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Je rapportais la situation d’un jeune enfant qui me souciait car je ne voyais pas de quelle façon il allait pouvoir s’extraire de sa position à l’endroit de sa mère. J’étais sur le pas de la porte du cabinet de mon contrôleur lorsque je lui dis : « il m’angoisse », ce à quoi il me fut répondu d’une voix douce : « je ne vous conseille pas l’angoisse ». 

L’intervention du contrôleur était profondément paradoxale, elle avait donc une touche de réel. Elle contenait en effet une antinomie foncière : l’angoisse ne relève pas du conseil. Quand on est angoissé, on l’est, et tous les conseils du monde ne désangoissent pas un sujet angoissé. J’ai donc réalisé que mon angoisse relevait d’une décision de ma part, d’un choix d’occuper une place qui ne me revenait pas. Mon angoisse était celle de la mère de ce jeune enfant et par conséquent c’est à la place de cette mère que je me trouvais.


Jean Luc Monnier


* * *


I had brought up the situation of a young child, who was worrying me because I couldn't see how he could extract himself from his position regarding his mother. At the door of my supervisor's office, I said to him: ‘He's making me anxious’, to which he replied in a gentle voice: ‘I don't advise you to be anxious’. 

The supervisor's intervention was profoundly paradoxical, so it had a touch of the real. It contained a fundamental antinomy: anxiety has nothing to do with advice. When you're anxious, you are it, and all the advice in the world won’t relieve an anxious subject. So I realised that my anxiety was the result of a decision on my part, a choice, to occupy a place that wasn't mine. My anxiety was that of the mother of this young child, and consequently I had found myself in the place of this mother.


Jean Luc Monnier



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Je présente le cas d’une femme qui a maille à partir avec son mari dont elle se plaint, indiquant au contrôleur un détail qui s’impose : l’apparition d’une mauvaise humeur à mon encontre. Qu’ai-je fait ? Le contrôleur attrape au vol le fait que j’ai souligné à l’analysante les raisons que pourrait avoir son mari dans cette querelle. Il dit : « Ne jamais intervenir sur le partenaire d’un sujet ! » Lors d’un second contrôle, relayant cette fois-ci un peu trop la plainte de l’analysante concernant sa mère, il dit : « Ne vous mêlez pas de sa vie amoureuse ! » Certes, sous le mari opérait une liaison inconsciente à la mère, mais si le partenaire peut être symptôme ou ravage, il n’est certainement pas le personnage de la réalité du sujet.


Éric Zuliani


* * * 


I present the case of a woman who was arguing with her husband and complaining about him. I indicated to the supervisor a detail that stood out: the appearance of a bad mood towards me. What have I done? The supervisor picks up on the fact that I pointed out to the analysand the reasons her husband might have for the quarrel. He said, “Never interfere with a subject's partner!” At a second supervision, this time relaying a little too much the analysand's complaint about her mother, he says: “Don't meddle in her love life!” Behind the husband was an unconscious relation with the mother, that is clear, but, if the partner can be a symptom or a ravage, he is certainly not the person in the subject's reality.


Éric Zuliani




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Le rhinocéros, ce fut d’abord moi, lorsque j’ai eu l’audace de commencer à recevoir comme analyste et que je me suis décidé à aller en contrôle. Mon contrôleur m’a dit, un jour, et sans ménagement : « Sachez que la solitude de l’analyste n’a rien à voir avec celle de la direction d’une institution  ! » 

A la sortie de ce contrôle, je me suis rendu à ma séance d’analyse. J’étais meurtri et j’ai dit à mon analyste que je venais de me faire engueuler par mon contrôleur. « Vous savez, m’a-t-il dit, alors que je le quittais, nous sommes tous des apprentis ». Cette phrase a fait interprétation, elle est restée pour moi gravée dans le marbre. Je ne l’oublierai jamais.  Et, depuis que je reçois moi-même en contrôle, elle résonne toujours. Quand je ne comprends rien à ce qu’un contrôlé me raconte, je lui demande son opinion. Le contrôleur est lui-même avant tout un apprenti.


Bernard Seynhaeve 


* * *


The rhinoceros was first of all me, at the time when I had the audacity to start receiving patients as an analyst and decided to go for supervision. One day, my supervisor told me bluntly: “You should know that the analyst's solitude has nothing to do with the solitude of someone directing an institution!” After this supervision, I went to my analysis session. I was crushed and told my analyst that I had just been told off by my supervisor. “You know”, he said, as I was leaving, “we are all trainees”. That sentence was an interpretation and has remained set in stone for me. I'll never forget it. And since I've been receiving my own supervisees, it still resonates. When I don't understand what a supervisee is telling me, I ask him for their opinion. The supervisor is first and foremost a trainee.


Bernard Seynhaeve






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Stupéfaction


Début des années soixante-dix. Fraîchement diplômée et enchantée d’avoir été admise comme psychologue thérapeute dans un prestigieux lieu institutionnel orienté pas la psychanalyse, je reçois des adultes.

Une jeune femme m’est confiée en traitement. Tout commence très bien. Elle s’engage d’emblée et ne manque jamais un rendez-vous. Au bout d’un an, la situation se renverse. Elle pleure sans arrêt et me fait des griefs : j’ai ruiné sa vie méchamment et sciemment. Stupéfaite, je reçois ses reproches et attends en silence que les cinquante minutes consacrées s’écoulent. Je fais un contrôle et m’entends dire « Vous n’avez pas interprété l’Œdipe ! » Je n’avais fait rien d’autre que cela !

J’ai alors compris que la psychanalyse, c’est autre chose, qu’il me fallait aller ailleurs pour me former. Élucider le déclenchement d’une paranoïa sous transfert demande en effet la prise en compte de la structure et la dimension de la jouissance, entre autres.

Cette jeune femme m’a poussée vers la sortie. Direction Paris.


Esthela Solano-Suarez


* * *


Stunned


It is the early seventies. Freshly qualified and delighted to have been admitted as a psychologist-therapist in a prestigious institution oriented by psychoanalysis, I was seeing adults.

A young woman was entrusted to me for treatment. Everything began very well. She was committed from the outset and never missed an appointment. After a year, the situation changed. She cried non-stop and complained that I had maliciously and knowingly ruined her life. Stunned, I listen to her reproaches and wait in silence for the fifty minutes to pass. I go to supervision and hear them say, “You haven't interpreted the Oedipus!” I had done nothing but that!

I thus understood that psychoanalysis was something else, and that I had to go elsewhere to learn. Elucidating the triggering of a paranoia under transference requires taking into account the structure and the dimension of jouissance, among other things.

This young woman pushed me towards the exit. Direction Paris.


Esthela Solano-Suarez




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Un jeune psychanalyste, tout frais, est en train de convenir avec sa patiente d’un prochain rendez-vous. « Puis-je emprunter votre crayon pour noter ? » lui demande-t-elle. Convaincu qu’il ne faut en aucun cas répondre à la demande, le jeune psychanalyste refuse. Néanmoins, dans les séances qui suivent, il est surpris de découvrir chez cette patiente, pourtant bien enjouée au départ, une humeur très sombre. 
Il raconte alors l’épisode à sa contrôleuse. Celle-ci marmonne avec un petit sourire : « Mais donne-lui ton crayon ! » Il se rend compte, alors, que son refus rigide de répondre à la demande au nom du « cadre » n’est que l’alibi d’une position phallique : au service à rendre à l’autre, il a fait objection de conscience [1] – et cette position fait obstacle au désir de l'analyste.  

[1] LACAN J., Le séminaire, livre XX, Encore, texte établi par J.- A. Miller, Paris, Seuil, 1975, p. 13.
Gil Caroz 


* * *        

A young, very new psychoanalyst is arranging an appointment with his patient. “May I borrow your pencil to write it down”, the patient asks him. Convinced that under no circumstances should one respond to the demand, he refuses. But in the following sessions, he is surprised to discover in this initially cheerful patient a sombre mood. 
He tells the episode to his supervisor and she mumbles with a little smile: “Give her your pencil, why not!” He then realises that his rigid refusal to respond to the demand in the name of the “analytic frame”, is but the alibi of a phallic position: he has made a conscientious objection to the service to be rendered to the other [1] – and this position hinders the analyst's desire.

[1] Lacan, J., The Seminar of Jacques Lacan, Book XX: Encore, ed. J.-A. Miller, New York / London: Norton, 1998, p.7.

Gil Caroz 



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La lettre d’(a)mur : L’Empire des sens de Nagisa Oshima

Daisuke Fukuda

La voix ou les phonations sont coupées, comme s’il y avait un mur dans sa bouche. Afin de mesurer l’importance de cet événement de corps de l’héroïne, il est à remarquer que conformément au choix d’Oshima, les geishas sont toujours présentes pendant l’accouplement  […]. Elles jouent le rôle de l’objet a faisant consister le couple et leur copulation.

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Alcibiades on the Couch

Yannis Grammatopoulos

 

If, however, Socrates introduces lack into the field of love and desire within discourse, Alcibiades’ entrance portrays a subjective suffering from this lack as an inaccessibility to the object. As Patricia Bosquin-Caroz notes, “it is exactly from the non-conjunction of desire with its object that the signification of love emerges at the end of […] the metaphor of love.”



Painful Loves – Natalie Wülfing

“Girls often say openly that their love loses value for them if other people know of it. […] The woman only recovers her susceptibility to tender feelings in an illicit relationship which has to be kept secret, and in which alone she knows for certain that her own will is uninfluenced.”

 

Freud, S., “The Taboo of Virginity” (1918), The Standard Edition of the Complete Psychological Works of Sigmund Freud, Volume XI, London: Hogarth Press, 1961, p. 203.
 
The hushed exchange of secret knowledge between women is a recognisable gesture. It is clear, the image conveys it, that this is a form of enjoyment. Love and secrets are two fundamental preoccupations for women, that are, as Freud says, entwined. Lacan posited a jouissance of which a woman cannot speak. It is less that she does not know, it is more that this jouissance points to the infinite of A barred, God. (1) She loves and enjoys beyond the sayable. As Jacques-Alain Miller puts it, “This structural secret of speech, in so far as there is something which cannot be said, is a secret on the side of women. For them, the secret can be a condition of jouissance and they can come to enjoy secrecy as such, to constitute the lie itself as object a.” (2) The lie would thus be the licit phallic semblant.

(1) Lacan, J., The Seminar of Jacques Lacan, Book XX: Encore, ed. J.-A. Miller, trans. B. Fink, New York/London: Norton 1998, p. 77.
(2) Miller, J.-A., “Of Semblants in the Relation Between Sexes,” Psychoanalytical Notebooks 3, 1999, p. 20.



Presentation of the Congress Theme / Présentation du thème du Congrès

Les amours douloureuses
Painful Loves

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Je me souviens d’un contrôle, il y a longtemps déjà. Je ne sais plus ni de qui ni de quoi je parlais. Je me souviens juste de la répartie de mon contrôleur : « Mais laissez-la parler ! » 
Cette courte phrase me revient souvent. Elle me guide. On parle toujours trop, en effet. On ne laisse pas parler. On rhinocérose ! 

Monique Kusnierek

 * * * 

I still remember a supervision from a long time ago. I no longer know about who or what I was talking about. I only remember the firm reply of my supervisor: "But let her speak!" This short sentence often comes back to me. It guides me. One actually always speaks too much. One doesn’t let speak. One rhinocerises

Monique Kusnierek




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. 16 décembre 2024 .
Secrétaire ECF - École de la Cause freudienne - Association RUP
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Intervention au Sénat sur le “mariage pour tous”
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oLe mariage pour tous, pourquoi ? De manière incisive, Jacques-Alain Miller brosse ici la toile de fond de la question

 

oUne mise au point percutante sur le thème du prochain congrès de l'AMP : "Il n'y a pas de rapport sexuel." Au niveau inconscient, il y a "un trou dans le programme". La jouissance est toujours une faille dans l’existence. Chaque être parlant doit inventer son rapport sexuel. Et les façons de l'inventer évoluent.

 

oUn pavé dans la mare concernant l'adoption et la PMA. La marchandisation des corps a toujours existé et le commerce de la conception a cours dans le monde entier. Ne pas se voiler la face est un préalable à toute régulation possible, souligne J.-A. Miller. 
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"Au niveau de la sexualité telle qu'elle est vécue, les gamètes ne sont pas plus proches que les planètes".
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Vidéo de 30' sous-titrée en anglais, espagnol, italien, portugais & français
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Cercle de Varsovie et Cercle de Cracovie – NLS

14 December – Poznań 

Séminaire Nouage  

Introduction aux paradoxes de la passe

Faire École : conversation sur le texte de J.-A. Miller 

« Introduction aux paradoxes de la passe »*


Avec la participation de :

Éric Zuliani, vice-président de la NLS,

 Maciej Kolasa, Barbara Kowalów, 

Jakub Wojnarowski & Sławomir Żukowski
Partie clinique :  
 
Anna Pigkou, psychanalyste (NLS, Athènes)
 
Borys Szumański & Magdalena Kisielewska


Comment finissent les analyses, Navarin Editeur, Paris, 2022, pp. 21–29.

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En contrôle

 

Alors que l’École garantit le rapport de l’analyste à la formation qu’elle dispense, aucun formatage de celle-ci n’est en vigueur. Ainsi, avec Lacan, au contrôle traditionnellement obligatoire s’est substitué un contrôle désiré. Pourtant, arraché aux standards promus par une certaine tradition, le contrôle n’en relève pas moins d’une préoccupation éthique.  Il s’impose, a pu dire Lacan soucieux de préserver le patient des effets délétères d’une pratique aveugle. Alors qu’il dé-standardisait la pratique du contrôle, du même mouvement, il l’instaurait comme incontournable. Dès son « Acte de Fondation », Lacan articule travail et contrôle : « Ceux qui viendront dans cette École s’engageront à remplir une tâche soumise à un contrôle interne et externe » [1]. On peut dire que plus  le contrôle s’est dérégulé, plus il s’est répandu : contrôle des travaux, de la pratique et ensuite de l’analyse. La passe étant, comme le note J.-A. Miller, « la méthode de contrôle la plus exigeante qu’ait inventée la psychanalyse » [2].

 

Pour Question d’École, nous avons choisi de nous pencher sur la pratique du contrôle en donnant la parole à des contrôlants. Nous nous  intéresserons à cette pratique pour laquelle  Lacan a préféré le terme de super-audition à celui de super-vision. Que son expérience s’effectue par des analystes confirmés ou par de jeunes impétrants, le contrôle permet à l’analyste de rester dans une position analysante et donc de travailleur. En ce sens, le contrôle garantit un lieu où s’expérimente le transfert de travail propre à une École de Psychanalyse. Il permet à l’analyste chevronné de rester sur la brèche de sa pratique tandis qu’il offre au plus jeune la possibilité de mieux s’y repérer. Au rhinocéros d’ouvrir de temps à autre un œil ! Que peuvent aussi nous enseigner les usages du contrôle après la passe ? Ne vendons pas la mèche ! Nous en saurons probablement davantage en participant à la Journée Question d’École.

 

Pour le Comité exécutif de la NLS, Patricia Bosquin-Caroz, présidente.



[1] Lacan J., Acte de fondation, Autres Écrits, Paris, éd Seuil, Le champ freudien collection fondée par Lacan, avril 2001

[2] Miller J.-A., « Qui sont vos psychanalystes ? », Paris, ed. Seuil, collection Champ Freudien, 2002, p.11.




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