TRACES – Myriam Mitelman

L’écriture comme effet du langage sur le corps

"L’écriture est une trace où se lit un effet de langage"
— Lacan, XX, 110



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Myriam Mitelman
L’écriture comme effet du langage sur le corps

Dans la mesure où l’intelligibilité des manifestations de l’inconscient relève de procédés d’écriture, tentons de saisir quelque chose des effets de la langue sur le corps à partir de là.
 
A lire la passionnante histoire de l’écriture de Clarisse Herrenschmidt, Les trois écritures : langue, nombre, code [1] l’on saisit que, si l’écriture a été inventée à des fins de savoir, de comptage, de mémoire, ce n’est pas sans intégrer diversement le corps parlant dans cette symbolisation. L’écriture sumérienne en effet intègre à la graphie l’image du corps, tandis que l’écriture syllabique privilégie le point de vue de l’auditeur, notant ce qui de la langue est entendu, alors que les alphabets consonantiques, constitués de racines sémantiques, produisent des lettres représentant des « non-sons », qui requièrent la mise en jeu du corps (souffle, voix) pour leur énonciation.
 
L’on peut noter que l’histoire de l’écriture se caractérise par une disjonction d’avec le sens : si la graphie sumérienne entretient une certaine correspondance entre les objets du monde et la part de langage rendue visible par l’écriture, l’alphabet consonantique s’émancipe déjà de l’image, tandis que le système syllabique puis l’alphabet grec produisent un système de notation totalement affranchi du sens, réalisant ce que C.Herrenschmidt appelle « la désunion entre les choses du monde et les choses du langage ».
 
L’inépuisable histoire de l’écriture, à laquelle Lacan renvoie sans cesse son lecteur, nous enseigne, à partir de ce nouvel ouvrage, que dans une analyse, ce n’est pas le signifiant qui est à lire (celui-ci s’entend ou s’écoute), ni la lettre au sens de notre alphabet — cette acception ne rendrait compte ni de l’apport du livre de C.Herrenschmidt, ni des notions que Lacan convoque à propos de l’écriture : missive, trait unaire, trace —, mais les effets de la séparation  entre les choses du langage et les choses du monde, produits en quatre millénaires par la lente production d’un alphabet indifférent au sens, dont les rapport au corps dans son opacité sont les énigmes mêmes qui se déchiffrent dans les cures.

 
[1] Herrenschmidt C., Les trois écritures : Langue, nombre, code, Paris, Gallimard, 2007.
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Myriam Mitelman
Writing as an Effect of Language on the Body

To the extent that the intelligibility of the manifestations of the unconscious emerges from the processes of writing, let us attempt to grasp something of the effects of language on the body.

Upon reading the passionate history of writing Les trois écritures : langue, nombre, code [1] by Clarisse Herrenschmidt, we come to understand that if writing was invented for the aims of knowledge, counting, and remembering, this is not without having incorporated diversely the speaking body in this symbolization. Indeed, Sumerian writing has the body image in its spelling, syllabic writing promotes the auditor’s point of view, by noting what is heard in language, whereas consonantal alphabets, constituted by semantic roots, produce letters representing the “non-sounds”, which require putting the body into play (breath, voice) for their enunciation.

We can thus note that the history of writing is characterized by a disjunction with and of meaning: if Sumerian spelling maintains a certain correspondence between the things of the world and the part of language made visible through writing, the consonantal alphabet is already emancipated from the image, whereas the syllabic system and then the Greek alphabet produce a system of notation that is totally freed of meaning, what Herrenschmidt calls “the disunity between the things of the world and the things of language”.

The inexhaustible history of writing to which Lacan constantly refers his reader, teaches us, starting from this new work, that in an analysis, it is not the signifier that is to be read (this can be heard or listened to), neither the letter within the meaning of our alphabet –this meaning would neither give an account of the contribution of Herrenschmidt’s book, nor of the concepts that Lacan summons with regard to writing: missive, unary trait, trace –, but the effects of separation between the things of language and the things of the world, produced during four millennia by the slow production of an alphabet that is indifferent to meaning, whose relation to the body in its obscurity are the same enigmas that become deciphered in the cures.
 
Translated by Yannis Grammatopoulos
Reviewed by Eva Reinhofer and Joanne Conway

[1] Herrenschmidt C., Les trois écritures : Langue, nombre, code, Paris, Gallimard, 2007.
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