Vers le Forum Européen / Towards the European Forum – Turin – Domenico Consenza

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Politique de la psychanalyse, psychanalystes en politique et passage de discours

 

 Domenico Cosenza

 

 

Dans sa Conférence de Madrid du 13 mai 2017 (1), Jacques-Alain Miller parle d’un risque en acte, toujours imminent, concernant le psychanalyste : l’asservissement inconscient à un S1 provenant du champ de la politique. Un S1 auquel il s’identifierait en tant qu’individu, un S1 qui, en place d’agent, rendrait ainsi de fait l’opérativité de l’analyste subordonnée et fonctionnelle au discours de maître. C’est un risque dont J.-A. Miller a donné plusieurs exemples au cours de ces derniers mois, depuis qu’il a entamé la nouvelle phase de son enseignement – celle dite du passage à JAM 2. Il a en particulier mis l’accent sur le risque d’un lien identificatoire des analystes à un parti ou mouvement politique qui pourrait lier, à son insu, le savoir de l’analyste aux exigences du discours du maître. Cette subordination au discours du maître peut prendre diverses formes.

Une version en serait une subordination auxiliaire, au sens où les philosophes médiévaux pensaient la philosophie comme ancilla theologiae. Dans cette perspective, la psychanalyse peut fonctionner comme une discipline justifiant les idées avancées par un parti ou mouvement politique, susceptible de transformer l’analyste, souvent malgré lui, en une sorte d’agent idéologique. Le savoir analytique risque de devenir dans ce cas un savoir au service du maître du moment.

 

 

Une version en serait une subordination auxiliaire, au sens où les philosophes médiévaux pensaient la philosophie comme ancilla theologiae. Dans cette perspective, la psychanalyse peut fonctionner comme une discipline justifiant les idées avancées par un parti ou mouvement politique, susceptible de transformer l’analyste, souvent malgré lui, en une sorte d’agent idéologique. Le savoir analytique risque de devenir dans ce cas un savoir au service du maître du moment.

 

Une autre version peut se manifester sous la forme d’une stérilisation politique de la psychanalyse. Là, l’analyste apparaît comme clinicien pur, neutre, immunisé dans sa pratique contre les vicissitudes du monde dans lequel il vit. Il s’agit d’une version possible de la belle âme qui peut capter l’analyste. Cette position ne prend pas en compte le fait que c’est au symptôme qu’il a affaire tous les jours dans sa rencontre avec l’analysant – symptôme qui, comme le soulignait J.-A. Miller dans la Conversation dArcachon, a la structure même du lien social (2).

 

Dans la perspective introduite par J.-A. Miller, il y a quelque chose me semble-t-il de radicalement différent quand il nous propose, à partir de la Massenpsychologie de Freud, de « faire exister la psychanalyse dans le champ politique » (3). Ce vecteur ouvre le champ à une « clinique de la civilisation », encore à construire mais dont nous pouvons trouver les mathèmes dans Lacan. Pour ce faire, il me semble absolument précieux de se référer en particulier, comme l’a rappelé Rosa Elena Manzetti dans son texte d’ouverture au débat vers le Forum de Turin (4), au plus « politique » des Séminaires de Lacan : le Séminaire XVII, L’envers de la psychanalyse.

 

Nous pouvons y repérer deux dérives possibles grâce aux mathèmes des quatre discours. Ils nous permettent de situer logiquement une variété de phénomènes historiques et sociaux qui impliquent la psychanalyse et mettent à l’épreuve son statut de discours.

La première dérive est précisément celle liée à l’identification à un S1 mis en position dominante, encore plus problématique quand un tel positionnement devient chronique, adialectique, inhibant la rotation d’un quart de tour des mathèmes et s’opposant dès lors au passage d’un discours à un autre. Dans ce registre, conformément à la Massenpsychologie freudienne, se manifestent à des degrés divers d’intensité toutes les formes de lien social dans lesquelles l’identification au maître induit une désubjectivation directement proportionnelle de l’individu, qui atteint sa forme extrême dans les totalitarismes et fondamentalismes centrés sur la référence à un leader charismatique.

Une autre dérive, très présente dans la société contemporaine, est donnée par la chronicité du discours sous sa forme universitaire, à travers l’installation tout aussi désubjectivante du signifiant impersonnel S2 en place d’agent. Dans ce registre, on peut reconnaître les effets dégradants du scientisme et de la technocratie, mais aussi de la bureaucratie et de la standardisation élevés au rang de paradigme totalisant, qui ravalent le sujet au rang de déchet. Nous ne mesurons que trop bien, au travers des batailles que nous avons conduites et que nous poursuivons, les effets ravageants des politiques gouvernementales visant à réglementer l’exercice des professions thérapeutiques et la santé mentale.

La psychanalyse en tant que praxis politique contre les effets néfastes de la chronicisation idéologique du discours, rendant possible la remise en cause du sujet à partir du transfert, à partir d’un changement de discours. La démocratie, condition d’existence de la psychanalyse, est structurellement liée à cette dynamique de changement discursif, qui permet la rectification de la position du sujet en le décollant des identifications aliénantes dont il est captif. Quand le pouvoir établi exclut ou persécute la possibilité de cette dynamique, la psychanalyse voit le terrain de son exercice miné. C’est pourquoi, d’une part, la psychanalyse a besoin de la démocratie comme condition d’existence et, d’autre part, le désir de démocratie est noué au désir de l’analyste.

1 : Miller J.-A., « Conférence de Madrid », Lacan Quotidien, n° 700, 20 mai 2017.

2 : Cf. La Conversation d’Arcachon. Cas rares : les inclassables de la clinique, Paris, Agalma, coll. Le Paon, 1997, p. 193.

3 : Miller J.-A., « Conférence de Madrid », op. cit.

4 : Manzetti R. E., « Vers le forum “Désirs décidés pour la démocratie en Europe” », Lacan Quotidien, n° 743, 6 octobre 2017.

 

 

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Politics of Psychoanalysis, Psychoanalysts in Politics and Change of Discourse

 

Domenico Consenza

 

 

 

During the Conference in Madrid on May 13th, JAM intervenes in relation to a risk in the act, always imminent, which may concern the psychoanalyst: the unconscious submission to a S1 coming from the field of politics (with which he, as an individual,  is identified). S1 is installed in this way, also for him, in the place of the agent, making in fact the operability of the analyst in this field to be subordinated and functional to the discourse of the master.

 

It is a risk that Miller, in recent months, that is, since he has started the new phase of his teaching – the step from JAM1 to JAM2 – has indicated in several examples. Among them, in particular, he highlighted the risk of an analyst’s identification link with a political party or movement, which could make the analyst’s knowledge, without even realizing it, to operate subjected to the demands of the Master Discourse. This sub-alternity can take various forms. One version would be an auxiliary sub-alternity, in the sense that medieval philosophers thought of philosophy as “ancilla theologiae”. In this version, psychoanalysis can function as a discipline that justifies the discourse promoted by a political party or movement, running the risk of converting the analyst, often in spite of itself, into a kind of ideological agent, and his knowledge into a knowledge at the service of the master on duty.

 

Another version could be, for example, the one that may be at stake in the form of a political sterilization of psychoanalysis. In this perspective, the analyst presents itself as pure clinical, neutral, immunized in its practice of the vicissitudes of the world in which it lives. This is a possible version of the beautiful soul, which can capture it, insofar as it does not take into account that which he faces daily when encountering his analysands, namely, the symptom, as Miller recalls in the Arcachon Conversation, which has the same structure as the social link.

 

It seems to me that the perspective “to make psychoanalysis exist”, that Miller introduces us to at the Madrid conference,  is something radically different from Freud’s Mass Psychology. In my opinion this vector opens up the field to a “Clinic of Civilization”; a field that is entirely to be built, but some of whose mathematics we can situate in Lacan’s teachings. In particular, it seems absolutely precious to me to refer to, as Rosa Elena Manzetti recalled in her opening text to the debate towards the Forum of Torino, to the most political among the Seminars of Lacan: Seminar XVII, The Other Side of Psychoanalysis. In particular, there are two possible drifts that we can locate thanks to the mathematics of the four discourses, which allow us to logically place a variety of social-historical phenomena that concern psychoanalysis, testing its property as discourse.

 

The first drift is precisely that link to the identification with a S1 located in a dominant position, and even more problematic since such positioning is chronicled, becoming a-dialectic, opposing the movement of the discursive circulation, that is, the change of discourse. In this spectrum is manifested in various degrees of intensity, in line with the Freudian Mass Psychology, all forms of social bond in which identification with the master leads the individual to a degree of de-subjectivation directly proportional to the position itself, which finds its extreme in the various forms of totalitarianism and fundamentalism centered on the reference to a charismatic boss or leader.

 

Another drift, very present in contemporary society, occurs when the University discourse becomes chronic, through the installation of the impersonal signifier S2 in the place of the agent –dynamic equally de-subjectifying. In this spectrum we can recognize the degrading effects of scientism and technocracy, but also of bureaucracy and standardization, elevated to a totalizing paradigm that degrades the subject to the place of ‘waste’. With regard to the latter, we know well, from the battles fought and others in progress, the effects on government policies aimed at regulating the exercise of the therapeutic professions in the field of Mental Health. Psychoanalysis as a political practice works on the nefarious effects of the ideologies of discourse, becoming chronic, enabling the subject to question the transference and a change of discourse.

 

Democracy as a condition for the existence of psychoanalysis is structurally linked to this dynamic of discursive change, which allows the rectification of the subject’s positions, detaching it from the alienating identifications in which it is captured. When this margin of movement is foreclosed or pursued by the constituted power, psychoanalysis finds a mined ground where it cannot be exercised. For this reason, democracy is necessary as its condition of existence, and the desire for democracy is knotted with the desire of the analyst.

 

 

Translation: Isolda Alvarez, LC Miami

Reviewed by: Liliana Kruzsel, LC Miami

 

 

 

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