L’écriture comme effet du langage sur le corps

"L’écriture est une trace où se lit un effet de langage"
— Lacan, XX, 110



INSCRIPTION / REGISTER HERE →

NLS Congrès présente

Myriam Mitelman
L’écriture comme effet du langage sur le corps

Dans la mesure où l’intelligibilité des manifestations de l’inconscient relève de procédés d’écriture, tentons de saisir quelque chose des effets de la langue sur le corps à partir de là.
 
A lire la passionnante histoire de l’écriture de Clarisse Herrenschmidt, Les trois écritures : langue, nombre, code [1] l’on saisit que, si l’écriture a été inventée à des fins de savoir, de comptage, de mémoire, ce n’est pas sans intégrer diversement le corps parlant dans cette symbolisation. L’écriture sumérienne en effet intègre à la graphie l’image du corps, tandis que l’écriture syllabique privilégie le point de vue de l’auditeur, notant ce qui de la langue est entendu, alors que les alphabets consonantiques, constitués de racines sémantiques, produisent des lettres représentant des « non-sons », qui requièrent la mise en jeu du corps (souffle, voix) pour leur énonciation.
 
L’on peut noter que l’histoire de l’écriture se caractérise par une disjonction d’avec le sens : si la graphie sumérienne entretient une certaine correspondance entre les objets du monde et la part de langage rendue visible par l’écriture, l’alphabet consonantique s’émancipe déjà de l’image, tandis que le système syllabique puis l’alphabet grec produisent un système de notation totalement affranchi du sens, réalisant ce que C.Herrenschmidt appelle « la désunion entre les choses du monde et les choses du langage ».
 
L’inépuisable histoire de l’écriture, à laquelle Lacan renvoie sans cesse son lecteur, nous enseigne, à partir de ce nouvel ouvrage, que dans une analyse, ce n’est pas le signifiant qui est à lire (celui-ci s’entend ou s’écoute), ni la lettre au sens de notre alphabet — cette acception ne rendrait compte ni de l’apport du livre de C.Herrenschmidt, ni des notions que Lacan convoque à propos de l’écriture : missive, trait unaire, trace —, mais les effets de la séparation  entre les choses du langage et les choses du monde, produits en quatre millénaires par la lente production d’un alphabet indifférent au sens, dont les rapport au corps dans son opacité sont les énigmes mêmes qui se déchiffrent dans les cures.

 
[1] Herrenschmidt C., Les trois écritures : Langue, nombre, code, Paris, Gallimard, 2007.
TRACES >>>

NLS Congress presents

Myriam Mitelman
Writing as an Effect of Language on the Body

To the extent that the intelligibility of the manifestations of the unconscious emerges from the processes of writing, let us attempt to grasp something of the effects of language on the body.

Upon reading the passionate history of writing Les trois écritures : langue, nombre, code [1] by Clarisse Herrenschmidt, we come to understand that if writing was invented for the aims of knowledge, counting, and remembering, this is not without having incorporated diversely the speaking body in this symbolization. Indeed, Sumerian writing has the body image in its spelling, syllabic writing promotes the auditor’s point of view, by noting what is heard in language, whereas consonantal alphabets, constituted by semantic roots, produce letters representing the “non-sounds”, which require putting the body into play (breath, voice) for their enunciation.

We can thus note that the history of writing is characterized by a disjunction with and of meaning: if Sumerian spelling maintains a certain correspondence between the things of the world and the part of language made visible through writing, the consonantal alphabet is already emancipated from the image, whereas the syllabic system and then the Greek alphabet produce a system of notation that is totally freed of meaning, what Herrenschmidt calls “the disunity between the things of the world and the things of language”.

The inexhaustible history of writing to which Lacan constantly refers his reader, teaches us, starting from this new work, that in an analysis, it is not the signifier that is to be read (this can be heard or listened to), neither the letter within the meaning of our alphabet –this meaning would neither give an account of the contribution of Herrenschmidt’s book, nor of the concepts that Lacan summons with regard to writing: missive, unary trait, trace –, but the effects of separation between the things of language and the things of the world, produced during four millennia by the slow production of an alphabet that is indifferent to meaning, whose relation to the body in its obscurity are the same enigmas that become deciphered in the cures.
 
Translated by Yannis Grammatopoulos
Reviewed by Eva Reinhofer and Joanne Conway

[1] Herrenschmidt C., Les trois écritures : Langue, nombre, code, Paris, Gallimard, 2007.
TRACES >>>
INSCRIPTION / REGISTER HERE →
Facebook Facebook
Twitter Twitter
NLS NLS
Our mailing address is: 
accueil@amp-nls.org
Join NLS Messenger

 unsubscribe from this list

Copyright © 2020 NLS.
All rights reserved.


image.png

Oh dear! What is this body of Luke the needle is breaking on?

Come and see at the Congress of the NLS!

With Gérard Wajcman,

We will inject you with a cinematic dose of body! 

Oh là ! Qu’est-ce que c’est ce corps de Luke sur lequel l'aiguille se brise ?

Venez voir au congrès de la NLS !

Avec Gérard Wajcman,

Nous allons vous injecter une dose cinématographique de corps !

 



Schermafbeelding 2021-05-15 om 17.14.45.png

Patsy Van den Bogaert





Le lien Zoom pour le congrès sera envoyé la veille du congrès

 The  Zoom link for the Congress will be sent in the evening before the congress 

Register HERE – Inscrivez-vous ICI !

 

Les inscriptions seront fermés le vendredi 21 mai, 21h (Bruxelles/Paris)

  


Registrations will be closed on Friday 21th of May 9 p.m. (Brussels/Paris Time)

image-3.png

__________________________________________________________
New Lacanian School
Désinscription – Unsubscribe
Le site de la NLS website
Inscription – Sign up for the Newsletter

image.png

Depuis les sept écoles de l’AMP

"La femme n'existe pas"
–  DANS LE MONDE  –
Correspondants

 
_______________
 
 

 
Depuis les sept écoles de l’AMP, les correspondantes des Grandes Assises nous feront entendre de quelle façon la proposition de Lacan « La femme n’existe pas » résonne dans notre époque, et spécialement dans leur pays et dans leur langue.
Pour commencer, une revue de presse (en version originale et en français) épinglant un phénomène qui implique des femmes. En voici les deux premières qui nous viennent de la NEL et de l’EBP.

 

 
_______________
 
Chile : de las manifestaciones contra la violencia a la paridad
 

 
Por Alba Alfaro (NEL)
 
Chile 2019 : cuatro mujeres de 31 años dieron vida al colectivo Las Tesis. La idea original era traducir algunas tesis de autoras feministas a un formato de performance para llevarlas “de la academia a las calles”. La canción “El violador eres tú” (inspirada en la tesis de la antropóloga argentina Rita Segato) al ser presentada en el contexto de las manifestaciones sociales de 2019, produce un impacto inesperado. El video de la canción se hizo viral y fue reproducido masivamente bajo la forma de un himno por mujeres de América Latina y Europa. A partir de aquí las luchas de los movimientos feministas toman mayor fuerza política y social en Chile, confirmándose en el debate político. Una de las demandas fue la de incluir la paridad hombres-mujeres en el seno de la asamblea constituyente elegida este año y que será la encargada de redactar la nueva constitución del país. Hoy, a partir de mayo 2021, es ya un hecho. Agreguemos que, debido a las correcciones impuestas por la ley de paridad, once mujeres debieron ceder a los hombres los escaños ganados en las elecciones para la constituyente.
 
 

 

 
_______________
 
Chili : des manifestations contre la violence à la parité
 

 
Par Alba Alfaro (NEL)
 
Chili 2019 : quatre femmes de 31 ans ont donné naissance au collectif Las Tesis. Leur idée originale était de traduire certaines thèses d’auteurs féministes sous la forme de performances artistiques pour les mener « de l’académie à la rue ». La chanson « El violador eres tú », « Le violeur, c’est toi » (inspirée de la thèse de l’anthropologue argentine Rita Segato) étant très présente dans le contexte des manifestations sociales de 2019 aura ainsi un impact inattendu. La vidéo de la chanson se fait virale et sera reprise massivement sous la forme d’un hymne par des femmes d'Amérique latine et d’Europe. Dès lors, les luttes des mouvements féministes prendront plus de force politique et sociale au Chili en s’affirmant dans le débat politique. Une des revendications était d’inclure la parité hommes-femmes au sein de l’assemblée constituante, élue cette année, et qui est chargée de rédiger la nouvelle constitution du pays. C’est aujourd’hui, et depuis mai 2021, chose faite. Ajoutons que, du fait des nouvelles règles imposées par la parité, onze femmes ont finalement dû céder leur siège à des hommes à l’issue de ces élections.
 
 

 

 
_______________
 
O fim dos feminicídios em nome da honra
 

 
Por Simone Souto (EBP)
 
Há décadas atrás, no Brasil, a legítima defesa da honra era o argumento que mais absolvia homens que, alegando adultério, matavam suas mulheres. Essa tese mobilizou o movimento feminista brasileiro nos anos 70 e fez surgir o famoso slogan: “Quem ama não mata”. No entanto, as absolvições com base na legítima defesa da honra voltaram a ser frequentes depois de 2008, quando o Congresso Nacional alterou diversos procedimentos do Tribunal do Juri, prevendo, entre eles, a possibilidade de absolvição baseada em “quesitos genèricos”, abrindo espaço para que a tese de legítima defesa da honra voltasse a ser incluída como argumento de defesa.
Somente agora, em março de 2021, o Supremo Tribunal Federal (STF) decidiu, por unanimidade, a anulação de qualquer julgamento em que seja levantada a tese de legítima defesa da honra, banindo, definitivamente, a possibilidade desse tipo de alegação dos tribunais no Brasil. Caso a defesa de um acusado de feminicídio suscite essa tese, será declarada a nulidade da prova, do ato processual e do julgamento.
 

 

 
_______________
 
La fin des féminicides au nom de l'honneur
 

 
Par Simone Souto (EBP)
 
Il y a quelques décennies, au Brésil, la légitime défense de l’honneur était l’argument le plus souvent invoqué pour obtenir l’acquittement des hommes ayant tué leurs femmes supposées adultères. Cette thèse a mobilisé le mouvement féministe brésilien dès les années 70 et ce célèbre slogan : « Qui aime ne tue pas ! » Pourtant, les acquittements basés sur la légitime défense de l’honneur sont devenus récurrents depuis 2008, soit dès lors que le Congrès national a modifié plusieurs procédures de composition du Jury populaire en prévoyant, entre autres, la possibilité d’acquittement basée sur des « critères génériques », permettant que la thèse de la « légitime défense de l’honneur » soit considérée comme un argument en faveur de la défense des hommes.
Ça n’est que très récemment, en mars 2021, que la Cour suprême brésilienne décide, à l’unanimité, de l’annulation de toute sentence invoquant la légitime défense de l’honneur en rejetant définitivement, la possibilité de ce type de plaidoirie dans les tribunaux brésiliens. Ainsi, au cas où la défense d’un accusé de féminicide susciterait cette défense, on déclarerait la nullité de la preuve, de l’acte de procédure et de la sentence.

 

 

 
Copyright © 2021 Association Mondiale de Psychanalyse

 
__________________________________________________________

New Lacanian School

Désinscription – Unsubscribe
Le site de la NLS website
Inscription – Sign up for the Newsletter

image.png

Warsaw  Circle & Cracow Circle  

17 avril – via Zoom


Séminaire 

 La formation de l'analyste

__________

La Passe dans notre  École

 Témoignage de passe

avec Dossia Avdelidi

Inscriptions: kontakt@jlacan.org

image.png

_______________________________________________________


New Lacanian School

Désinscription – Unsubscribe
nls-messager-unsubscribe@amp-nls.org
Le site de la NLS website
https://www.amp-nls.org
Inscription – Sign up for the Newsletter


 

 

image.png

 
Si vous n’êtes pas déjà inscrit(e) !
 

 
Copyright © 2021 Association Mondiale de Psychanalyse

 
________________________________________________________

New Lacanian School

Désinscription – Unsubscribe
Le site de la NLS website
Inscription – Sign up for the Newsletter

image.png


ASREEP 

 Mardi – 8 juin – Genève   

Séminaire d’introduction à 

la psychanalyse d’orientation lacanienne 

 Qui interprète, quand et comment ? 

avec Yves Vanderveken

par Zoom : 19h00 à 20h30

Inscriptions : l.bornand@psy-fontenette.ch

image.png

__________________________________________________________

New Lacanian School

Désinscription – Unsubscribe
nls-messager-unsubscribe@amp-nls.org
Le site de la NLS website
https://www.amp-nls.org
Inscription – Sign up for the Newsletter


 


image.png




Congrès de la NLS 2022 


Fixation et répétition 

Argument

 

Alexandre Stevens

 

La répétition est un des quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, comme Lacan les reprend dans le Séminaire XI où il introduit avec la répétition, un nouveau mode du réel. Pour ce faire il la distingue du transfert que les post-freudiens avaient écrasé sur la répétition de figures du passé.

 

La fixation quant à elle est un terme freudien, plutôt discret dans l’usage qu’en fait Freud qui ne lui donne jamais un grand destin dans sa métapsychologie. C’est Jacques-Alain Miller, lecteur de Freud, qui lui donne une nouvelle pertinence dans sa traversée du dernier Lacan : “la jouissance (…) est un événement de corps. (…) est de l’ordre du traumatisme (…) elle est l’objet d’une fixation.” (1) Ce n’est pas la première fois qu’il prend appui sur Freud pour nous proposer un accès au dernier Lacan. Il nous avait déjà proposé en ce sens une lecture de Inhibition, Symptôme et Angoisse. (2)

 

 

Fixierung

 

Je me suis reporté à l’index des Gesammelte Werke pour trouver que la fixation est un terme qui apparait chez Freud, quasi pour la première fois, en 1905 dans Les trois essais sur la théorie sexuelle. Dans le développement de la vie sexuelle, Freud repère de premiers facteurs perturbants — étant entendu qu’elle est perturbée à des degrés divers chez chacun. Ces premiers facteurs, constitutionnels, sont encore peu précis chez Freud, mais ils contiennent ce qu’il appelle une “adhérence” aux impressions de la vie sexuelle. C’est cette “adhérence” qu’il nomme “capacité de fixation.” (3) C’est lors de rencontres ultérieures, faites “d’activation accidentelle de la sexualité infantile”, que ce matériel “peut être fixé sous la forme d’un trouble durable.” (4) 

 

Voilà la fixation, dont la structure élémentaire est ici déjà présente : il y a de premiers facteurs, ranimés par une contingence traumatique qui produit une fixation dans un symptôme dont l’élément durable nous permet de sous-entendre une répétition. “Chaque pas sur ce long chemin du développement [de la vie sexuelle] peut devenir point de fixation.” (5) Ce qui se précisera dans la suite est que ces premiers facteurs relèvent toujours d’une dimension pulsionnelle.

 

 En 1909, dans Sur la psychanalyse, qui sont ses conférences américaines, il est plus précis. Les symptômes hystériques sont décrits par lui comme “des restes et des symboles commémoratifs” d’expériences traumatiques et témoignent ainsi d’une fixation aux traumas (6). Cette fixation ne concerne donc pas seulement les signifiants du trauma, les symboles, mais aussi sa charge d’excitation, c’est-à-dire ce qu’il nomme les “restes” pulsionnels. 

 

C’est encore plus clair dans la 18ème de ses conférences d’Introduction à la Psychanalyse qui porte justement sur la fixation (7). Ce texte de 1917 est postérieur à la guerre et le lien se fait ici avec les névroses traumatiques. Comme dans celles-ci, la fixation de la libido se produit toujours à un moment traumatique et celui-ci est parfois très précoce. La pulsion est arrêtée, inhibée, et se fixe à un certain moment du développement.

 

Enfin dans Analyse avec fin et analyse sans fin, de 1937, Freud dit ceci en parlant du développement de la libido : "même dans le développement normal, la transformation ne se fait jamais complètement, de sorte que des restes des fixations libidinales antérieures peuvent être maintenus jusque dans la configuration définitive.” (8) Chez Freud, la fixation est ainsi toujours liée à la répétition d'un trait libidinal particulier qui a été traumatique, c’est-à-dire qui a concerné l’irruption d’un réel. Mais toutefois il arrête la visée de l’expérience analytique au roc de la castration, sans aller au-delà, sans viser ce point de fixation. C’est Lacan qui va mener l’analyse au-delà jusqu’à dénuder ce point dans la passe et ce dont témoignent les AE c’est bien en effet de ce Un de jouissance qui est cette fixation que Freud a repéré sans jamais vraiment l’aborder. On retrouve en effet ce terme en quelques endroits dans son œuvre, mais il faut bien remarquer qu’il ne lui a pas donné une grande portée.

 

C’est Jacques-Alain Miller qui rapproche cette fixation du Un de jouissance dans le dernier Lacan, quand la jouissance n’est plus prise dans la dialectique du désir mais qu’elle devient pur choc contingent. Vous trouverez ce développement dans les cours 4 et 9 de L’Être et l’Un. (9) “Ce que Freud a repéré est ce que nous formulons comme la conjonction du Un et de la jouissance, une conjonction qui fait que la libido ne se laisse pas aller à l’avatar, à la métamorphose, au déplacement. Ce que veut dire point de fixation, c’est qu’il y a un Un de jouissance qui revient toujours à la même place, et c’est à ce titre que nous le qualifions de réel.” (10)

 

 

La répétition

 

La répétition est par contre un concept qui reçoit une place importante chez Freud. Un de ses textes y est consacré, Remémoration, Répétition, Perlaboration. (11) Dans ce texte la répétition est liée au transfert et vient faire résistance dans la cure, voire aggrave les symptômes. Les motions pulsionnelles restent sous-jacentes. C’est cela que Lacan inverse quand dans “Les Quatre Concepts fondamentaux de la psychanalyse” il sépare répétition et transfert pour coupler plutôt la répétition avec la pulsion.

 

Et dans “Au-delà du principe de plaisir” c’est la compulsion de répétition qui, de l’aveu de Freud, nous met sur la trace de la pulsion de mort à partir de la répétition de l’élément traumatique (12).

 

Toutefois, chez Freud, comme chez Lacan avant le Séminaire XI, la répétition est essentiellement symbolique. L’exemple majeur chez Lacan en est son Séminaire sur la “Lettre volée”, où c’est une syntaxe qui introduit la répétition signifiante avec son caractère automatique. “Cet automatisme est à proprement parler la valeur de la mémoire freudienne, (…) chargée de toute l'histoire du sujet. (…) On peut dire qu'aux origines de son enseignement, Lacan fait de l’inconscient seulement une phrase répétitive qui obéit aux lois de la détermination symbolique.” (13) Et on peut ajouter que ce réseau des alpha, bêta, gamma, met en évidence la répétition comme l’élaboration d’un savoir, S2. (14)

 

“Il y a quelque chose d’honnête dans la répétition, de bien connu.” (15) Il n’y a pas vraiment de surprise. Par contre, dans le Séminaire XI, Lacan amène une nouvelle sorte de répétition. Avec le couple aristotélicien de tuché et automaton, il introduit en effet un nouveau type de répétition. L'automaton est la répétition signifiante qui obéit à l'ordre symbolique, alors que la tuché est l'irruption d'un réel, une rencontre fortuite, qui n'obéit pas à l'ordre symbolique. C’est la rencontre manquée, celle qui ne s’inscrit pas dans la répétition signifiante. C’est ce qui donne sa place à l’objet petit a et ouvre ainsi un nouveau sens au réel : l’irruption de bouts de réel, comme bouts de jouissance. 

 

La tuché est une “rencontre avec le réel" (16) qui se “dérobe”, qui “est au-delà de l'automaton", c'est l'irruption d'une première rencontre "derrière le fantasme". C'est donc la répétition d'un traumatisme. C'est le réel qui est le principe de cette répétition qui se produit comme par hasard (17). “C’est déjà ici, dans ce ‘comme au hasard’ l’annonce de ce que dans le tout dernier enseignement de Lacan il fera valoir comme ‘le réel est sans loi’." C'est "le réel comme inassimilable” (18).

 

 

Le Sinthome

 

Lacan va par la suite lier toujours davantage la répétition et la pulsion, au point que dans le Séminaire XVII, L’Envers, “II dit que la répétition n'est pensable, n'a de valeur, qu’à partir de la jouissance” (19) Et Miller précise : “Ce que Lacan appelle savoir dans ce Séminaire XVII, c'est la transcription de la fable freudienne de la répétition. (…) c’est la répétition en tant qu’elle a rapport avec la jouissance.”(20) La répétition est ainsi liée au plus-de-jouir qui échappe à l’opération du signifiant.

 

Mais la répétition va trouver dans le dernier Lacan une autre formule encore, plus radicale, puisqu’elle devient le sinthome lui-même. Il y a le Un du signifiant tout seul, hors symbolique, qui frappe le corps et y laisse une marque de jouissance. Le sinthome sera la répétition, une itération, de cette marque de jouissance. C’est là que nous retrouvons la fixation freudienne. On peut dire que le sinthome c’est la répétition d’une fixation, c’est même la répétition + la fixation.

 

C’est le sinthome, écrit avec t-h, qui est la dernière forme de la répétition et qu’il s’agit maintenant de pouvoir lire. Il ne s’agit plus d’y découvrir l’avènement d’une signification, mais de lire la lettre de l’évènement de jouissance qui se répète dans l’évènement de corps.

 

De cette itération, comme répétition d’un genre nouveau, qui ne se prête pas à l’interprétation mais est articulée à la jouissance, Jacques-Alain Miller nous a donné un exemple paradigmatique. Je le cite, dans son texte Lire un symptôme : “C’est ce qui se dénude dans l’addiction, dans le « un verre de plus » (…) L’addiction c’est la racine du symptôme qui est fait de la réitération inextinguible du même Un. C’est le même, c’est-à-dire précisément ça ne s’additionne pas. On n’a jamais le « j’ai bu trois verres donc c’est assez », on boit toujours le même verre une fois de plus. C’est ça la racine même du symptôme. C’est en ce sens que Lacan a pu dire qu’un symptôme c’est un et cætera. C’est-à-dire le retour du même événement.” (21)

 

 

Vous voyez que le thème de notre prochain congrès est aussi, en un sens, dans la suite logique de celui-ci.



____________________________________

[1] Jacques-Alain Miller, L’être et l’Un, cours 4 du 9.2.2011.

[2] Jacques-Alain MillerLe Partenaire symptôme, cours du 3 et du 10.12.1997.

[3] Sigmund Freud, Trois essais sur la théorie sexuelle, p 194-195, éd nrf-Gallimard, 1987. Adhérence en français et ‘pertinacity’ en anglais, sont la traduction du mot allemandHaftbarkeit, G.WV, p. 144.

[4] Ibid, p. 196.

[5] Ibidp. 185.

[6] Sigmund FreudSur la psychanalyse, p 41-43, éd nrf-Gallimard, 1991.

[7] Sigmund FreudIntroduction à la psychanalyse, p 255 et svtes, éd pbp, 1978.

[8] Sigmund Freud, L’analyse avec fin et l’analyse sans finRésultats, idées, problèmes II, p. 244, PUF 1985

[9] Jacques-Alain MillerL’Être et l’Un, cours 4 du 9.2.2011 et 9 du 30.3.2011.

[10] Jacques-Alain Miller, L’Être et l’Un, cours 9 du 30.3.2011.

[11] Sigmund FreudRemémoration, Répétition, Perlaboration, (texte de 1914) in La Technique Psychanalytique, p. 105 et svt, PUF 1977.

[12] Sigmund FreudEssais de psychanalyse, p. 104, pbp 1981.

[13] Jacques-Alain Miller, Transfert, répétition et réel sexuel, Quarto 121 (2019), p. 14 (cours 15.3.1995).

[14] cf Jacques-Alain Miller, cours Le Partenaire Symptôme, cours du 6.5.98.

[15] Jacques-Alain MillerLa fuite du sens, cours du 20.3.1996

[16] Jacques Lacan, Sem XI, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse (Texte établi par Jacques-Alain Miller), 1973, Paris : Seuil, p 53.

[17] Ibid, p. 54.

[18] Jacques-Alain Miller, L’être et l’Uncours 3 du 2.2.2011.

[19] Jacques-Alain Miller, Transfert, répétition et réel sexuel, Quarto 121 (2019), p. 17 (cours 15.3.1995).

[20] Ibid.

[21] Jacques-Alain MillerLire un symptôme. https://www.wapol.org/es/articulos/TemplateImpresion.asp?intPublicacion=13&intEdicion=2&intIdiomaPublicacion=1&intArticulo=2305&intIdiomaArticulo=5



__________________________________________________________

New Lacanian School

Désinscription – Unsubscribe
Le site de la NLS website
Inscription – Sign up for the Newsletter
image.png



Initiative Vienna


 New Lacanian Field Austria

28-29 mai : Zoom

Séminaire clinique et théorique : 

L'éthique de la psychanalyse, II 

avec Miquel Bassols et Avi Rybnicki

Langues : allemand, français

 Inscriptions : www.lacanfeld-initiative-vienna.org

image.png
__________________________________________________________

New Lacanian School

Désinscription – Unsubscribe
Le site de la NLS website
Inscription – Sign up for the Newsletter

image.png

 
 

 
Sexualidad        Amor         Tiempo       Nombre-del-padre ?        Disrupción        Ciencia
 
 
 
 
 
Édito – Hors sexe ? Pas sans désir
Par Cecilia Naranjo

 
Cette seizième édition d’OMBILIC propose, à partir de la procréation hors-sexe rendue aujourd’hui possible par les progrès de la science, une déclinaison d’éclairages quant à la mise en jeu du désir d’enfant.

C’est dans une toile de Sandro Botticelli, dépeignant le mystère connu sous le nom de Colloque angélique, que Vicente Palomera déplie le trouble de Marie, confrontée à l’épreuve de son désir. Ce trouble, ou Conturbatio, première condition avancée par les prédicateurs au mystère de l’Annonciation, n’est pas sans faire écho à l’émoi évoqué par Lacan dans le Séminaire X lorsque la décision critique de consentir à son propre désir surgit

Après la peinture, c’est au cinéma que nous invite Valérie Bussières, avec Le Déjeuner sur l’herbe de Jean Renoir…

 
 
 
 
 
 
 

 
 

Enunciar el deseo de hijo
Por Vicente Palomera
 
¿Cómo, cuándo, de qué modo anunciar un embarazo? Anunciarlo supone una enunciación que pone a prueba el deseo de ser madre, lo que implica atravesar la inquietante confrontación de la madre con su deseo…

 
 
 
 
 
 
 

 
 

Ezer kenegdo – Helpmeet against him
By Susana Huler
 
In our time, as we repeatedly see, procreation is conceived as separated or not necessarily connected with a sexual act. We also see an increasing practice of sexual encounters meant to be contingent…

 
 
 
 
 

 
 

Vérités indomptables
Par Valérie Bussières
 
Telle l’Immaculée Conception, Nénette veut un enfant sans homme et sans rapport sexuel. Ce n’est pas la sexualité sans la procréation, mais la procréation hors sexe. C’est l’enfant « pris […] comme Un-tout-seul…

 
 
 
 
 
 
 

 
 
 

D’elle, j’aurai moi aussi des fils
Par Cinzia D’angelis
 
Dans le régime de Gilead dépeint par Margaret Atwood dans son roman La servante écarlate, certaines femmes sont devenues des Servantes forcées à produire des nouveau-nés destinés aux futures mères que sont les Épouses…

 
 
 
 
 
 
YouTube Channel – Adam Lewack
L'abolition de l'incertitude de la paternité

 
 
 
 
Bibliography
“Psychoanalysis has known how to be a refuge against the discourse of science, and against the discourse of science in so far as it gains the different human activities, that is to say, in particular, that it has won against medicine, and that psychoanalysis has taken charge of the residue, the unscientific residue of medicine, which cannot be scientificized, that is to say what, as Lacan says in Television, what of medicine operated by words, what in medicine operated by transference. Psychoanalysis has taken charge of this residue, it is that residue.”

Miller, J.-A., “L’orientation lacanienne. Un effort de poésie”, Leçon du 13 novembre 2002, 2002-2003, enseignement prononcé dans le cadre du département de psychanalyse de l’université de Paris VIII, inédit.

 
 
 
Journal de la création
Nancy Huston
 
Cet essai autobiographique porte sur les rapports entre la procréation et la création. Nancy Huston y fait le double récit de sa propre expérience à cet égard et de celles d’autres femmes, à partir d’études biographiques extrêmement documentées de la vie de couples d’artistes (écrivains, peintres, philosophes) célèbres. La chronique de sa grossesse, rythmée par ses événements organiques et psychiques…

 
 
 
 
 
 
 

 
 

L'artiste du jour
Dominique Sonnet
 
Avec l’artiste belge Dominique Sonnet, nous entrons dans le monde sensible dont le mystère reste entier. Ses photos et ses peintures convoquent le…

 
 
 
 

__________________________________________________________

New Lacanian School

Désinscription – Unsubscribe
Le site de la NLS website
Inscription – Sign up for the Newsletter


 
 

image.png


Initiative Russie 

 Dimanche 30 mai : Saint – Pétersbourg 

Journée d'étude 

  L'interprétation lacanienne

 avec Ruzanna Hakobyan

L'heure : 15h ( Saint-Pétersbourg)

En russe  – via Zoom  

Inscription: 4173013@gmail.com

image.png

__________________________________________________________

New Lacanian School

Désinscription – Unsubscribe
nls-messager-unsubscribe@amp-nls.org
Le site de la NLS website
https://www.amp-nls.org
Inscription – Sign up for the Newsletter