Congrès de
la NLS à Gand, 17 & 18 Mai 2014
Paru dans La
Lettre Mensuelle, Mars 2014 (Une des trois questions autour du thème du Congrès)
1.
« Il n’y a pas d’Autre de l’Autre » : en 2014, quelles
conséquences pour le psychanalyste et la psychanalyse?
« Il n’y a pas d’Autre de l’Autre » : cette formule est
présentée par Lacan dans son Séminaire VI comme « le grand secret
de la psychanalyse »1, révélant un écart par rapport à Freud,
aux postfreudiens et à lui-même, dans la mesure où il établit une coupure à
partir de laquelle il ne considère plus que l’ordre symbolique contient en soi
l’élément que garantirait la Loi au sein de la structure du langage.
Mais, en
2014, ceci n’est plus un secret : « celui-ci s’explicite sous nos
yeux »2. Un des paradoxes de notre époque est que l’on trouve
partout ; d’un côté, proclamation, célébration, exigence,
revendication de l’inexistence de La Norme, de La Loi, du Nom ; et d’un
autre côté, les conséquences féroces des divers modes d’incarnation de ces
figures de l’Autre de l’Autre. Ce paradoxe et ses effets peuvent être relevés
dans le champ scientifique, politique et social3. C’est l’époque des
non-dupes et de leur errance, celle des fondamentalistes et leur Père qui mène
au pire…
Selon
Jacques-Alain Miller, c’est le renoncement de Lacan à sa passion pour la Loi
qui ouvre la voie au réel du désir dans le fantasme comme étant la voie propre
à une psychanalyse.
« Une
psychanalyse – dit Lacan – c’est ce qu’on attend d’un
psychanalyste »4, et il ajoute :
« c’est que
ce qu’on attend d’un psychanalyste, ça dépend de l’idée qu’on se fait d’un
psychanalyste […] C’est ça la formation du psychanalyste […] l’expérience de ce
qu’on attend d’un psychanalyste, quelle fonction cela joue-t-il dans la
formation du psychanalyste, c’est-à-dire dans ce que le psychanalyste doit
savoir de lui-même en tant que psychanalyste. »4
La question
devient alors : comment s’élaborent les conséquences de ce savoir
particulier, « il n’y a pas d’Autre de l’Autre », dans chaque
cure ? Cela, nous espérons l’entendre en acte, celui de chacun et chacune
qui prendra la parole à Gand dans l’effort de cerner, en première personne, ce
qui ne peut se dire…
Florencia Fernández Coria
Shanahan
1 Comme l’indique J.-A. Miller dans sa
présentation du thème du congrès de Gand « L’Autre sans Autre »,
Mental, n° 30, novembre 2013.
2 Ibid.
3Laurent É., « El
sentimiento delirante de la vida », Colección DIVA, Bs. As., 2011.
4Lacan J., Intervention au Congrès de Strasbourg en octobre 1968,
publiée dans Lettres de L’École freudienne, n° 6, 1969, p. 42-48.