*Eric Laurent parle à Tel Aviv de

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Vous trouverez ci-dessous un compte rendu de la réunion organisée la veille du Congrès de Tel Aviv à l’Université à l’invitation de nos collègues israéliens. Eric Laurent y poursuit sa conversation rigoureuse avec les neurosciences afin de maintenir la psychanalyse vivante dans ce débat. Vous pourrez lire combien la dimension de la perte n’est pas seulement à situer comme le font les neurosciences dans l’hypothèse d’un déficit neuronal explicatif, mais plus radicalement est à situer comme perte de jouissance originaire dont le sujet est précisément la réponse ! 
Ce compte rendu que nous devons à nos collègues du GIEP sera utile pour la suite des travaux de la NLS en préparation du Congrès d’Athènes. L’exposé qu’Eric Laurent a donné deux jours plus tard, le 16 juin, en clôture du Congrès et qui servira de fondement pour notre travail vers le prochain Congrès sera publié dans les deux langues de la NLS dans le courant de ce mois d’octobre ainsi que le titre définitif, l’argument et la publication de l’affiche… patience et surprises !
 
Dominique Holvoet
Président de la NLS
 
 
 
 
 

La Lecture des pertes

À propos du livre d’Eric Laurent, Lost in Cognition

         

Le jeudi 14 Juin, 2012 s’est tenue à l’Université de Tel-Aviv une rencontre qui avait précédé l’ouverture du Xe Congrès de la NLS, intitulé « Lire un symptôme ». Cette réunion a été organisée autour de la traduction en hébreu du livre Lost in Cognition d’Eric Laurent. La réunion  accueillit  l’urgence de faire le lien au transfert vers l’Ecole Une. Urgence symbolique, celle de mettre en jeu la relation de chacun à la cause analytique ; urgence imaginaire, celle de répondre où  est le corps dans le nœud borroméen ; et urgence d’un « réel affecté par sa nomination ».

Le début de la réunion fut marqué par des problèmes techniques dans la salle, en raison de l’absence de microphones. Chose qui était particulièrement défavorable aux interprètes. L’ouverture de la conférence se fit de manière informelle. Ce fut à Eric Laurent, récemment arrivé en Israël, qu’il échut de présenter les traducteurs de son livre en hébreu : Nehama Guesser, Perla Miglin, Ilana Rabin, Dafna Amit Selbst, et Schlomo Liber. Le Professeur Uri Hadar, qui était à la fois l’hôte et un des conférenciers de cette réunion, nous présenta sa position sur les tensions existant entre le pôle des sciences cognitives (et sa prééminence dans le discours universitaire) et le pôle psychanalytique. Les questions posées par l’assistance fournirent le matériel de débats fructueux et opportuns.

Le XXIe siècle, celui du cognitivisme et des neurosciences, ne modifie pas le domaine du savoir en général, mais bien ceux de la politique, de l’éducation, et de la clinique. Ces trois domaines qui, pour Freud, sont les arts de l’impossible : psychanalyser, éduquer, gouverner.

Ensuite, Marco Mauas nous présenta son exposé sur le livre de Michael Hagner « Der Geist bei der Arbeit » (2010), « l’esprit au travail », traduit de l’allemand et publié en hébreu sous le titre « Le Cerveau humain ». Marco Mauas nous a dit que Hagner donnait une vision historique de ce que l’on appelle les neurosciences et que sa lecture était principalement une prise de distance, une interrogation sévère sur la représentation visuelle des fonctions physiques et psychologiques du cerveau.

Dans sa présentation, le Dr Itzhak Binyamini nous a fait part de faits et arguments tangibles qui incarnent, et mettent en évidence, l’impasse du statut du savoir universel. Il fut confronté à ces faits lors de l’entrée de son fils en maternelle. Afin que tout soit possible pour ce paradigme scientifique, il faut exclure toute référence au sujet de l’inconscient, au ratage, à l’impossible, comme condition du sujet parlant. J.-A.Miller, dans l’argument de présentation au Xe Congrès de la NLS, montre que si l’on peut parler d’une sorte d’être, c’est de l’être du langage, ce qui crée un certain tournant.

Dans le chapitre « Perte et Cognition », E. Laurent fait valoir que « le cognitivisme de Chomsky est une chose, et les thérapies cognitives en sont une autre. Lacan maintient le dialogue avec la conception de Chomsky et s’en écarte. L’idée que les langues ont en commun la possibilité de l’émergence de la science, est complètement différente de celle qui considère que ce qu’elles ont en commun est une grammaire générative en tant qu’organe de la langue. Cette idée de Lacan est cruciale, selon Laurent. Ce que les langues ont en commun, ce n’est pas une grammaire générative mais bien la possibilité de la science. Les langues naturelles mobilisent le nombre, et c’est le nombre qui permet alors la possibilité de la science. »

 Quand on s’approche de la façon dont Lacan parle de sa lecture de Descartes, en accordant une attention particulière aux détails des « Méditations Métaphysiques », cela donne un nouvel éclairage à cette œuvre, et ainsi on en déduit que le sujet de l’énonciation est le fondement de la science.

Dans son livre, E. Laurent critique trois hypothèses, trois manières d’accéder à l’avenir de la psychanalyse, et en propose une de plus. La première conception qu’il critiqua fut celle d’Eric Kandel, qui proposa un titre très explicite en avril 1999 : « Biologie et avenir de la psychanalyse ; nouveau cadre pour la psychiatrie ». C’est un projet tout à fait cohérent : il s’agit de l’avenir de la psychanalyse du point de vue de la perspective partielle, celle qui appartient à sa place scientifique dans le domaine des sciences du cerveau. Il s’appuie sur les recherches dans le domaine du registre de la mémoire à l’intérieur du système nerveux. Ce qui lui valut le prix Nobel. Selon Kandel, ce que Freud appelle l’inconscient a, à partir de maintenant, une traduction scientifique supplémentaire : ce sont les empreintes laissées par les évènements extérieurs sur le système nerveux. C’est ainsi qu’il considère la totalité de l’expérience humaine comme une série d’apprentissages – de base pavlovienne – qui s’accumulent et fournissent la base matérielle du système inconscient. Kandel souligne que ceci revient à la proposition de Freud dans son « Projet de psychologie pour les neurologues », écrit en 1900. Kandel n’est pas psychanalyste, mais a étudié les textes de psychanalyse. En réalité, tout tourne autour d’un cercle d’intellectuels new-yorkais, composé d’analystes comme David Rapaport, qui étudia avec un groupe de jeunes dans les années cinquante. Ensemble, ils firent des recherches sur le « Projet de Psychologie » de Freud au moment où ses écrits étaient à nouveau découverts et traduits. Ce cercle de jeunes comptait des gens très capables ; il y avait parmi eux deux prix Nobel, Eric Kandel et Daniel Kahneman. Ce dernier qui avait, à l’époque, quitté Israël pour étudier aux Etats-Unis, avait été recruté dans le cercle de ces jeunes capables et doués. Finalement, deux modèles ont émergé de ce premier travail réalisé sur le projet de Freud : (1) l’économie comportementale de Daniel Kahneman et (2) la théorie de l’apprentissage d’Eric Kandel. Il convient de rappeler que ces deux courants sont fondés sur cette lecture des textes de Freud. À cette époque Lacan lisait les textes de Freud pour les convertir en l’avenir de la psychanalyse. Mais il en a fait une lecture différente de celle des jeunes du cercle Rapaport. Pour Lacan qui se basait sur les recherches des linguistes modernes, ce que Freud appelait des traces du système nerveux étaient en réalité les signifiants du langage. Il nous reste aujourd’hui deux façons de lire l’inconscient freudien : soit il est inscrit dans le corps, dans le système nerveux ou dans d’autres systèmes du corps ; soit il est hors du corps, il est Autre. Cela ressemble à ce qui se passe dans la linguistique. Soit on estime que l’interprétation du texte est dans la tête ; soit on considère qu’elle est en dehors de la tête. Pour les philosophes logiques comme pour Hilary Putnam, le sens est à l’extérieur, il n’est pas inscrit dans le corps.

Le premier concept qu’il a critiqué à partir de l’orientation lacanienne, était la réduction de l’inconscient et sa place dans le corps. Il partageait l’opinion de ceux qui s’opposaient aux théories de l’apprentissage, comme celle de Chomsky, selon lesquelles on ne peut expliquer la parole, le savoir que nous avons à propos de la langue sur base de l’apprentissage, et il inventa un organe de la langue qui n’est pas le regard de l’inconscient freudien. Cependant, son opposition entre le fini de l’apprentissage et l’infini de la langue est toujours valide. C’est aussi délicat par rapport aux mathématiques. Certains disent qu’il est possible d’étudier les mathématiques par l’apprentissage et la répétition. Au début, il y aurait des modules neuronaux simples, universels, qui permettent une protonumération. Puis il y aurait des métaconcepts et d’autres structures. Les mathématiciens eux-mêmes distinguent particulièrement l’aspect de l’apprentissage et l’isolent de la certitude de la pensée qui aboutit dans la démonstration et qui ne peut s’apprendre. En France, un grand mathématicien, Alain Connes, s’est opposé à la théorie neuronale. Il s’opposait à la théorie de l’apprentissage et, en passant, justifiait ainsi la raison pour laquelle les mathématiciens se convertissaient spontanément en disciples de Platon. Il est certain qu’il existe un monde des mathématiques qui existe en dehors, qui n’est pas un organe du corps.

La résistance de l’inconscient freudien à l’apprentissage est due au fait que le corps s’articule sur ce qui est en dehors. Le sens provient de ce mouvement de va-et-vient avec le corps, ce qui en sort : non seulement l’objet oral, anal, le regard, ou ce qui pénètre dans les yeux, mais aussi la pulsion qui attire l’attention, et qui aide le corps à s’articuler avec l’objet extérieur qui est l’Autre de la langue, l’Autre de la mathématique, l’Autre de la lettre. Il a critiqué la seconde conception, qui se trouve à l’intérieur de la psychanalyse : celle de la neuropsychoanalyse, qui considère que ce que nous avons appris sur le rôle de l’amygdale (ou de l’hypothalamus), que ce qui importe c’est le contrôle de l’émotion ou les relations de la division du système limbique ou système de contrôle du cortex frontal. En fait, cela remonte aux instances freudiennes, le ça, le moi et le surmoi. Le contrôle est le surmoi, le système limbique est le ça, et le moi, entre l’amygdale et l’hippocampe vers le cortex cérébral. Si c’était le cas, la psychanalyse ne serait pas compliquée, elle serait plutôt mécanique, et l’on n’aurait pas besoin de se déranger pour s’intéresser à ce sujet.

Sur les perspectives des sciences du cerveau, il y a aussi des précisions intéressantes sur la façon de se passer du moi. Car, au fur et à mesure de l’évolution des sciences du cerveau, on propose des modules séparés de traitement, de thèmes distincts, sans qu’un centre apparaisse clairement. Il y aurait des modules distincts, un module de traitement de l’anxiété, un autre module pour le traitement cognitif par imitation, un autre pour le traitement des couleurs, un autre pour les odeurs. Comme l’a fait remarquer un chercheur de Harvard : nous n’avons aucune idée de l’endroit où tout cela pourrait être unifié. Ainsi le Moi ne peut être l’un qui unifie. C’est précisément la raison pour laquelle la psychanalyse a essayé de trouver une autre voie. Freud l’a appelé : le moi inconscient, et Lacan l’a appelé « le sujet ».

La troisième critique est celle qui vient de la découverte du système nerveux comme système doué de « plasticité » : il est dans un état ​​de changement permanent. Certains pensent alors proposer un modèle du sinthome et de la répétition à partir de la plasticité neuronale. Le sinthome pourrait provenir d’une erreur de réenregistrement, et la répétition freudienne serait ce que l’on appelle, dans les sciences du cerveau, la reconsolidation des traces mnésiques. À cette application mécanique, à cette traduction d’un champ dans un autre, je donne le nom de « fausse synonymie » et je propose un point de vue différent. Je propose de faire la distinction entre les domaines des sciences du cerveau et de la psychanalyse. Les neurosciences décrivent les mécanismes se déroulant à l’intérieur du corps et renouvellent l’articulation entre le somatique et le système nerveux. Elles amènent à critiquer le point de vue erroné d’un cerveau qui dirigerait le corps et autres choses intéressantes. Cependant, ce qui compte vraiment dans l’expérience analytique, c’est la façon d’aborder ce qui est en dehors du corps, ce qui affecte le corps par les organes qui le relient. Quant à l’avenir de la psychanalyse, l’essentiel consistera en discussions avec les neurosciences sur ces questions de la relation entre l’Autre du langage et le corps, ce que Lacan appelle la faille épistémo-somatique.

Il semble donc que l’avenir des neurosciences n’est pas bloqué par les théories de l’apprentissage, mais par la production d’objets que l’on commence à voir apparaître comme des postiches en guise d’extensions des organes d’adaptation du corps au monde. Des postiches qui permettront aux sujets paralysés de se déplacer, de bouger des bras ou des mains artificiels commandés par des signaux forts, chose qui sera très utile. Il n’y aura pas de postiches en ce qui concerne l’objet oral, anal, le regard et la voix. Les objets libidinaux qui sont au cœur de l’expérience analytique mettront au défi les postiches psychanalytiques.

Dans le débat qui a suivi, le Professeur Uri Hadar a déclaré que malgré le fait que lui-même, tout comme Chomsky, approche ​​le langage comme un phénomène distinct, il est d’accord avec le Dr. Laurent que l’on perd quelque chose de l’essence lorsque l’on étudie la psyché avec les méthodes des sciences cognitives, et ce quelque chose c’est la question du sujet, de l’être du sujet, de la subjectivité. En outre, après avoir lu Lost in Cognition  il a demandé à des collègues neurocognitivistes s’ils reconnaissaient que les méthodes des neurosciences cognitives ne pourraient pas résoudre le problème d’être un sujet, même lorsqu’ils examinaient la conscience et la capacité de gestion, considérés comme constituants de la subjectivité. Et ils ont tous convenu que la neuroscience cognitive ne peut pas trouver une réponse adéquate aux problèmes de la subjectivité : elle est incapable de la définir convenablement ni de décrire son développement ou sa réhabilitation. Les sciences cognitives ne peuvent se substituer à la psychanalyse dans la recherche du sujet et de la subjectivité. Mais, contrairement à Laurent, selon le Professeur Hadar on perd aussi quelque chose si l’on ignore les sciences cognitives. Il voulait consacrer le reste de la discussion son objet a à décrire ce qui est perdu si on écarte les sciences cognitives.

Les sciences cognitives ses détracteurs et ses défenseurs sont du même avis dissèquent de façon objective la psyché et/ou l’être humain. Elles objectifient la psyché lorsqu’elles étudient ses régularités, sa logique sous-jacente et sa logistique. Il est difficile d’imaginer ou de décrire ce que veut dire pour un être humain d’être sans subjectivité, excepté, évidemment, si nous l’imaginons mort. Ou sinon, vivant uniquement avec les fonctions du tronc cérébral sans cortex, uniquement avec les fonctions circulatoires, respiratoires et métaboliques. Mais, évidemment, il n’y a pas beaucoup de psychologie dans cette situation. Les choses deviennent plus intéressantes du point de vue de la psychologie quand on étudie les gens qui souffrent d’aphasie totale ou d’asymbolie totale (suppression de sa fonction symbolique au sens lacanien). Cela se produit parfois après une lésion cérébrale massive. Dans ce domaine, dans lequel il est quelque peu un expert, le Professeur Hadar estime qu’aucune autre discipline n’a fait mieux que les sciences cognitives pour décrire et comprendre la perte des fonctions cognitives supérieures, y compris le langage et la parole, à la suite de lésions cérébrales. Même en étant d’accord que les sciences cognitives ne peuvent pas comprendre la subjectivité.

Eric Laurent répondit que le Professeur Hadar avait, dans son intervention, exprimé une position à la fois subtile et forte, qui rassemblait les deux parties de cette division de façon très convaincante. Eric Laurent se montra partagé sur cette question. D’une part, il appréciait la perspective qui proposait de se référer aux sciences cognitives basées sur l’étude de ce qui se passe lors de la perte de certains mécanismes neuronaux. Ces pertes peuvent s’appréhender comme des métaphores de la subjectivité : ce n’est pas Un qui s’ajoute, mais plutôt un moins, quelque chose qui ne peut s’inscrire. Ainsi, Damasio a basé ses travaux sur l’orientation cognitive en s’appuyant sur la perte des fonctions corticales du discours. Oliver Sachs transmit de manière superbe l’expérience subjective de ceux qui ont perdu des pans entiers de la fonction corticale en leur donnant une voix particulière qui résonne dans le fait que la subjectivité du locuteur repose sur une perte. Pour Laurent, la leçon la plus intéressante à tirer de la direction prise par la recherche mène au contact avec la fierté narcissique de ceux qui croient n’avoir rien perdu. C’est un apport à la santé, comme l’expérience analytique. Cela fait partie du traitement de l’anxiété par la perte. Et de ce point de vue, lorsque les sciences cognitives ont à leur service des plumes comme celles de Sachs et Damasio, elles en viennent à faire partie de l’arsenal de la subjectivité moderne quand on doit les considérer avec l’angoisse de la perte, qui est l’angoisse de la vie. C’est l’expérience humaine comprise, non pas comme une accumulation d’apprentissages, mais comprise radicalement comme une perte. Le sujet de l’inconscient, c’est ce que l’on propose pour rendre compte de cette perte. Dans l’inconscient freudien, le sujet est réponse à la perte radicale de jouissance d’où surgit le sujet.

Alors que le Professeur Hadar parlait de l’expérience de l’amnésie globale avec déficit cognitif dû à une lésion corticale, on pourrait, du point de vue analytique, prendre l’expérience clinique de l’amnésie de l’identité sans lésions corticales. Le tableau clinique de l’amnésie de l’identité présente l’étonnant paradoxe du sujet qui peut faire usage de tout son savoir, les langues étrangères, les mathématiques, tout en ne sachant pas que lui c’est lui. On n’oublie pas les apprentissages de toutes sortes, mais on oublie tous les souvenirs, y compris ceux qui sont personnels.  Le tableau clinique de la clinique classique ressemble un peu à l’inverse du point de départ de Descartes, dans une situation naturelle, clinique. Descartes distinguait le savoir, qu’il pouvait mettre en doute, de la certitude du Moi, dont il ne pouvait douter : « Cogito, ergo sum ». L’amnésie d’identité est l’inverse ; les savoirs sont préservés tandis que le moi se perd. C’est un doute hyperbolique de l’ « ergo sum ».

 

 

Transcription du texte d’Eric Laurent : Amram Guli et Dafna Amit Selbst
Compilation : Perla Miglin et Antoni Vicens
Texte revu par Eric Laurent.

 

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