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QUESTION D’ÉCOLE
L’expérience de l’École

 

 

 

« D’abord un principe : le psychanalyste ne s’autorise que de lui-même. 
Ce principe est inscrit aux textes originels de l’École et décide de sa position.
Ceci n’exclut pas que l’École garantisse qu’un analyste relève de sa formation.
Elle le peut de son chef.
Et l’analyste peut vouloir cette garantie, ce qui dès lors ne peut aller qu’au-delà :
devenir responsable du progrès de l’École, devenir psychanalyste de son expérience même ».
JACQUES LACAN
« Proposition du 9 octobre 1967 sur le psychanalyste de l’École »
Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 243.

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« L’expérience de l’École » nous vient de ce paragraphe de la « Proposition du 9 octobre 1967 », dans lequel Lacan noue de façon radicale l’École – nouvelle forme du groupe des analystes – à la formation dont elle est le lieu, en tant qu’un psychanalyste rencontre cette École comme une expérience. 

 

Il y a donc « une expérience de l’École ».
Nous nous intéresserons lors cette Question d’École 2024 aux diverses modalités sous lesquelles des psychanalystes rencontrent cette expérience :

 

– ceux qui y entrent, comment la découvrent-ils ? 
Quatre nouveaux membres nous en diront un bout, en parlant « je ».

 

– ceux qui y engagent leur responsabilité : comment construisent-ils cette expérience, avec d’autres, et pour ceux qui n’en sont pas encore ? 
Deux responsables d’une Initiative NLS, une collègue engagée dans une action « politique » délicate, et la responsable d’un des lieux d’expérience incontournable dans notre École, témoigneront à la première personne de ces prises de risque qui tiennent sur un désir.

 

– ceux qui « sont allés au-delà », comment se sont-ils fait « responsables du progrès de l’École », après avoir satisfait à l’épreuve de la passe ? 
Ce sont eux en effet qui, comme Analyste de l’École (A.E.), font entrer dans l’École, pour ses membres, un désir singulier de transmission où se fonde     « son expérience même ». Trois de nos collègues, qui ont relevé ce gant, ont accepté de répondre à cette question toujours renouvelée.

 

(Sur ces points, on se réfèrera avec profit au texte de J.-A. Miller « Analyste de son expérience même », paru dans l’ouvrage Comment finissent les analystes – Paradoxes de la passe, Navarin éditeur, Paris, 2022, p. 131-133.)

 

À suivre,
Daniel Roy


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. 18 décembre 2023 .
 
Secrétaire ECF - École de la Cause freudienne - Association RUP

 
 

 

 
"La patience est l’attitude qui s’impose face au réel, impossible à forcer. Le temps de l’impatience vient quand les morceaux de réel prennent forme de manière à ouvrir une brèche pour l’action."
 
 
VOIR LA VIDEO :
 
 
Une mise au point absolument inédite où Jacques-Alain Miller explique la “doctrine institutionnelle” qu'il a élaborée pour le Champ freudien et les Écoles de l’AMP.
 
oRépondant à de jeunes analystes argentins à l'occasion de la parution de son livre El nacimiento del Campo Freudiano (Paidós, 2023), J.-A. Miller déplie une série d'oppositions qui éclairent comment l’École peut perdurer sans stagner, en favorisant les respirations institutionnelles, les premières fois…
 
oAu-delà de principes de fonctionnement et de références historiques, on saisit qu’il s’agit d’une véritable orientation analytique pour l’institution, pariant sur le moteur premier de la transmission et de la pratique : le désir propre à chacun.
 
 
sous-titres en français, anglais, italien, portugais & espagnol
 
 

 
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Le maître aveugle
Dominique Holvoet
 

 
L’actualité présentifie plus que jamais la figure du maître aveugle dans le déchaînement de barbarie que nous renvoie quotidiennement l’objet regard contemporain électif constitué par l’écran numérique. L’écran est devenu le plus-de-jouir contemporain « mis au service du “maître de demain”, celui qui dit et montre ce qu’il convient de voir et d’entendre aujourd’hui [1] ».
 
Qu’est-ce qui nous regarde ainsi et nous fascine ? Comment le sujet contemporain est appelé, happé par ces images d’horreurs et de jouissance qui se déversent sur nos écrans ?
Lacan fait remarquer que la perception que le sujet a du monde ne tient qu’à une condition : le sujet percevant ne peut y être mis en question comme sujet percevant. « [J]e saisis le monde dans une perception qui semble relever de l’immanence du je me vois me voir. […D]ès lors que je perçois, mes représentations m’appartiennent 
[2]. » Lacan accentue cette appartenance des représentations pour faire valoir qu’en conséquence le sujet ne voit que ce qu’il veut bien voir, si je puis dire. Autrement dit, le sujet ne voit littéralement que ce qui le regarde – mais que ça le regarde, il l’ignore. Que ça le regarde est le point hors champ où se situe l’objet a.
La toile numérique démultiplie le point d’où je suis vu. D’ordinaire, c’est ce point d’où je suis vu qui est hors champ de ma représentation pour que celle-ci puisse se composer comme contemplation. La condition pour que je puisse contempler le spectacle du monde, c’est justement de ne pas me voir voyant. Sur l’écran au contraire, je suis vu de partout, l’objet a est éclaté, tout me regarde, je suis désorienté par défaut de localisation de l’objet.
 
Notre clinique est clinique du regard parce qu’elle n’est pas une clinique du visible, parce qu’elle invite à « s’abstraire de l’inéluctable modalité du visible et à renoncer à l’image au profit du signifiant 
[3] ». La sollicitation de l’analyste sera : « dites », qui laisse entendre un « qu’est-ce qui là vous regarde ? ». Des multiples tours du dit s’extrait ainsi l’objet regard fascinatoire pour mettre à nu le maître aveugle… qui est en nous.
Ce maître aveugle-là, c’est le discours de l’inconscient qui n’est autre qu’un discours de maître. Pour mettre en place l’expérience analytique, l’analyste se constitue d’abord comme S1, comme maître aveugle du déploiement de la répétition. Mais l’événement attendu sur fond de cette répétition, c’est l’événement de l’interprétation qui « accomplit l’inversion du statut de l’inconscient, cette inversion de la répétition à l’interprétation, l’inversion de la nécessité à la contingence 
[4] ». Autrement dit, l’interprétation réalise le passage du discours du maître aveugle qu’est l’inconscient au discours de l’analyste. L’analyste vient réveiller le point d’où le sujet est regardé et qu’il ignore. […]

Lire la suite … Read… 

 


[1] Roy D., Présentation du thème du Congrès NLS 2024 « Clinique du regard », disponible sur internet
https://www.amp-nls.org/wp-content/uploads/2023/06/ARGUMENT-FR.-CONGRES-2024.pdf
[2] Lacan J., Le Séminaire, livre XI, Les Quatre concepts de la psychanalyse, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, p. 76.
[3] Miller J.-A., « L’image Reine », La Cause du désir, no 94, mars 2022, p. 20.
[4] Miller J.-A., « L’orientation lacanienne. Les us du laps », enseignement prononcé dans le cadre du département de psychanalyse de l’université Paris 8, leçon du 2 février 2000, inédit.
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. 13 déc. 2023 .
Chers collègues,
 
Nous apprenons avec une grande tristesse le décès de notre chère collègue Hebe Tizio. Membre de l’ELP et de l’AMP depuis leur création, son rôle dans la formation dans le champ freudien à Barcelone et en Espagne, fut central. Elle a notamment été à l’origine de la Section clinique de Barcelone et de l’Institut du Champ freudien. Ses contributions au travail de l’Ecole et du Champ freudien sont nombreuses et comptent comme des travaux de référence. 
 
Elle fut nommée AE en 1998.  Elle a tout récemment participé au travail d’élaboration du Collège de la passe et ses interventions furent remarquables par le style de rigueur et de précision qui lui étaient propres. Nous adressons à sa famille, ses proches, ses collègues et amis de l’ELP et de l’AMP nos sincères condoléances et nos sentiments attristés. Nous partageons leur peine.
 
Christiane Alberti
Presidente de l’Association Mondiale de Psychanalyse 

ELP
Vea este mail en su navegador.

 

Estimados colegas,

Con gran pesar y conmoción recibimos la triste noticia del fallecimiento de nuestra querida colega Hebe Tizio. Pilar fundamental de la Escuela, maestra y colaboradora a la vez del devenir del Campo freudiano en Barcelona y en España, deja una gran huella. Sentiremos su pérdida.

Hebe, miembro de la ELP y de la AMP desde su creación, desempeñó numerosos cargos institucionales, incluso con anterioridad a la fundación de la Escuela. Estuvo en el inicio de la creación de la Sección Clínica de Barcelona y del ICF, de los que fue docente en muchas ciudades de España.

Mas recientemente fue Mas-uno del cartel del pase D13 de la ELP. Los colegas que la acompañaron en el trabajo del Cártel sabrán recoger sus aportaciones en el informe que esperamos podamos poner al trabajo en la Escuela.

Sus múltiples textos y sus intervenciones en la Escuela y en el ICF han acercado al psicoanálisis a muchos nuevos colegas.

En nombre de sus colegas de la ELP transmitimos nuestro más sentido pésame a sus familiares, amigos y colegas mas cercanos.

Montserrat Puig
Por el Consejo de la ELP
 

 

 
Les recordamos que pueden enviarnos sus sugerencias@elp.org.es 

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. 13 décembre 2023 .
 

 

 
Sous-titres disponibles / Subtítulos disponibles
 Legendas disponíveis / Subtitles available / Sottotitoli disponibili
 
 
Nous avons le plaisir de vous faire découvrir la quatrième émission TLMF, en direction du XIVe Congrès de l’AMP :
Folie et psychiatrie
Avec Ligia Gorini et Guy Briole
Présentée par Carole Dewambrechies-La Sagna 

TLMF, Tout le monde est fou. Une série d’émissions où des collègues de l’AMP s’expriment sur des questions cruciales pour la psychanalyse – cliniques et épistémiques – articulées au thème de notre congrès.
Bimensuelles, les émissions TLMF seront diffusées le mercredi à 17h jusqu’à la veille du Congrès.
Restez connectés !

 
 
Tenemos el agrado de hacerles descubrir la cuarta emisión TLMF, en dirección del XIV Congreso de la AMP:
Locura y psiquiatría
Con Ligia Gorini y Guy Briole
Presentada por Carole Dewambrechies-La Sagna
TLMF, Tout le monde est fou. Una serie de emisiones en las que colegas de la AMP se expresan sobre cuestiones cruciales para el psicoanálisis – clínicas y epistémicas – articuladas al tema de nuestro congreso.
De frecuencia bimensual, las emisiones TLMF serán difundidas los miércoles a las 17 hs,
hora de París, hasta la víspera del Congreso.
¡Permanezcan conectados!
 
 
Temos o prazer de lhes apresentar o quarto programa TLMF, em direção ao XIV Congresso da AMP :
Loucura e psiquiatria
Com Ligia Gorini e Guy Briole
Apresentado por Carole Dewambrechies-La Sagna
 
TLMF, Tout le monde est fou. Uma série de programas nos quais colegas da AMP se exprimem sobre questões cruciais para a psicanálise – clínicas e epistêmicas – articuladas ao tema de nosso congresso.
Bimensais, os programas TLMF serão transmitidos nas quartas-feiras às 17 horas, hora de Paris, até a véspera do Congresso.
Fiquem conectados!

 
 
We're delighted to introduce you to the fourth TLMF programme, ahead of the XIVth WAP Congress :
Madness and psychiatry
With Ligia Gorini and Guy Briole
Presented by Carole Dewambrechies-La Sagna
 
TLMF, Tout le monde est fou. A series of programmes in which WAP colleagues discuss crucial issues for psychoanalysis – clinical and epistemic – linked to the theme of our Congress.
The fortnightly TLMF programmes will be broadcast on Wednesdays at 5pm Paris time,  until the eve of the Congress.
Stay tuned!

 
 
Abbiamo il piacere di farvi scoprire la quarta puntata di TLMF, verso il XIV Congresso dell'AMP:
Follia e psichiatria
Con Ligia Gorini e Guy Briole
Presentata da Carole Dewambrechies-La Sagna
 
TLMF, Tout le monde est fou. Una serie di puntate dove dei colleghi dell'AMP si esprimono su alcune questioni cruciali per la psicoanalisi – cliniche e epistemiche – che si articolano al tema del nostro congresso.
Bimestrali, le puntate di TLMF saranno mandate in onda il mercoledì alle 17:00, ora di Parigi, fino a qualche giorno prima del Congresso.
Rimanete connessi!

 
 
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. 10 décembre 2023 .
 

 
Tout le monde est fou est le titre du Congrès de l’Association Mondiale de Psychanalyse qui aura lieu, événement virtuel, du 22 au 25 février 2024.
L’aphorisme de Lacan pêché par Jacques-Alain Miller dans un écrit de 1978 est ainsi complété : « Tout le monde est fou, c’est-à-dire délirant ». La clameur et l’effroi du temps n’y contreviennent pas mais c’est aussi à la finesse de la clinique que nous mesurerons la portée d’une telle formule.
Le Congrès se déroulera en simultanées, les 22 et 23 février, et en plénières, les 24 et 25
février. Vous serez nombreux à participer à l’événement et pour ne pas en perdre une miette il est nécessaire de se repérer à l’horloge que nous nous proposons ci-dessous.
 
 
Todo el mundo es loco es el título del Congreso de la Asociación Mundial de Psicoanálisis, que tendrá lugar – como acontecimiento virtual – del 22 al 25 de febrero de 2024.
El aforismo de Lacan, que Jacques-Alain Miller recoge de un escrito de 1978, se completa del siguiente modo: “Todo el mundo es loco, es decir, delirante”. El clamor y el espanto de estos tiempos no lo contradicen, pero es también en la sutileza de la clínica donde mediremos el alcance de tal fórmula.
El Congreso se celebrará en salas simultáneas los días 22 y 23 de febrero, y en plenarias los días 24 y 25 de febrero. Muchos de ustedes participarán del acontecimiento y, para no perderse ni un detalle, deberán orientarse por el reloj que figura a continuación.

 
 
Todo mundo é louco é o título do Congresso da Associação Mundial de Psicanálise que
ocorrerá, como evento virtual, do 
22 ao 25 de fevereiro de 2024.
O aforismo de Lacan pescado por Jacques-Alain Miller em um escrito de 1978 se completa assim: « Todo mundo é louco, ou seja delirante ». O clamor e o espanto do nosso tempo não o contradizem, mas é também à fineza da clínica que nós mediremos o alcance desta fórmula.
O Congresso acontecerá em sessões simultâneas, dias 22 e 23 de fevereiro, e em sessões plenárias dias 24 e 25 de fevereiro. Muitos de vocês participarão do evento e, para ter certeza de não perder nada, é preciso orientar-se pelo relógio que propomos aqui abaixo.

 
 
Everyone Is Mad is the title of the Congress of the World Association of Psychoanalysis,
which will take place, a virtual event, from 
22 to 25 February 2024.
Lacan’s aphorism fished out by Jacques-Alain Miller in a 1978 writing is completed as follows: “Everyone is mad, that is, delusional.” The clamour and fear of the times do not contradict it, but it is also in the finesse of the clinic that we will measure the scope of such a formula.
The Congress will be held in parallel sessions on 22 and 23 February, and in plenary sessions on 24 and 25 February. Many of you will be taking part in the event, and to make sure you don't miss a beat, it is necessary to find your bearings around the timetable below.

 
 
Tutti sono folli è il titolo del Congresso dell’Associazione Mondiale di Psicoanalisi che si terrà, in virtuale, dal 22 al 25 febbraio 2024.
L’aforisma completo di Lacan ripescato da Jacques-Alain Miller in uno scritto del 1978 è « Tutti sono folli, ovvero deliranti ». Il clamore e il terrore della nostra epoca non lo contraddicono, ma è anche attraverso la finezza della clinica che misureremo la portata di questa formula.
Il Congresso si svolgerà nelle simultanee il 22 e il 23 febbraio, e nelle plenarie il 24 e il 25
febbraio. Sarete numerosi a partecipare a questo evento e per non perderne nemmeno un secondo, vi consigliamo di prendere nota dell’orario che vi proponiamo qui sotto.

 
 

 
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16 December 2023
Interpretation
with Véronique Voruz

https://my.weezevent.com/an-introduction-to-psychoanalysis

 There's still time to:


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Société hellénique de la NLS 

14 décembre 2023
 
Séminaire vers le congrès de l’AMP
 

Folisophie

 
avec Philippe De Georges




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Laure Naveau – Beauté et pudeur

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« Que le voile levé ne montre rien, voilà le principe de l'initiation (aux bonnes manières de la société, tout au moins).
J'ai indiqué le lien de tout cela au mystère du langage et au fait que ce soit à proposer l'énigme que se trouve le sens du sens.
 »

Lacan, J., « Préface à L'éveil du printemps », Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 562.

"That the raised veil shows nothing—that is the principle of initiation (at least in society's good manners). 
I have indicated the link all this has to the mystery of language and the fact that it is by proposing an enigma that one finds the meaning of meaning."

Lacan, J., "Spring Awakenings," Analysis 6, 1994, p. 33.

Beauté et pudeur                           
Réflexion sur l'obscène

Laure Naveau

 
English version… 
 

« En ces temps de misères omniprésentes,
[…] parler de la beauté pourrait paraître incongru, 
inconvenant, provocateur. 
Presque un scandale. »
François Cheng, Cinq méditations sur la beauté
 

Ultime barrière, défense dernière contre le réel, la beauté, n’y touchez-pas !, enseignait Lacan dans son Éthique [1]. Et Jacques-Alain Miller en donne une lecture magistrale lorsqu’il déchiffre pour nous en ces termes, la référence faite par Lacan à Hogarth au cours du Séminaire sur Le sinthome : « L’éthique esquissée dans Le sinthome se complète d’une esthétique. […] Ce n’est pas la paisible beauté fibonaccienne rythmée par le nombre d’or, faite pour s’accorder à l’existence stable dans l’universel, c’est la beauté hasardeuse, sinueuse et variée que Hogarth eut le génie de figurer d’une simple ligne aérienne ondulante. [2] »

Lacan, s’intéressant de près à Joyce, le déchiffre ainsi : Joyce a voulu faire « de son art […] un eaube jeddard, […] jet d’art sur l’eaube scène de la logique elle-même [3] ». Puis il introduit ainsi la question du beau, en effet avec Hogarth : « L’eaubscène. Écrivez-ça eaub… pour rappeler que le beau n’est pas autre chose. [4]» « Le nommé Hogarth, qui s’était beaucoup interrogé sur la beauté, pensait que celle-ci avait toujours quelque chose à faire avec cette double inflexion. […] Cela tiendrait à rattacher la beauté à quelque chose d’autre que l’obscène, c’est-à-dire au réel. [5] »

Bien qu’obscène donc – est obscène ce qui offense la pudeur – le beau constitue une barrière contre le réel, à condition de n’y point toucher…

Mais les barrières, aujourd’hui, ne cessent d’être franchies, et le voile de la pudeur de se déchirer, nous laissant désemparés devant une certaine horreur, barbarie à visage inhumain. Ce qui ne peut ni ne doit être vu est exposé cependant dans une jouissance de la transgression jusque-là inédite. Pas d’esthétique dans la guerre.

L’éthique de la psychanalyse est alors ici convoquée comme éthique du regard, beauté et pudeur définies comme barrières à ne point franchir.

N’est-ce pas ce que Daniel Roy nous rappelle dans son bel argument de notre prochain Congrès, lorsqu’il convoque le geste inaugural de Freud proposant à ses patients le passage au divan, et installant ainsi le regard hors-champ du visuel, « objet séparé, séparé de l’échange de la relation spéculaire [6] », objet isolé naissant ainsi d’une soustraction.

Associé ici aux termes de beauté et pudeur, le regard convoque alors cette faculté de juger propre à tout sujet digne de ce nom, jugement esthétique qui conditionne pour chacun l’attribut du prédicat beau ou laid à un objet.

Que dans cette entreprise, l’analyste, dans sa dimension hors-champ [7], y mette du sien, a son importance, et son efficace. C’est ce que l’on appelle l’interprétation. Il lui suffit, par exemple, de savoir transformer, par un Witzla poubelleen la plus belle, palea en agalma… Un autre regard devient alors possible pour le sujet, un autre relief s’aperçoit… […]

 

 

Lire la suite… Read… 

 


[1] Lacan J., Le Séminaire, livre VII, L’éthique de la psychanalyse, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 1986, p. 280 : « un beau-n’y-touchez-pas ».
[2] Miller J.-A., « Notice de fil en aiguille », in Lacan J., Le Séminaire, livre XXIII, Le sinthome, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 2005, p. 244. 
[3] Lacan J., « Joyce le symptôme », Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 568.
[4] Ibid., p. 565.
[5] Lacan J., Le Séminaire, livre XXIII, Le sinthome, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 2005, p. 69.
[6] Roy D., Présentation du thème du Congrès NLS 2024. Consultable sur le site : https://www.amp-nls.org/wp-content/uploads/2023/06/ARGUMENT-FR.-CONGRES-2024.pdf
[7] Naveau L., « Sous le regard »Manifeste pour le hors-champ, Lacan Quotidien, n76, 1 nov 2011. Consultable sur le site : https://lacanquotidien.fr/blog/2011/11/lacan-quotidien-n°76-sous-le-regard-par-laure-naveau-manifeste-pour-le-hors-champ/
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J'ai indiqué le lien de tout cela au mystère du langage et au fait que ce soit à proposer l'énigme que se trouve le sens du sens.
 »

Lacan, J., « Préface à L'éveil du printemps », Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 562.

"That the raised veil shows nothing—that is the principle of initiation (at least in society's good manners). 
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Beauté et pudeur                           
Réflexion sur l'obscène

Laure Naveau

 
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« En ces temps de misères omniprésentes,
[…] parler de la beauté pourrait paraître incongru, 
inconvenant, provocateur. 
Presque un scandale. »
François Cheng, Cinq méditations sur la beauté
 

Ultime barrière, défense dernière contre le réel, la beauté, n’y touchez-pas !, enseignait Lacan dans son Éthique [1]. Et Jacques-Alain Miller en donne une lecture magistrale lorsqu’il déchiffre pour nous en ces termes, la référence faite par Lacan à Hogarth au cours du Séminaire sur Le sinthome : « L’éthique esquissée dans Le sinthome se complète d’une esthétique. […] Ce n’est pas la paisible beauté fibonaccienne rythmée par le nombre d’or, faite pour s’accorder à l’existence stable dans l’universel, c’est la beauté hasardeuse, sinueuse et variée que Hogarth eut le génie de figurer d’une simple ligne aérienne ondulante. [2] »

Lacan, s’intéressant de près à Joyce, le déchiffre ainsi : Joyce a voulu faire « de son art […] un eaube jeddard, […] jet d’art sur l’eaube scène de la logique elle-même [3] ». Puis il introduit ainsi la question du beau, en effet avec Hogarth : « L’eaubscène. Écrivez-ça eaub… pour rappeler que le beau n’est pas autre chose. [4]» « Le nommé Hogarth, qui s’était beaucoup interrogé sur la beauté, pensait que celle-ci avait toujours quelque chose à faire avec cette double inflexion. […] Cela tiendrait à rattacher la beauté à quelque chose d’autre que l’obscène, c’est-à-dire au réel. [5] »

Bien qu’obscène donc – est obscène ce qui offense la pudeur – le beau constitue une barrière contre le réel, à condition de n’y point toucher…

Mais les barrières, aujourd’hui, ne cessent d’être franchies, et le voile de la pudeur de se déchirer, nous laissant désemparés devant une certaine horreur, barbarie à visage inhumain. Ce qui ne peut ni ne doit être vu est exposé cependant dans une jouissance de la transgression jusque-là inédite. Pas d’esthétique dans la guerre.

L’éthique de la psychanalyse est alors ici convoquée comme éthique du regard, beauté et pudeur définies comme barrières à ne point franchir.

N’est-ce pas ce que Daniel Roy nous rappelle dans son bel argument de notre prochain Congrès, lorsqu’il convoque le geste inaugural de Freud proposant à ses patients le passage au divan, et installant ainsi le regard hors-champ du visuel, « objet séparé, séparé de l’échange de la relation spéculaire [6] », objet isolé naissant ainsi d’une soustraction.

Associé ici aux termes de beauté et pudeur, le regard convoque alors cette faculté de juger propre à tout sujet digne de ce nom, jugement esthétique qui conditionne pour chacun l’attribut du prédicat beau ou laid à un objet.

Que dans cette entreprise, l’analyste, dans sa dimension hors-champ [7], y mette du sien, a son importance, et son efficace. C’est ce que l’on appelle l’interprétation. Il lui suffit, par exemple, de savoir transformer, par un Witzla poubelleen la plus belle, palea en agalma… Un autre regard devient alors possible pour le sujet, un autre relief s’aperçoit… […]

 

 

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[1] Lacan J., Le Séminaire, livre VII, L’éthique de la psychanalyse, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 1986, p. 280 : « un beau-n’y-touchez-pas ».
[2] Miller J.-A., « Notice de fil en aiguille », in Lacan J., Le Séminaire, livre XXIII, Le sinthome, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 2005, p. 244. 
[3] Lacan J., « Joyce le symptôme », Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 568.
[4] Ibid., p. 565.
[5] Lacan J., Le Séminaire, livre XXIII, Le sinthome, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 2005, p. 69.
[6] Roy D., Présentation du thème du Congrès NLS 2024. Consultable sur le site : https://www.amp-nls.org/wp-content/uploads/2023/06/ARGUMENT-FR.-CONGRES-2024.pdf
[7] Naveau L., « Sous le regard »Manifeste pour le hors-champ, Lacan Quotidien, n76, 1 nov 2011. Consultable sur le site : https://lacanquotidien.fr/blog/2011/11/lacan-quotidien-n°76-sous-le-regard-par-laure-naveau-manifeste-pour-le-hors-champ/
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