Compte rendu du 1er Séminaire de la NLS en Bulgarie

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Compte rendu du Premier séminaire de la New Lacanian School en Bulgarie
par Theodora Pavlova  –  Sofia, le 1er février 2013
 
Introduction à la question des psychoses

 

Sous la présidence de Dominique Holvoet, Psychanalyste, Président de la New Lacanian School, membre de l’École de la Cause Freudienne. Premier séminaire de la NLS à la Société Bulgare de Psychanalyse d’orientation Lacanienne, Groupe Affilié à la NLS.

Le 1er février dernier, dans la salle de l’Institut Français de Sofia, s’est tenu le Premier Séminaire de la New Lacanian School en Bulgarie, après plus d’une décennie de Séminaires du Champ freudien. Ce premier Séminaire de l’Ecole en Bulgarie, qui s’inscrit comme activité préparatoire au Congres de la NLS à Athènes (18 et 19 mai 2013 sur le thème “Le sujet psychotique à l’époque Geek, typicité et inventions symptomatiques”), a été marqué par la parution du recueil « Les psychoses. Les avancées de la psychanalyse lacanienne » dont la présentation officielle a eu lieu le soir même.

Le séminaire de la NLS a conservé l’excellent exercice de discipline du commentaire introduit dans les Séminaires du Champ freudien. Deux exposés portaient sur le commentaire de deux phrases du premier chapitre de ce Séminaire de Lacan, proposées par Dominique Holvoet. Ils nous ont introduits dans le vif du sujet avec « l’accent que Lacan met sur le piège du sens et de l’expérience brute ». Le Dr. Bilyana Metchkounova, psychiatre et membre de la NLS et de la SBPL, nous a présenté un exposé très riche et approfondi sur la critique de la notion de compréhension de Jaspers que Lacan fait dans cette première leçon. Elle a accentué le rapport que le sujet a avec sa propre parole et sur la valeur première du signifiant. De même, le Dr. Lubomir Joupounov, pédiatre et membre de la SBPL, a poursuivi avec un développement large sur la nature de l’aveu que le sujet fait dans l’expérience analytique qui « n’est nullement pré-conceptuelle » et « pure », comme Lacan nous l’indique au début du Séminaire III[1] mais déjà bel et bien structurée.

Le travail s’est poursuivi avec l’exposé de Dominique Holvoet, centré sur le concept de forclusion, sur la Verwerfung freudienne de « L’homme aux loups » pour lequel Lacan précise qu’elle « se distingue de la Verneinung, laquelle se produit à une étape très ultérieure »[2]. Dominique Holvoet a détaillé dans un premier temps l’élaboration du concept de forclusion qui deviendra majeur dans la psychanalyse et par laquelle Lacan introduit un nouvel abord de la psychose. Il s’agit donc de la doctrine classique de la forclusion, telle que Lacan la formalise dans le séminaire III. Elle porte sur un signifiant – le Nom-du-Père – qui a comme fonction de stabiliser la langue, de capitonner le rapport signifiant – signifié. Dans la suite de son exposé, Dominique Holvoet a dessiné la perspective sur la deuxième partie de l’enseignement de Lacan « dont la doctrine ne porte plus sur le signifiant mais sur l’objet ». Ce remaniement théorique, comme il l’a souligné, est passé par le chemin de la pluralisation du Nom-du-père et de la formalisation de ses quatre discours, plus le discours capitaliste – « Une fois le Nom-du-Père pluralisé, ce qui vient à la place c’est ce qu’on peut appeler un symptôme ». Dans la perspective du futur congrès de la NLS à Athènes, Dominique Holvoet a terminé son exposé sur la question du traitement de la psychose qui est avant tout un auto-traitement et sur la place du praticien dans l’accompagnement de la « typicité » et des « inventions symptomatiques » du sujet psychotique.

Les deux cas cliniques qui ont été présenté dans l’après-midi nous ont permis d’éclaircir plusieurs points de la partie théorique du séminaire. Milena Popova, psychologue dans le Centre pour enfants et adolescents, géré par le Dr. Metchkounova, nous a parlé d’une fille de 10 ans qui se plaint des cris de sa mère et qui demande que quelqu’un « guérisse sa vie ». Dans une discussion très intéressante et enseignante sur les difficultés de symbolisation et les solutions imaginaires de cette jeune fille, Dominique Holvoet a relevé la question sur l’importance de l’ordre de ces difficultés et les statuts forts différents qu’un même énoncé peut avoir. Ainsi, sans donner une réponse à la question « est-ce qu’il y a « oui » ou « non » cette admission primaire d’un signifiant ou est-ce que, au contraire, le réel est passé de l’autre côté et les cris de la mère sont devenus des cris de l’Autre », Dominique Holvoet a souligné la nécessité de rester prudent et de ne pas « trancher définitivement et trop vite le diagnostic pour laisser la possibilité que la construction qui est à l’œuvre puisse se déployer ».

Après avoir parlé sur les nuances dans la tonalité de la langue que ce premier cas présentait, nous avons continué le séminaire sur la place que le praticien a dans l’accompagnement du sujet psychotique et ses inventions. Ivan Nenchev, interne en psychiatrie dans une clinique à Berlin, nous a parlé de Mme V. sous le titre « Comment une psychose se stabilise-t-elle ? ». Il s’agit d’une femme, âgée de 52 ans, admise en psychiatrie sous contrainte et dans un « état psychotique aigu» après une longue phase de rémission. Dans ce texte passionnant, nous étions frappés par la grande intelligence de cette dame par rapport à sa psychose qu’elle appelle sa « labilité »  et par le « tact et la subtilité du psychiatre dont l’écoute permet à la patiente de lui donner la clé de sa stabilisation ». Grâce aux commentaires de Dominique Holvoet et aux questions posées de la part des participants, la discussion s’est poursuivie sur la question de l’identification imaginaire « qui maintient une certaine vitalité mais qui peut produire des effets délirants » et le traitement par la lettre qui « laisse de côté la dimension du sens ».

Nous remercions chaleureusement Dominique Holvoet pour sa participation, sa présentation, ses précisions et ponctuations lors de ce séminaire. Nos remerciements vont également aux collègues qui nous ont présenté leurs textes et études de cas ainsi qu’à Guy Poblome [3] qui a poursuivi ce riche travail lors du laboratoire CIEN les deux jours suivants. La préparation pour le congrès de la NLS se poursuit ! Nous y serons nombreux !

 

Théodora Pavlova

[1] Lacan J., Le Séminaire, Livre III, Les Psychoses, Paris, Seuil, p.17.
[2] Lacan J., op. cit., p.21.
[3] Compte rendu du labo CIEN paru dans nls-messager n°663.fr

 

 

 

 

 

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