Vers le congrès de la NLS : le XXe Séminaire du Champ freudien en Ukraine
Les manifestations violemment réprimées sur la place de l'Indépendance à Kiev n'ont pas arrêté les participants au XXè Séminaire du Champ freudien en Ukraine à venir en nombre dans la capitale. Plus de cinquante participants pour ses deux jours de travail intense avec le président de la NLS, attendu et accueilli généreusement comme peuvent le faire ceux qui n'ont pas tout. Des collègues russes de Moscou et de St Petersburg avaient également fait le déplacement.
Après le mot d'accueil du nouveau président du Groupe du Champ freudien, Yuri VOLNIK, Dominique Holvoet a développé l'argument du prochain Congrès de la NLS. Partant de l'orientation donnée par Jacques-Alain Miller à Athènes, il a mis en valeur le tournant décisif du Séminaire VI qui inaugure le démantèlement progressif par Lacan de l'ordre symbolique patiemment étayé jusque-là. Quelle portée donner à la formule de Miller que l'Autre est sans Autre et quelle conséquence en tirer pour l'expérience analytique? La mise en valeur du fantasme permit un développement sur la nature de l'objet (a) comme produit d'une automutilation, part sacrifiée qui connaîtra les développements féconds que l'on sait dans les séminaires ultérieurs. Des questions nourries et pointues ont montré l'intérêt des participants et leur appréhension sérieuse de l'enseignement de Lacan.
Irina RYMAR a assuré l'exercice de discipline du commentaire avec le choix judicieux d'un passage du Séminaire VI dans lequel Lacan fait valoir que l'expérience du sujet avec l'Autre, ses dons comme ses refus, n'épuiseront jamais le manque qui existe au niveau du signifiant, où pourtant le sujet se constitue comme tel (p. 441, S VI). Ce fut l'occasion de commenter le recours au fantasme comme champ où le sujet trouve à consister, au delà de l'imaginaire, dans un certain rapport au réel qu'il déduit de son analyse.
Vint ensuite la présentation de cinq cas cliniques par Igor VINOV de Kiev, Vitaly STRIGA de Donetsk, Nina KOKOJLO de Kiev, Irina GNATUK de Kiev et Yuri VOLNIK de Lougansk. Les questions de la salle étaient là encore nombreuses et fines, discutant d'un côté la construction du cas, de l'autre la position du praticien. Chacun cherchait en outre à repérer la dimension du fantasme telle que développée dans les présentations théoriques, fantasme à ciel ouvert dans de nombreux cas, non dégagé dans les cas où le refoulement venait voiler l'objet.
Il était passer 19h00 quand il fallu se résoudre à conclure dans une ambiance de travail intense et rare.
Les membres se sont retrouvés le lendemain matin pour une réunion institutionnelle dans une ambiance conviviale et constructive, jetant notamment des ponts entre les pays de langue russe – ce que permis la présence des collègues de Russie. Le projet d'organiser un intercartel en langue russe sous l'égide de la NLS fut à nouveau évoqué.
Enfin ce WE de travail n'aurait pas été possible sans la participation constante et soutenue de Maryna RYMAR qui a assuré une traduction d'excellence avec rigueur et discrétion.
Formons le voeux que le groupe Ukrainien poursuive son développement avec encore plus de détermination et au fur et à mesure des franchissements de chacun de ses membres dans leur propre analyse – seule chose qui fasse réellement progresser la psychanalyse. Chacun pris le chemin du retour alors que la statue de Lénine se brisait sur la place de l'indépendance. La psychanalyse, elle, donne une réponse étayée à l'urgence du siècle, celle une par une mais pas sans l'Autre qu'élabore chaque analysant confronté au réel.
DH