge infiniment.
 
Je vous invite d’aller voir le court film (15’) de Jérémy Clapin qui s’appelle Skhizein (Youtube). L’impact d’une météorite sur le corps du personnage principal a comme conséquence que l’imaginaire fout le camp. A partir de ce moment son corps se situe à exactement 91 cm de lui. Cela demande une réorganisation complexe de son monde. Aussi du cabinet de son analyste ! Ce rapport dérangé au corps était déjà présent dans son premier film Une histoire vertébrale. Son dernier film qui vient d’apparaître, J’ai perdu mon corps, nous démontre qu’il fait de ce thème son escabeau.

 

[1] Lacan J., « La Troisième », (1974), Revue La Cause freudienne n° 79, 2011, p. 22
[2] Zenoni A., Image du corps – corps imaginaire, Le corps parlant. Sur l’inconscient au XXie siècle, Collection rue Huysmans, Paris, 2015, p. 144
[3] Miller J.-A., « Pièces détachées », Revue La Cause freudienne, n° 60, 2005, p. 168
[4] Lacan J., Le Séminaire, Livre XXIII, Le sinthome, Seuil, Paris, 2005, p. 66
[5] Ibid., p. 150
[6] Id., p.66
[7] Ibid., p.154
TRACES >>>

NLS Congress presents

Luc Vander Vennet
When the Imaginary clears off

"The body enters the economy of jouissance through the image of the body. That was my starting point. If there is something that clearly underlines that the relation of man, or what goes under this name, to his body is imaginary, it is the scope taken on by his image." [1]
 
The equivalence of body and imaginary remains constant in Lacan, but the status of this imaginary changes fundamentally between his early and later teaching.
 
In early Lacan the image in the mirror provides the body with a unity that supports the Ego. This imaginary, and the jubilant jouissance of a good form (la bonne forme), is subordinated to the primacy of the Symbolic. The imaginary disorder is destined to be elevated in the  symbolic which puts an order on it, and resorbs jouissance.
 
In the Borromean perspective, there is a hole in the Symbolic that only appears in the gravitation of the signifiers around a jouissance which is impossible to say. [2] From then on what holds things together is no longer the structure of the symbolic but the consistency of the imaginary. [3] The adoration of the body itself – the principle of imagination[4]- provides the parlêtre with the idea of having a body. This idea of self as a body, what is called the Ego, [5] is nothing more than pure mental consistency, which veils that the body is always foreign to us and clears off at any moment. [6]
 
This is what we are told by those in whom a rupture of the Ego, by default of the belief in a mentality, liberates the imaginary relation[7] Like this subject, for example, who walks down the corridor and sees, as he advances, his body moving further and further away from him, in a corridor that goes on forever.
 
There is a short film by Jérémy Clapin, called Skhizein. It’s 15 minutes long and is available on YouTube. A meteorite crashes on the body of the main character. As a result the Imaginary clears off. From that moment on, his body is exactly 91 cm away from him. This requires a complex reorganization of his world. Also of his analyst's office! This disturbed relationship to the body was already present in Clapin’s first film, Backbone Tale (Une histoire vertébrale). His latest film, I lost my body, shows us that this theme has become his escabeau.
 
Translated by Christos Tombras & Eva Reinhofer.

 

[1] Lacan J., ‘The Third’, Lacanian Review 7, 2019, p. 97.
[2] Zenoni A., ‘Image du corps – corps imaginaire’, Le corps parlant. Sur l’inconscient au XXIe siècle, Collection rue Huysmans, Paris, 2015, p. 144
[3] Miller J.-A., ‘Pièces détachées’, Revue La Cause freudienne, n° 60, 2005, p. 168
[4] Lacan J. The Seminar of Jacques Lacan, Book XXIII: The Sinthome, Polity Press, Cambridge, 2016, p. 52
[5] Ibid., p.129
[6] Ibid., p.52
[7] Ibid., p.133
TRACES >>>
INSCRIPTION / REGISTER HERE →
Facebook Facebook
Twitter Twitter
NLS NLS
Our mailing address is: 
accueil@amp-nls.org
Join NLS Messenger

 unsubscribe from this list

Copyright © 2020 NLS.
All rights reserved.


Back to list