TRACES – Bernard Seynhaeve

"L’écriture est une trace où se lit un effet de langage"
— Lacan, XX, 110



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Bernard Seynhaeve
Nommer ce qui peut agrafer le n
œud

En tant que retour du refoulé s’appuyant sur les signifiants de mon histoire, j’inventai mon symptôme dès la tendre enfance. Le désir de ma mère permit que mon symptôme trouva à s’épanouir dans le projet de devenir prêtre, avec pour conséquence de me voir refuser l’accès à l’autre sexe, façon métaphorique d’assumer la castration.Il y avait pour moi urgence à entrer en analyse… comme on rentre au séminaire.

Mon analyse démarra en trombe par une production de l’inconscient, un rêve qui avait surgi à la suite d’une intervention de l’analyste et relevait du cauchemar.

J’en donne le récit :
« Je déambule dans le couloir du Refuge de la Sainte Famille – c’est l’hôpital où ma mère a accouché de tous ses enfants. Ce couloir a la forme de la lettre L, il est carrelé en damier, des carreaux branlants, noirs et blancs. Je me déplace en veillant à ne pas marcher sur les joints. Je ressens tout à coup le besoin pressant d’uriner. Les toilettes sont à l’angle du L. Elles se présentent avec deux portes, une sur chaque côté du L. Il faut choisir une porte. Je pénètre dans les toilettes et me mets à uriner dans la cuvette sans pouvoir m’arrêter. La cuvette déborde et je me réveille en train d’uriner au lit. »

Comme on s’en aperçoit, dans ce récit, s’isole la lettre L, lettre prélevée dans une missive qui présida à l’union de mes parents. « Occupe-toi d’elle » avait écrit mon oncle, amant de ma mère, à son frère, avant de se faire tuer à la guerre. Son frère devint donc mon père. Cette lettre L, surgie de l’inconscient au moment du rêve d’entrée dans la cure… je l’isolais. Cette lettre L ne constitue pas seulement une identification « tu es cela » mais un je souis cela dans mon corps. Cet L est ce qui noue la lettre au corps. On voit que le L, qui revient trois fois dans le rêve, est une équivoque, ELLE, dont je fais mon nom de jouissance, mon sinthome. Sinthome qui insistera par ailleurs pendant toute la durée de la cure, sous la forme du symptôme de la marche sur les bordures des trottoirs.

Concernant le rêve, la réduction du sens efface le mythe et donc la domination de l’Autre et de la modalité du nécessaire. Cette réduction permet alors une écriture qui est hors sens et liée au ravinement du noyau traumatique contingent qui fait l’« os » du sinthome.

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Bernard Seynhaeve
To name what can staple the knot

I invented my symptom from early childhood as a return of the repressed based on the signifiers of my history. My mother's desire made it possible for my symptom to flourish in the project of becoming a priest, with the consequence of my being denied access to the other sex, a metaphorical way of assuming castration. There was an urgency for me to enter into analysis… as one enters the seminary.
 
My analysis got off to a flying start by a production of the unconscious, a dream that had arisen as a result of the analyst’s intervention and turned into a nightmare.

I give the account of it here:
"I wander through the corridor of the Refuge de la Sainte Famille – it's the hospital where my mother gave birth to all of her children. This corridor has the shape of the letter L, it is tiled in checkerboard, loose black and white tiles. I move around taking care not to step on the joints. I suddenly feel the urge to urinate. The toilet is at the corner of the L. It has two doors, one on each side of the L. It is necessary to choose a door. I enter the toilet and start urinating in the bowl without being able to stop. The bowl overflows and I wake up urinating in bed.”
 
As we can see, in this account, the letter L, taken from a letter that presided over the union of my parents, is isolated. My uncle, my mother's lover, had written to his brother – before he was killed in the war – "Take care of her". So his brother became my father. This letter L, which arose from the unconscious at the moment of the dream of entering the cure… I isolated it. This letter L is not only an identification "you are that" but an I submit [je souis] to that in my body. This L is what ties the letter to the body. We see that the L, which comes back three times in the dream, is an equivocation, ELLE [SHE], of which I make my name of jouissance, my sinthome. Sinthome that will also insist throughout the duration of the cure, in the form of the symptom of walking on the curbs of footpaths.
 
Concerning the dream, the reduction of meaning erases the myth and thus the domination of the Other and the modality of the necessary. This reduction then allows a writing that is outside of meaning and linked to the gullying of the contingent traumatic nucleus which makes the “bone” of the sinthome.
 
Translated by Joanne Conway

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